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Des cartes de températures pour un pilotage plus fin de la conduite de la vigne

Un projet pilote européen mené dans le Libournais a permis de cartographier la variabilité des températures sur près de 20 000 ha. L’objectif est de modéliser le développement futur de la vigne face au changement climatique afin d’adapter au mieux les pratiques localement.

Des capteurs installés dans les parcelles de 80 viticulteurs du Libournais ont permis d'établir des cartes de températures ayant pour objectif de gagner en précision dans la conduite du vignoble, en prenant en compte les évolutions probables du climat.
© Bordeaux Sciences Agro

Depuis 2012, 90 capteurs de températures installés sur les parcelles de 80 viticulteurs de Saint-Émilion et de sa région ont enregistré quotidiennement les températures minimales et maximales. Intégrées dans des modèles, ces données permettent d’estimer la réponse phénologique de la vigne pour la floraison, la véraison et la maturation. « Ce projet a aussi permis de produire des cartes d’évolution probable des températures et des stades phénologiques dans trente ans et soixante ans », explique Laure de Rességuier, ingénieure Bordeaux Sciences Agro, chargée de l’étude. Tous les résultats cartographiques et l’historique du projet sont accessibles sur le site adviclim.eu/storymap.

Gagner en précision dans la conduite du vignoble

Un capteur était installé chez Thomas Thiou, au Château La Couronne, à Montagne, en Gironde. Le viticulteur estime que ces cartes vont d’abord lui permettre de compléter la connaissance de son terroir qu’il appréhende déjà grâce aux cartes de sol et de sous-sol. Mais ces nouvelles cartes vont aussi devenir un outil de travail pour affiner ses choix pour l’avenir de son vignoble. Il estime qu’elles vont l’aider sur ses trois priorités : « Je veux garder le niveau qualitatif de mes vins, voire l’améliorer. Mais aussi sécuriser les rendements. C’est primordial pour la gestion de la propriété. Et enfin, je veux parvenir à résoudre la problématique des degrés parfois un peu élevés des merlots qui constituent actuellement 100 % de l’encépagement. » Sur la parcelle testée, les indices de maturation lui ont permis de comprendre qu’il avait une marge de manœuvre avec l’encépagement actuel. « Je vais tenter de retarder sa maturité sans pour autant le mener en surmaturité. Cela doit me permettre de ne pas abandonner le merlot avec lequel je fais de bons produits, mais pour cela il faut que je le conduise différemment. » Pour les prochaines replantations il va donc monter un peu les densités à l’hectare pour sécuriser les rendements et réduire ensuite la surface foliaire pour baisser le rapport feuille/fruit de façon à retarder la maturité.

Sécuriser les choix d’évolution de l’encépagement

« Je vais donc prendre le risque d’être en sur-rendement tous les ans mais je sais, grâce aux cartes de températures, que je n’aurai pas de problème à faire mûrir mes raisins malgré un léger sur-rendement. Et si j’ai des volumes en plus, je les éliminerai soit en vinification, soit en deuxième partie de saison, en faisant tomber très tardivement des grappes pour permettre la fin de la maturation. J’aurai ainsi des maturations un peu plus longues avec, je l’espère, des degrés plus bas. Et comme cette maturation se fera en situation plus fraîche, ce sera plus intéressant du point de vue aromatique. » Thomas Thiou compte ainsi retarder la maturité d’environ une semaine.

Pour satisfaire l’objectif d’amélioration qualitative de ses vins, il souhaite aussi incorporer du cabernet franc dans son encépagement. Il envisage d’en planter dès l’an prochain sur 0,5 ha et jusqu’à 2 ha à long terme, soit près de 20 % de l’encépagement total. « La carte des températures permet de sécuriser le choix de ce cépage sur une surface un peu plus grande que je le pensais au départ. En effet, face à l’analyse pédologique qui indique une zone très légèrement défavorable au cabernet franc, celle des températures m’informe que je peux le faire mûrir. »

voir plus loin

Un programme européen

Le projet pilote de Saint-Émilion fait partie du programme européen Life-Adviclim. Des expérimentations sont menées dans cinq vignobles choisis pour représenter une diversité climatique : Bordeaux, Val-de-Loire, Cotnari (Roumanie), Rheingau (Allemagne), Sussex (Royaume-Uni). L’objectif est de développer des outils pour permettre une gestion locale des stratégies d’adaptation et d’atténuation : évolution des porte-greffes et cépages, modification des pratiques viticoles… Un réseau de mesures et une plateforme web doivent permettre aux viticulteurs d’évaluer les impacts du changement climatique sur leurs parcelles et de simuler l’impact environnemental de scénarios d’adaptation.

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