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Les ballons Laïco de Selerys prennent leur envol

Pour lutter contre la grêle, l’entreprise Selerys a lancé l’an dernier sa nouvelle solution Laïco en cours de campagne. Les premiers utilisateurs en sont satisfaits, une fois la prise en main réussie.

De nombreux ballons comme celui-ci ont été lâchés cette année, ce qui permet aux vignerons de tirer des premières conclusions quant à leur efficacité.
© Selerys

Au grand dam des viticulteurs, on peut dire que 2018 aura été l’année parfaite pour tester les dispositifs antigrêle. Ce millésime fut notamment un réel baptême du feu pour les ballons Laïco de Selerys. Après avoir été lancée en début de campagne l’an dernier, la solution a eu l’occasion de faire ces preuves cette année. Pour rappel, la méthode de lutte consiste à gonfler à l’hélium des ballons, reliés à des torches chargées de sels hygroscopiques et équipés d’une carte électronique. Cette dernière calcule le moment propice à l’allumage de la torche une fois le ballon arrivé dans la cellule du nuage, libérant ainsi le principe actif. Cette solution est par ailleurs couplée à celle de détection Skydetect, une technologie développée par l’entreprise qui permet d’évaluer la dangerosité des cellules orageuses et ainsi d’anticiper la formation de grêle. Pas moins de 200 personnes ont d’ores et déjà été formées au lancer de ballon.

Les vignobles Neipperg, à Saint-Émilion en Gironde, se sont équipés cette année, afin de protéger leurs cinq propriétés, soit 130 hectares. Les responsables ont opté pour un abonnement au service de détection (1600 euros par an) et l’achat de quatre lanceurs sous forme de valises, à 1200 euros l’unité.

Une utilisation à la portée de n’importe quel employé

Un dispositif qui donne pour l’instant satisfaction à Yannick Darouy, le chef de culture, même s’il avoue que cela représente un stress supplémentaire. « Nous avons formé 27 employés volontaires et mis en place un système d’astreintes, incluant quatre week-ends par personne dans la saison », explique-t-il. Pour lui, l’utilisation est relativement simple, malgré quelques hésitations lors de la toute première utilisation. Et les valises ne nécessitent pas d’entretien particulier, si ce n’est de penser à acheter du gaz. « Le plus complexe c’est de prendre la décision de lancer, estime le chef de culture. Car il faut réussir à trouver le bon moment. » En vallée du Rhône, Roland Grangier, du domaine éponyme à Chavanay dans la Loire, s’est lui aussi lancé dans l’aventure, mais sous une formule différente. « Nous avons monté une association avec d’autres producteurs, et avons acheté le matériel que nous avons mis en commun. » Un investissement total de presque 200 000 euros, porté par une structure associative de 260 personnes (dont la moitié de viticulteurs) et protégeant 900 hectares de vignes sur les appellations condrieu, côte-rôtie et une partie de saint-joseph. Le vigneron, qui cotise à hauteur de 40 à 100 euros par hectare et par an selon l’appellation de la parcelle, qualifie le système Laïco de pratique, et bien moins dangereux que les fusées. « On surveille la cartographie avec l’évolution de l’orage sur notre smartphone, que l’on couple à notre vécu, explique-t-il. Et on envoie lorsque l’orage est à deux voire quatre kilomètres, devant le front, pour profiter des vents ascendants. » Que ce soit dans le Bordelais ou en vallée du Rhône, les utilisateurs ont été très sollicités cette année, les alertes pouvant être données jusqu’à six fois par semaine ! Depuis son poste, Roland Grangier a envoyé cinq ballons, quand les vignobles Neipperg en sont à une quarantaine au total (à 350 euros l’unité).

Pas de grêle dans les zones protégées par les ballons

Et des deux côtés, les vignerons ont le pressentiment d’avoir échappé au pire grâce à cette nouvelle solution. « Il y a eu de la grêle en Isère mais pas de notre côté du Rhône, mis à part quelques grêlons en bordure de zone protégée », témoigne Roland Grangier, qui a également noté que les orages ont baissé en intensité sur le radar après les lâchés de ballon. « Le 27 mai nous avons eu un orage menaçant, un front épais blanc qui arrivait droit sur nous. Par expérience, j’étais convaincu que nous allions être touchés, se remémore-t-il. Nous avons été six à réaliser des lâchers sur un maillage de 1,5 à 2 km entre postes, et n’avons rien eu. Tous les six étions unanimes à penser que c’était grâce à notre intervention, même si l’on ne peut rien prouver à 100 %. » À Saint-Émilion, Yannick Darouy porte un discours similaire. Lors du fameux épisode de grêle bordelais du 26 mai, une cellule orageuse était en approche, mais aucun dégât à signaler à la suite des lâchers. « Nous ne saurons jamais si la grêle serait tombée si nous n’étions pas intervenus, dit-il, mais on a tout de même le sentiment d’être mieux armés. » Pour lui, même si cela représente un coût non négligeable, cela en vaut la peine s’il voit à terme qu’il n’est jamais touché. « Nous allons poursuivre la protection, commente-t-il. Si un jour nous prenons un amas de grêlons après avoir lancé les ballons, nous nous poserons la question. » Seule ombre au tableau pour les deux vignerons, les alertes du radar qui peuvent rapidement devenir intempestives, surtout lors d’une campagne comme 2018. « Nous avons travaillé toute la saison au côté des utilisateurs pour régler la sensibilité et valider la pertinence des alertes », rassure Lucile Lallié, responsable commerciale chez Selerys. Une saison qui a donc permis d’ajuster les paramétrages, mais aussi d’améliorer la solution Skydetect, et de récupérer les suggestions pour rendre le système toujours plus lisible et simple d’utilisation.

repères

À l’heure actuelle, le réseau Selerys compte 25 radars en France, chacun opérant dans un rayon de 30 km. On en trouve notamment en Côte d’Or, en Corse, dans les Bouches-du-Rhône (Sainte-Victoire), dans le nord des Côtes-Du-Rhône, à Cognac, en Savoie et près de Saint-Émilion en Gironde. Ce réseau est en cours de déploiement, et devrait s’élargir dans les années à venir.

Le feu vert de l’Inao pour les filets antigrêle

Courant juillet, l’Inao a officiellement autorisé l’utilisation des filets antigrêle sur les vignes en AOC. Cela fait suite à la demande d’homologation déposée en début d’année par le bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), et à leurs trois années de test sur le terrain (voir Réussir Vigne n°239 avril 2017). Chaque ODG qui le souhaite pourra ainsi faire une demande de modification du cahier des charges. Une homologation qui tombe à point, car de plus en plus de viticulteurs excédés par la grêle commençaient à s’équiper, quitte à tomber dans l’illégalité ou à déclasser des parcelles. C’est le cas de Bruno et Isabelle Perraud à Vauxrenard dans le Rhône, qui ont installé une rangée de filets sur 10 rangs de chardonnay situés dans un couloir, et qu’ils commercialisent en vin de France. « C’est très cher et fastidieux, mais si cela se révèle efficace, nous en ajouterons un peu tous les ans », assurent les vignerons.

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