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Le murmure des végétaux

Les arbres communiqueraient entre eux, disposeraient d’une mémoire et pratiqueraient l’entraide. Voici quelques-uns des enseignements que le forestier Peter Wohlleben distille tout au long de son ouvrage La vie secrète des arbres.

De plus en plus de vignerons sont réticents à l’idée de rogner la vigne, de travailler le sol et de perturber l’équilibre du vignoble. Mais cette conception des choses est-elle aussi ubuesque qu’il n’y paraît ? Peut-être pas.

Le récent livre de Peter Wohlleben, sur La vie secrète des arbres, ouvre en effet des pistes de réflexion intéressantes. Si la vigne n’est pas un arbre mais un arbrisseau, elle appartient elle aussi au monde végétal pour partie décrit par le forestier, ainsi que par de nombreux scientifiques de renom, tel que Wouter Van Hoven, Monica Gagliano, ou encore Stefano Mancuso.

Le premier enseignement de cet ouvrage est que les arbres communiquent entre eux, par le biais de leurs racines et des champignons qui les entourent, mais aussi par voie aérienne. L’auteur en veut pour preuve le comportement de l’acacia. Attaqué et dévoré par des animaux, il libère de l’éthylène dans l’air. Les autres acacias des environs, prévenus du danger, enclenchent alors leurs systèmes de défense (production et envoi de tanins dans leurs feuilles et écorce). Ce qui éloigne les ravageurs.

Et le forestier va même plus loin : selon lui, « les arbres ne sont pas les seuls à communiquer ainsi entre eux ; les buissons, les graminées échangent aussi, et probablement toutes les espèces végétales présentes dans la communauté forestière. » Mais il souligne que dès que l’on arrive en zone agricole « la végétation devient très silencieuse. La main de l’homme a fait perdre aux plantes cultivées beaucoup de leur aptitude à communiquer par voie souterraine ou aérienne. Quasi muettes et sourdes, elles sont une proie facile pour les insectes ». Et d’en conclure que « l’utilisation massive des pesticides par l’agriculture moderne trouve là une de ses explications »…

Les forêts sont des superorganismes comme les fourmilières

De même, le forestier révèle que les arbres vivent en communauté et pratiquent l’entraide. « Des scientifiques ont constaté que la plupart des individus d’une même espèce et d’un même peuplement sont reliés entre eux par un véritable réseau, note-t-il. L’échange de substances nutritives et l’intervention des arbres voisins en cas de besoin seraient la norme. Il apparaît ainsi que les forêts sont des superorganismes, des organisations structurées, comme le sont par exemple les fourmilières. »

Les individus adultes « élèveraient » les jeunes arbres. Ainsi, dans une forêt naturelle, les adultes restreignent les jeunes vis-à-vis de la lumière. « Cette mesure éducative en début de vie conditionne la possibilité d’atteindre un grand âge », explique-t-il. Car de ce fait, les jeunes arbres croissent lentement, ce qui a pour conséquence de créer « des cellules de leur bois très petites et qui renferment peu d’air. Les arbres acquièrent une flexibilité qui leur permet de supporter les vents violents sans se casser. Plus important encore, ils résistent mieux aux champignons, dont la propagation est limitée par la dureté des tissus internes ». Un élément à prendre en compte lors de l’obtention des plants de vigne ?

Privilégier un point de jonction en U et non en V

Par ailleurs, Peter Wohlleben constate que lorsque le tronc de l’arbre se sépare en deux branches (comme c’est le cas lors d’une taille en Guyot double), « si le point de jonction des deux tiges est en forme de U, comme un diapason, le plus souvent, il ne va rien se passer. En revanche, s’il est en forme de V pointu, des déchirures répétées vont se produire au niveau de l’embranchement ». L’arbre fabrique alors de gros bourrelets pour prévenir de nouveaux déchirements ; des renforts rarement efficaces. Du liquide y suinte, l’eau y stagne et entraîne la formation de pourriture ; les bactéries et champignons s’y installent.

De même, Peter Wohlleben souligne qu’en retour d’un apport de sucre et de glucides, les champignons fourniraient aux arbres de nombreuses « prestations », et repousseraient notamment « des tentatives d’intrusions aussi bien des bactéries que des champignons parasites ». Autant de voies à explorer dans la lutte contre les maladies du bois ?

voir plus loin

Le forestier avance également qu’un arbre aurait une mémoire et pourrait apprendre. De même, les informations circuleraient dans l’intérieur de l’arbre et seraient transmises à la fois chimiquement et sous forme d’impulsions électriques. Le lieu de stockage des informations n’est pas encore déterminé. Certains scientifiques pencheraient pour la souche et les racines, des chercheurs allemands ayant trouvé que « les pointes des racines sont équipées de dispositifs similaires à un cerveau ».

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