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Le gaz pour faire face aux besoins de froid croissant

La SCEA Normandin pilote la température de fermentation des moûts à l’aide d’un groupe de froid fonctionnant au gaz, qu’il?? sert également lors de la distillation.

Essor des vins bio, limitation des produits phytosanitaires, impopularité des sulfites, changement climatique se matérialisant par une récolte avancée pendant une période plus chaude… Les raisons pour investir dans du matériel de froid performant sont multiples. Cela se traduit par des besoins énergétiques importants sur une période souvent courte. La solution d’un groupe réfrigérant au gaz (naturel ou GPL) peut se montrer être une alternative au groupe réfrigérant alimenté par le réseau électrique ou par un groupe électrogène. Quelques vignerons dans la région du cognac ont adopté cette solution.

Ces dernières années, les grandes maisons de cognac, à grands coups de primes pour les eaux-de-vie les plus qualitatives, ont fortement encouragé les vignerons à encore mieux contrôler leur vinification, notamment par une meilleure maîtrise de la température des moûts en fermentation ou en entrée de cuve. Or, les volumes à rentrer sont importants et la vinification est très courte. Ceci demande donc une puissance de froid (mais aussi de chaud, pour favoriser le départ de fermentation en cas de récolte fraîche) et donc des besoins énergétiques élevés.

L’approvisionnement électrique peut se montrer coûteux

Il peut alors s’ensuivre deux problèmes. Le premier concerne la tarification. Si le cumul des besoins classiques (pressoir, égrappoir, table de tri, pompes…) et ceux de la chaîne de froid dépassent les 36 kVA (kilo-volt-ampère), il était nécessaire de passer d’un tarif bleu à un tarif jaune (jusqu’à 250 kVA). Ce dernier était coûteux, décomposé en taxes (30 %), en frais d’acheminement (30 %) et en frais de gestion et de consommation (40 %). Depuis le 1er janvier, ce tarif jaune a été remplacé par des contrats d’approvisionnement auprès des différents fournisseurs d’électricité, dont seule la partie consommation et frais de gestion est négociable. "La libéralisation des marchés de l’électricité n’a pas révolutionné la facture des clients, déclare Géraldine Foucher d’EDF. Et encore moins pour les grosses structures. Néanmoins, nous avons des offres plus adaptées aux spécificités de chaque client."

Second problème, le transport de l’électricité depuis le réseau vers l’exploitation. Dans certaines situations, le câble qui alimente l’exploitation, voire le réseau en amont, n’est pas dimensionné pour transporter plus de 36 kVA. Les frais engagés peuvent se montrer très rapidement prohibitifs à mesure que la longueur de câble s’étire.

Ce sont ces derniers frais qui ont fortement incité la SCEA Normandin à investir dans une solution de DRV (débit de réfrigérant variable) au gaz. À la tête d’une exploitation viticole de 33 ha à Lagarde-sur-le-Né en Charente, les deux frères Frédéric et William Normandin se sont dirigés vers cette solution, en référence à (((par connaissance d’))) une autre exploitation fonctionnant avec ce système dans la région. "Vu nos besoins (réception et traitement de la vendange, groupe de froid, mais aussi atelier d’abattage et concasseur à grains pour les volailles), il nous fallait tirer un câble depuis le réseau principal. Pour quelques dizaines de mètres, ERDF nous demandait près de 80 000 euros pour le raccordement au réseau", se souvient William Normandin. Sur l’équipement de froid au complet, la différence entre les deux devis établis par les Ets Lamouroux s’élevait à 20 000 euros au profit de la solution du réseau électrique. "Mais quand on ajoute rien que la location annuelle du compteur électrique (1 700 euros), la solution au gaz devient plus intéressante sur le long terme", affirment les deux vignerons.

Objectif : refroidir 600 hectolitres par jour

Pour répondre au cahier des charges des vignerons (refroidir 600 hl/j à 18 °C), la société Vini Thermo Consulting a dimensionné le groupe gaz. Cette dernière se compose d’un GHP (pompe à chaleur à moteur gaz) Panasonic de 30 chevaux offrant une capacité de froid de 70 kW, refroidissant une cuve tampon, elle-même refroidissant les huit cuves de 300 hl pendant les vendanges, mais également l’eau de lagune servant à la distillation, via un échangeur à plaques. L’appareil est capable de générer du chaud (jusqu’à + 50 °C) comme du froid (jusqu’à - 10 °C). Après une saison de fonctionnement, l’appareil des Normandin a déjà servi dans les deux sens. "Nous avons monté à 18 °C de la vendange rentrée à 4 °C, puis nous l’avons ensemencée et la fermentation a débuté aussitôt", raconte Frédéric Normandin. Après une première saison, les deux frères se sont montrés satisfaits de leur installation : "en sept jours, nous avons refroidi 4 660 hl", explique Frédéric. Et les besoins pourraient s’accroître à l’avenir. Pour la prochaine saison, Rémy Martin souhaiterait tester au sein de la SCEA le maintien à 10 °C du moût après fermentation alcoolique pendant l’hiver, pour éviter la fermentation malolactique et garder l’acidité. Cela n’engendrera pas un gros surcoût étant donné que le groupe tourne déjà pour la distillation.
Si le prix des carburants fossiles est probablement à la hausse à l’avenir, c’est également le cas de l’électricité : dans un récent rapport, la Cour de Comptes estime que les tarifs d’électricité pourraient augmenter de 50 % d’ici 2020.

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