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Épicure : les leçons du couac de 2015

En 2015, certains vignerons du Saint-Émilionnais et du Libournais se sont retrouvés avec de fortes attaques de mildiou. En cause, le modèle Épicure.

Le risque mildiou a été mal évalué par le modèle Épicure de l'IFV en 2015. Les modifications ont été intégrées pour 2016.
© J.-C. Gutner

Thomas Thiou, du château La Couronne, à Montagne Saint-Émilion, fait partie des viticulteurs girondins qui se sont fait surprendre en 2015 par le mildiou. Au final, l’une de ses parcelles, très humide et peu ventilée, a vu son rendement chuter de 30 % à 40 % suite aux attaques conjuguées de mildiou et de black-rot. "Dès la fin avril, on savait que les conditions étaient favorables à l’explosion du mildiou, explique-t-il, mais nous n’étions pas en alerte car les modèles que nous suivons sur l’exploitation disaient que les œufs n’étaient pas mûrs. Autrement dit, il n’y avait pas d’urgence à traiter." À l’IFV, Marc Raynal analyse le couac : "En début de saison, le modèle Épicure n’a en effet pas décrit une contamination parfois localement forte, à très forte, sur l’ensemble du vignoble, alors que sur le terrain une attaque assez générale a été relevée la deuxième semaine de mai."

Les attaques ont en effet été très fortes dans certains secteurs girondins (nord Gironde, Libournais, nord Médoc, Pessac-Léognan). Pour cerner leur localisation et leur ampleur, des réunions ont été organisées et une enquête déclarative a été lancée auprès des viticulteurs d’Aquitaine. 270 ont répondu. Bilan : sur la campagne, même incorrectement estimé, ce risque ne se serait pas traduit pour autant, sauf sur quelques rares exploitations viticoles, par des baisses de rendement très significatives. La climatologie qui a suivi a été favorable à un assainissement.

Mais que s’est-il passé avec le modèle en amont ? En avril 2015, deux phénomènes se sont conjugués. Sur la deuxième décade d’avril, une période climatique très inhabituelle, à la fois chaude et sèche avec des températures atteignant 30 °C, a été interprétée par le modèle comme une "phase de baisse de risque". Elle a été suivie le 18 avril par une pluie importante, qui aurait permis le sursaut de développement du champignon, en réactivant l’inoculum préparé juste avant.

Épicure a été modifié pour intégrer cette nouvelle donne

En outre, l’enquête met en lumière que les viticulteurs ayant traité avant fin avril ont rencontré moins de problèmes. "Des modèles "plus pessimistes", ajoute Marc Raynal, ont donc eu raison en 2015 d’inciter à traiter plus tôt, mais pour autant, cela ne veut pas dire qu’ils sont plus performants, tant ils peuvent induire des traitements parfois inutiles." Cet épisode qui survient dans un contexte assez tendu illustre aussi les limites "économiques" de la prise de risque encourue pour satisfaire l’exigence "sociétale" de la diminution du nombre de traitements. Quoi qu’il en soit, pour 2016, le modèle Epicure a été modifié pour intégrer cette nouvelle donne. "Nous allons devoir regagner la confiance des viticulteurs, poursuit Marc Raynal. Et dans la balance en notre faveur nous espérons qu’il y aura tout de même de leur part la reconnaissance que ce modèle fonctionne plutôt correctement près de neuf années sur dix depuis plus de vingt ans."

Quant à Thomas Thiou, il est désormais beaucoup plus vigilant concernant cette parcelle plus humide et précise qu’il "assume aussi la prise de risque car ma stratégie a toujours été claire. Depuis quatre à cinq ans, je suis les préconisations de plusieurs modèles. Je connais désormais les plus pessimistes et je prends mes décisions différenciées en intégrant ce paramètre."

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