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Entretenir l’activité biologique du sol

Stratégie n° 3. Satisfaire les besoins de la vigne sans avoir recours aux engrais est possible, sur des systèmes de production à faible rendement ou en sol profond.

Un sol vivant qui assure une bonne minéralisation est obligatoire pour troquer les engrais contre les amendements.
© X. Delbecque

Pour assurer la nutrition de la vigne, certains misent sur le bon fonctionnement de leur sol. « De manière globale, les besoins de la vigne sont restreints. Entretenir le statut organique du sol peut suffire », estime Laure Gontier, ingénieur agronome à l’IFV Sud-Ouest. En effet, la matière organique apportée aux parcelles est vouée à une minéralisation plus ou moins rapide, permettant ainsi la restitution des composés nutritifs, et donc la fertilisation de la vigne. Toutefois, miser sur ce seul critère nécessite un pilotage pointu de l’activité biologique du sol. C’est une stratégie que Vincent Goumard, au domaine du Mas Cal Demoura à Jonquières, dans l’Hérault, a mise en place avec succès. « J’ai mené une réflexion globale, et j’ai décidé de reprendre le problème par la base : le sol », explique-t-il. Une fois par an, au début de l’hiver, il épand un amendement organique à base de déchets de poisson, à hauteur d’une tonne par hectare, qui constitue sa base d’entretien de la matière organique. « Je broie également les sarments laissés au sol, puis je laisse pousser un couvert hivernal de flore spontanée, que j’enfouis au printemps », ajoute le vigneron. Puis il poursuit le travail du sol au cours de la saison.

Une fertilité assurée grâce aux micro-organismes

Thibaut Déplanche, ingénieur au laboratoire Celesta-Lab, a analysé les parcelles du Mas Cal Demoura. Pour lui, la technique est payante, bien qu’il soit sur un sol pauvre et peu profond. « La bonne gestion du sol induit une biomasse importante mais aussi une forte minéralisation, ce qui prouve l’activité des organismes. Sa fertilité est donc assurée », constate-t-il. Mais le scientifique prévient, la stratégie fonctionne ici car l’objectif de production est faible, environ 30 hectolitres par hectare. « Sur des sols profonds avec des argiles et de l’humus, elle peut être suffisante pour des objectifs allant jusqu’à 50 hectolitres par hectare. Mais au-delà, la vigne a des besoins instantanés qu’il faudra couvrir avec des engrais », prévient-il.

Pour assurer son approvisionnement en humus, il existe plusieurs possibilités. Elles comprennent les fumiers, les composts et certains produits commerciaux en bouchon. Attention toutefois, car il est primordial de faire coïncider le type et le positionnement de l’apport de matière organique avec les caractéristiques de la parcelle. « Gérer la fertilisation à l’aide de compost seulement induit d’apporter le bon compost au bon moment », illustre Guillaume Morvan, conseiller à la chambre d’agriculture de l’Yonne.

Éviter les composts mûrs, trop stables

En effet, le taux de matière organique n’est pas à lui seul un indicateur de fertilité de la vigne. « Pour illustrer, il reflète la taille du garde-manger, mais ça ne dit pas s’il est plein ou s’il est vide », expose Thibaut Déplanche. Ce taux doit être mis en parallèle avec l’indice de minéralisation du sol et l’état de la matière organique, libre ou liée. En outre, la fertilité dépend beaucoup plus de la biomasse microbienne que du stock de carbone. « Souvent, les vignerons font l’erreur d’apporter du compost pour donner de la vie au sol, mais ils donnent le gîte sans donner le couvert car il est trop mûr, et le carbone est trop stable. Ce qui stimule le plus, c’est la matière organique fraîche », avertit l’ingénieur. Il est donc plus pertinent d’enrichir sa terre avec des fumiers, des composts jeunes (un mois) peu ligneux ou autre amendement commercial au rapport C/N faible. Cette opération doit être réalisée suffisamment tôt dans la saison (entre janvier et mars) afin de laisser le temps aux micro-organismes de minéraliser la matière et que les éléments soient disponibles au moment où la vigne en a besoin. Thibaut Déplanche conseille, pour piloter au mieux les apports, de réaliser une analyse biologique au moins une fois dans la vie de la parcelle.

En résumé

Un entretien de fond à l’aide d’amendements organiques peut suffire pour couvrir la totalité des besoins nutritionnels de la vigne, dans le cas d’un objectif de production de faibles à moyens rendements. Il faut toutefois s’assurer du bon fonctionnement biologique du sol, et piloter les apports en fonction.

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