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En Ardèche, l’histoire du vin a reculé de cinq siècles

On n’a jamais fini de découvrir des choses sur l’histoire du vin. La preuve avec des fouilles archéologiques réalisées à Alba-la-Romaine. Elles ont révélé une pratique de la viticulture datant de l’Âge du Fer.

Les fouilles d'Alba-la-Romaine ont exhumé une trentaine de ceps de vigne carbonisés. Leur analyse a révélé la coexistence de vignes sauvages et domestiquées.   © Inrap
Les fouilles d'Alba-la-Romaine ont exhumé une trentaine de ceps de vigne carbonisés. Leur analyse a révélé la coexistence de vignes sauvages et domestiquées.
© Inrap

Parmi les scientifiques capables de faire parler le sous-sol, il y a les archéologues. Ainsi, sur un terrain destiné à devenir un lotissement, à Alba-la-Romaine, les archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont repéré des indices d’une présence de la viticulture, lors de fouilles menées entre 2013 et 2015. Dans ce coin du sud de l’Ardèche, au lieu-dit La Grande Terre, ils ont exhumé 32 ceps de vigne et deux pépins de raisin carbonisés. Ils ont aussi identifié des pollens de vigne et des traces organiques de vin rouge dans les céramiques indigènes.

Les analyses scientifiques de ces fragiles éléments ont dévoilé une origine datant de la première moitié du Ve siècle avant notre ère. « Cela montre qu’il existait à cette époque une culture de la vigne à l’intérieur des terres, en dehors du littoral et loin des voies de communication », explique Fabien Isnard, archéologue à l’Inrap et responsable scientifique des fouilles. « Parmi les échantillons analysés, les mesures morphométriques sur les bois de vigne ont montré qu’il y avait les deux types de vignes : sauvages et domestiques », précise-t-il.

Un savoir-faire viticole dès l’Âge du Fer

Et voilà comment l’histoire du vin a reculé de plusieurs siècles en Ardèche, dans cette zone toujours viticole, située à 150 km de la Méditerranée. Car on pensait la viticulture concentrée sur le littoral méditerranéen au Ve siècle avant notre ère, jusqu’à ce que l’occupation romaine, au Ier siècle avant notre ère, conduise au développement de la viticulture et de la vente de vin en Gaule.

« Pour le moment, les investigations dans le secteur sont plus ou moins complètes mais il faut préciser que la présence de viticulture à Alba-la-Romaine est contemporaine à plusieurs autres sites d’Ardèche où la présence de vigne domestique a été analysée dans des contextes similaires », précise le scientifique.

Remonter le fil d’une très longue histoire

Comme le laisse deviner son nom, Alba-la-Romaine fut une cité prospère à l’époque Romaine et même l’un des trois principaux pôles gallo-romains en Rhône-Alpes. Mais les fouilles révèlent une forte activité bien antérieure. « Des indices de forge et la probable production de fibules associée à une grande quantité de céramiques d’importation provenant de toute la Méditerranée montrent l’importance de cette occupation précédant le développement de la ville romaine », commente Fabien Isnard. Et le vin fait donc partie de ce riche passé.

Pour l’heure, les découvertes sont stockées au centre archéologique Inrap à Clermont-Ferrand, sous la responsabilité de Manon Cabanis, archéobotaniste. « Depuis 2 à 3 ans, il y a un intérêt certain pour les origines de la culture viticole », se réjouit Fabien Isnard. Une exposition est prévue. « On est loin de l’amphore ou de la mosaïque », prévient l’archéologue. Une chose est sûre, de ces vestiges carbonisés à notre verre de vin d’aujourd’hui, les découvertes d’Alba nous rappellent que la relation de l’homme et de la vigne est décidément une très très longue histoire.

Pour plus d'information, découvrez le site de l'Inrap, ici

Lire aussi : La terre viticole, matériau artistique

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