Embaucher un VIE pour développer ses exportations de vin
Le dispositif de volontariat international en entreprise est un levier pour développer l’export dans un pays en s’appuyant sur une personne qui y demeurera le temps de la mission. Il n’est pas forcément réservé aux grandes entreprises.
Le dispositif de volontariat international en entreprise est un levier pour développer l’export dans un pays en s’appuyant sur une personne qui y demeurera le temps de la mission. Il n’est pas forcément réservé aux grandes entreprises.
Qu’est-ce que le dispositif VIE ?
Le volontariat international en entreprise (VIE) est un programme mis en place pour aider les entreprises françaises à exporter. Il consiste à embaucher un volontaire international en entreprise (VIE) qui contribuera à accroître les exportations dans le pays où il sera localisé. 120 pays sont accessibles. « Le VIE peut être régional pour développer une zone géographique, dans la limite de sept pays en plus de son affectation principale », indique Christophe Monnier, directeur du VIE chez Business France. Lancé en 2000 par le ministère de l’Économie, des Finances et du Commerce extérieur, ce programme est géré par Business France, l’agence publique œuvrant pour le développement international des entreprises françaises.
Comment fonctionne un VIE ?
L’employeur du VIE n’est pas l’entreprise mais Business France. Cette agence gère tout l’aspect administratif (contrat, visa…) et verse la rémunération mensuellement au VIE sur un compte domicilié en France. Ensuite le coût est refacturé à l’entreprise.
L’entreprise signe un contrat avec Business France tandis que le VIE signe, lui, une lettre d’engagement avec l’agence. « C’est l’entreprise qui définit les objectifs de la mission du VIE », expose Christophe Monnier. La personne recrutée doit disposer d’une structure d’accueil sur place, par exemple l’importateur, s’il n’y a pas de filiale. Ce partenaire local est le responsable administratif local du VIE. Les congés sont prévus à hauteur de 2,5 jours par mois de mission.
Combien coûte un VIE ?
La rémunération d’un VIE est fixée par l’État. Ce n’est pas un salaire mais une indemnité forfaitaire d’entretien (IFE). Elle se divise en une part fixe et une indemnité géographique dépendant du coût de la vie du pays de destination. Cette indemnité est ajustée chaque trimestre pour tenir compte des évolutions de taux de change. Point très important, l’indemnité ne fait l’objet d’aucune cotisation ou prélèvement fiscal. L’entreprise ne doit pas verser de commission, salaire ou de prime en plus. S’ajoutent des frais relatifs à la gestion et à la protection sociale du VIE qui est couvert par une assurance privée. Ces frais sont forfaitaires et dépendant du chiffre d’affaires de l’entreprise et du nombre de jeunes VIE en poste dans l’entreprise. À prévoir également, les coûts de transport, la prise en charge des bagages non accompagnés et les frais afférents à ses missions sur place. À titre d’exemple, pour le VIE que Vignobles André Lurton emploient aux États-Unis, les frais professionnels représentent 40 % du coût total.
Si l’entreprise loge le VIE, la part de l’indemnité géographique est diminuée de 20 %. Si le VIE séjourne plus de sept jours en France au cours de sa mission, son indemnité sera réduite à la partie fixe et au minimum de la grille pour la partie variable. Le montant fixe est actuellement de 772,87 euros. Au 1er janvier 2025, l’indemnité totale était par exemple de 2 132,51 euros pour Brasilia au Brésil et de 5 180,65 euros pour la Californie. Le site de Business France propose un simulateur pour évaluer le coût d’un VIE.
Peut-on bénéficier d’aides pour financer le VIE ?
L’exonération des charges sociales est déjà une forme de soutien mais d’autres aides financières peuvent être actionnées au niveau régional. « Certaines régions offrent des aides financières pour l’embauche d’un VIE », avance Christophe Monnier. Les aides disponibles sont répertoriées sur le site de Business France.
Christophe Monnier recommande également de contacter les conseillers internationaux au sein des chambres de commerce ou l’interprofession dont on relève.
Combien de temps peut durer la mission d'un VIE ?
Un VIE est conclu pour au moins 6 mois et au maximum 24 mois. Il peut être reconductible une fois dans cette période de 24 mois. La durée peut toutefois être imposée par la législation en vigueur dans certains pays pour ce type d’emploi. Elle ne peut actuellement excéder 12 mois au Royaume-Uni, et 18 mois aux États-Unis. Une durée qui peut s’avérer juste. « Il faut bien un an pour prendre en main le poste », confie Paul Cambon, VIE pour Vignobles André Lurton aux États-Unis, de mars 2024 à août 2025.
Comment recruter un VIE ?
Le candidat doit avoir entre 18 ans et moins de 28 ans au moment du dépôt de candidature. Cette plage assez large permet de recruter des jeunes qui ont déjà une certaine expérience, que ce soit par des stages ou un premier emploi. « Les volontaires sont de jeunes diplômés très motivés par des expériences à l’international », relève Adrien Audet, export manager Europe & Amériques chez Vignobles André Lurton.
C’est l’entreprise qui recrute mais le candidat doit s’enregistrer auprès de Business France qui dispose d’une « CVthèque » abondante. Avant son départ, il doit valider un parcours digital prévu par l’agence. « Nous pouvons aussi assurer du conseil RH et recrutement », pointe Christophe Monnier. Le service est payant sauf pour ceux qui emploient le dispositif VIE pour la première fois. Le candidat doit passer un examen médical pour vérifier son aptitude. Rien n’empêche de recruter une personne de la famille qui connaît donc bien le domaine et souhaite se frotter à l’export. Il est aussi possible de recruter un ressortissant d’un pays membre de l’Espace économique européen.
Le programme VIE est-il accessible à des petits domaines ?
Christophe Monnier reconnaît qu’actuellement, « il y a peu de VIE pour les PME, même si le dispositif n’est pas calibré pour les grands groupes ». Dans le secteur des vins et spiritueux, 208 VIE sont en poste pour 54 entreprises. Onze d’entre elles sont des gros groupes réalisant plus de 200 millions de chiffre d’affaires et emploient 151 VIE soit les trois quarts du total, note-t-il. « Le VIE est adapté pour des groupements de vignerons, encourage-t-il. Cela permet de mutualiser pour développer la commercialisation d’une gamme large de vins. » Pour Adrien Audet, ce n’est pas tant un problème de taille d’entreprise que de courant d’affaires actuel ou souhaité avec la destination. Il doit être en lien avec l’investissement humain envisagé.
Quelles sont les conditions de réussite de la mission d'un VIE ?
Le VIE s’intègre dans une démarche structurée de développement des exportations. Christophe Monnier conseille de bien travailler la stratégie et le business model au préalable. La sélection du candidat est aussi importante. Enfin, le suivi est crucial. « Il est nécessaire d’accompagner le jeune à distance dans la réalisation de ses objectifs », insiste-t-il. Mais si la mission se passe mal, elle peut être interrompue. Le directeur du VIE ne constate toutefois pas d’échecs. Il indique également que parmi les entreprises ayant eu recours à un VIE, 96 % le recommandent et que 90 % disent que ça leur a permis d’accélérer le développement à l’international.