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DOSSIER
DOSSIER - Face à la baisse de main-d’œuvre, quelle solution l’automatisation peut-elle apporter ?

Equipement ‹ Trouver du personnel devient de plus en plus difficile. La poursuite de la mécanisation, de l’automatisation, voire la robotisation devraient permettre de contourner cette difficulté.

Outre le confort, l’automatisation permettre de travailler de façon plus pointue et performante.
Outre le confort, l’automatisation permettre de travailler de façon plus pointue et performante.
© P. Jacquinot

Pénurie de main-d’œuvre : c’est un leitmotiv récurrent dans toutes les régions viticoles. Trouver du personnel, saisonnier ou non, qualifié ou non, devient de plus en plus difficile, y compris dans les bassins à fort taux de chômage. En perpétuel agrandissement, les exploitations viticoles sont obligées de faire venir de ma main-d’œuvre d’Espagne, du Portugal, du Maghreb, voire d’Europe de l’Est pour réaliser certains travaux manuels comme la vendange, la taille, le tirage des bois, le relevage…
Face à cette pénurie, la mécanisation et l’automatisation apportent une solution au problème. “ Encore faut-il que les vignes soient mécanisables, explique Sébastien Debuisson, en charge du machinisme viticole au CIVC. Cela passe par un changement du mode de conduite. Un cordon double est plus facile à travailler qu’un chablis. Il y a des économies importantes en main-d’œuvre à réaliser en changeant le mode de conduite. Ce qui ne se fera pas du jour au lendemain. ” La mécanisation de la vendange n’est cependant pas encore à l’ordre du jour en Champagne. Pour le reste, les constructeurs d’outils viticoles ne cessent d’innover. En relevage, les solutions techniques se multiplient, même si elles ne sont pas toujours applicables à toutes les régions viticoles. Parallèlement, la conduite du palissage évolue pour favoriser le relevage mécanique. Pour ce qui est du tirage des bois,  Braun, Clemens, Ero, Kirogn et prochainement Provitis propose des solutions diverses et variées, afin de réduire d’un tiers le temps passé à la taille et au tirage des bois.

Perdre moins de temps à atteler et dételer


Autre poste chronophage, l’attelage et le dételage des outils. Si les tracteurs interlignes bénéficient tous de relevages standardisés, il n’en est pas de même sur les tracteurs enjambeurs, dont les dimensions de relevage varient d’une marque à une autre, d’un modèle à un autre. “ Et c’est la même chose pour les flexibles hydrauliques et les autres connectiques : rien ne correspond. Passer 5 à 6 heures pour changer les outils n’est plus envisageable aujourd’hui, explique Sébastien Debuisson. C’est pour cela que nous allons mettre en place, à partir de cet hiver, un groupe de travail composé de vignerons et de maisons de champagne, afin de mettre en place un cahier des charges définissant les dimensions et types de connectiques. Ce groupe sera rejoint par la suite par des constructeurs et concessionnaires. ”
Toujours à propos des connectiques, l’Isobus devrait se démocratiser dans un proche avenir, comme en grandes cultures. Cette technologie vise à standardiser la communication et l’échange d’informations entre le tracteur. Cela se traduit par un terminal unique capable de piloter n’importe quel outil, pourvu qu’il soit Isobus. Cela peut également se traduire par un outil interagissant avec le tracteur, par exemple un pulvérisateur empêchant le tracteur de dépasser une certaine vitesse au-delà de laquelle l’outil n’est plus dans sa plage de régulation. Pionnier, Tecnoma a présenté il y a un an son premier tracteur enjambeur du genre, capable de communiquer avec un pulvé ou une rogneuse.
L’automatisation grandissante des tracteurs vise également à soulager le conducteur, qui peut alors envisager de réaliser plusieurs travaux à chaque passage, gagnant ainsi en temps de travail. Le guidage par capteurs optiques ou par GPS RTK va dans ce sens en libérant le chauffeur de la conduite dans le rang. Outre le confort pour le chauffeur, ces technologies engendrent un gain de précision qui autorise de travailler plus près des ceps, notamment en travail du sol. Il est désormais possible de traiter la nuit, lorsque les conditions d’hygrométrie et de vent faible sont réunies.
Toujours en ce qui concerne le GPS, plusieurs constructeurs proposent déjà la coupure automatique rang par rang pilotée par satellites sur les cellules de pulvérisation, occasionnant un gain en phytos, de 5 à 10 % selon la forme de la parcelle (en pointe ou rectangulaire) et le nombre de rangs de la cellule.

GPS et capteurs optiques pour délester la conduite


Mais dans un proche avenir, les capteurs optiques pourront également être exploités pour piloter les buses du pulvérisateur et traiter uniquement lorsqu’il y a du feuillage ou des adventices, générant ainsi une économie en phytosanitaires. Les capteurs optiques de maturité du raisin pourraient prochainement équiper les machines à vendanger : selon que les grappes sont mûres ou pas (dans leur ensemble), la machine à vendanger pourrait décider de façon automatique de récolter ou non, en jouant sur l’activation ou le pincement des secoueurs, une étape de plus vers la viticulture de précision (voir page 24). Et pourquoi ne pas envisager des capteurs optiques qui pilotent les outils de travail du sol interceps, en lieu et place des capteurs tactiles : ces technologies existent déjà en maraîchage.
La rentabilité de ces nouveaux capteurs et automatismes dépendra bien sûr de leur prix, mais aussi de la surface traitée, des produits utilisés, de la quantité employée à l’hectare et du prix des phytos : par ailleurs, la conjoncture politique et économique pourrait bien voir réduite la liste de produits utilisés, occasionnant une élévation des coûts en phytos à l’hectare.
Étape ultime de l’automatisation, la robotisation : le robot de tonte Vitirover fait déjà ses premiers tours en vigne. Purement dédié à la tonte, il pourrait à terme embarquer des capteurs optiques et pourquoi pas diagnostiquer des attaques fongiques de façon beaucoup plus précoce : les traitements phytosanitaires se limiteraient alors à la zone tout juste infectée. Même s’il a déçu lors de ses démonstrations, le robot V.I.N. de la société Wall-YE  a montré par la mobilisation lors de ces événements le fort intérêt des vignerons pour un appareil capable d’épamprer et de tailler. Sur ce dernier point, le robot de taille californien de la société Vision Robotics est toujours en phase de développement. Mais les vitesses d’exécution lors des démonstrations de cet hiver ont rendu encore plus réalistes la commercialisation prochaine.

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