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Des exportations 2016 en demi-teinte

Si le bilan 2016 des exportations de vins et spiritueux est bon, il n’en cache pas moins une forte disparité entre les premiers et les seconds.

Les millésimes 2015 et 2016, « un bel outil de conquête »Pour 2017, les négociants estiment que les perspectives sont bonnes. « Nous allons commercialiser les millésimes 2015 et 2016 qui sont de très bonne qualité, a indiqué Christophe Navarre, lors de la conférence de presse annuelle de la FEVS. C’est un bel outil de conquête pour développer nos exportations. » Néanmoins, comme tous les ans, il a regretté la petite récolte 2016, « la plus faible depuis trente ans ». « Cela pénalise notre capacité à exporter durablement, et ce d’autant plus que nos concurrents, eux, sont capables de fournir les volumes nécessaires, a-t-il soulevé. Il faut qu’un changement s’opère. » De même, il appelle de ses vœux l’arrivée et le maintien d’accords bilatéraux. Car comme le rappelle Jean-Marie Barillère
© C. de Nadaillac

Malgré le Brexit et l’élection de Trump, les exportateurs français sont confiants. 2016 a permis aux vins et spiritueux de franchir un nouveau palier, tant en valeur exportée (+ 1,2 % par rapport à 2105) qu’en excédent commercial (+ 1 %) ; le tout, avec une stabilité volumique. De bons résultats qui permettent à la filière de conserver sa seconde place dans l’excédent commercial de la France, avec un solde positif de 10,5 milliards d’euros. Un résultat non négligeable. Et un argument de poids pour peser dans le débat politique, en cette fin de campagne électorale.

Ces bons scores ont été favorisés par une parité euro/dollar avantageuse, par la reprise du marché chinois et la bonne tenue des ventes aux États-Unis ainsi que par les performances du cognac. Mais la situation est plus contrastée qu’il n’y paraît, avec une chute des exportations de vins en volume (- 1,8 % par rapport à 2015) et en valeur (- 0,8 %). Et toutes les catégories souffrent. Les vins tranquilles participent à 80 % à ce retrait volumique. Ils ont perdu 1,7 % en 2016, et 13,5 % sur quatre ans, et ce, sur l’ensemble des catégories. De leur côté, les effervescents ont cédé 2,7 %. Une chute globale qui « pèse sur la compétitivité des entreprises et les performances du secteur à l’international », pointe la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), et qui provient en grande partie des faibles disponibilités de ces dernières années. Et la situation risque de ne pas s’arranger avec la petite récolte 2016.

En valeur, le recul est plus marqué sur les effervescents qui enregistrent - 2,4 %, contre une stagnation à + 0,3 % pour les vins tranquilles. Cette érosion provient des principaux marchés européens, et notamment du Royaume-Uni, qui enregistre - 9,9 %, à cause de la livre, qui a perdu 12 % en 2016. « À partir du moment où on a un décrochage à deux chiffres, cela a forcément un effet sur les prix, et cela entraîne des tensions avec les grandes chaînes qui ne veulent pas d’une augmentation, analyse Christophe Navarre, président de la FEVS. Tous les pays exportateurs sont touchés. »

Des retraits volumiques en partie dus à des repositionnements plus premium

Dans le détail, ce sont les mousseux non AOC, les AOC d’Alsace, du Languedoc-Roussillon (en rouge et rosé) et du Sud-Ouest, les IGP pays d’oc et du Languedoc-Roussillon, ainsi que les vins sans IG sans cépages (rouge et rosé), qui payent le plus lourd tribut. Les premières ont cédé 12,5 % en volume (- 11,5 % selon le Civa), et 5,3 % en valeur ; les secondes 7 % en volume pour une hausse de 4,4 % de la valeur. Christophe Jammes, responsable économique de l’interprofession languedocienne CIVL, souligne néanmoins que malgré le fléchissement en volume, les exportations du Languedoc ont atteint cette année un record en termes de valeur ; une évolution qui atteste d’un repositionnement plus premium. Du côté alsacien, la chute est corrélée à une succession de petites récoltes et à un manque de disponibilités.

À l’inverse, les rosés de Provence, ont vu leurs expéditions multipliées par 4,5 en 15 ans ; et ont connu une progression de 22 % entre 2015 et 2016. « C’est la plus grosse hausse export française en 2016 », souligne le responsable économique du CIVP (Conseil interprofessionnel des vins de Provence), Michel Couderc. Ces bons résultats du rosé ont permis aux AOC rouge/rosé de Provence d’enregistrer une progression de 23,1 % en volume et de 28,2 % en valeur. Car la valorisation moyenne des rosés a également augmenté, avec à présent 4,40 euros HT départ cave par col en moyenne, contre 1,7 en 2006. Néanmoins, les États-Unis représentent 43 % des ventes des rosés de Provence, qui sont donc fortement liées à la bonne tenue de ce marché.

Autre bon résultat à noter : celui des vins ligériens, avec + 4 % en volume et + 7 % en valeur. Ils sont tirés par « les fines bulles de Loire, l’essor des marchés américain et britannique », selon Interloire. Les AOC effervescentes ont progressé de 16 % en volume et de 25 % en valeur ; les IGP du val de Loire de 23,2 % en volume et de 23,5 % en valeur. Les AOC du Val de Loire ont aussi globalement bien tiré leur épingle du jeu avec + 2,1 % en volume et + 3,9 % en valeur.

En Bourgogne, « l’année a été satisfaisante (+ 0,8 % en volume et + 4,4 % en valeur), surtout sur sa deuxième partie, rapporte Louis-Fabrice Latour, président de la maison éponyme et de l’interprofession BIVB. Nous avons été capables de passer les hausses de prix, même si certains clients exaspérés commencent à tiquer ». Le négociant est confiant pour l’année à venir même s’il prévient vouloir calmer le jeu au niveau des prix. La confiance est également de mise pour le Beaujolais (- 1,4 % en volume et + 1,7 % en valeur), avec « une kyrielle d’opérateurs souhaitant monter des opérations et des voyages sur cette région », poursuit l’opérateur.

Dans la vallée du Rhône, la situation est mitigée avec un nouveau retrait volumique (- 2 % selon Inter-Rhône, - 3,2 % selon la FEVS) et une stabilité en termes de chiffre d’affaires (+ 0,7 % selon Inter-Rhône et - 0,7 % selon la FEVS). Un reflet des difficultés économiques et de la morosité des marchés européens, et une conséquence des faibles récoltes 2012 et 2013, qui ont entraîné des pertes de référencement. La suite logique aussi de la migration des vins vers des circuits plus valorisants, tels le grand export qui se porte bien, avec une croissance de 3 % des volumes aux États-Unis, de 6 % au Canada ou encore de 16 % en Chine. "Mais ce sont des marchés plus difficile que la Belgique par exemple, et donc la croissance demande du temps", confie le responsable économique d’Inter-Rhône Brice Eymard.

Du côté de Bordeaux, malgré une belle performance en Chine et sur Hong Kong, les expéditions ont légèrement fléchi en 2016 (- 0,3 % en volume et - 2,9 % en valeur). « Ce sont surtout les entrées de gamme qui ont souffert, et c’est une conséquence du millésime 2013 », commente Philippe Castéja, président de la maison de négoce bordelaise Borie-Manoux, qui s’est notamment dit « pas très content des performances en Belgique ». Mais selon lui, le second semestre 2016 a été meilleur, avec l’arrivée à la vente du 2014. Ce qui lui fait présager de meilleurs résultats pour 2017, grâce aux millésimes 2014 et 2015, et à la bonne reprise du marché américain.

Dans la catégorie des spiritueux, le temps est au beau fixe pour le cognac qui a progressé tant en volume (+ 5,5 %) qu’en valeur (+ 6,5 %), pour la seconde année consécutive. Selon le BNIC, la zone Alena (Canada, États-Unis, Mexique), et surtout les États-Unis, a fortement porté cette croissance, avec + 14,2 % en volume, et 14,3 % en valeur. De même, l’Extrême-Orient est reparti à la hausse avec + 1 % en volume et + 3 % en valeur, grâce à la « normalisation du marché chinois », note l’interprofession. L’armagnac est quant à lui à la peine et continue à perdre des parts de marché en volume et en valeur.

Les millésimes 2015 et 2016, « un bel outil de conquête »

Pour 2017, les négociants estiment que les perspectives sont bonnes. « Nous allons commercialiser les millésimes 2015 et 2016 qui sont de très bonne qualité, a indiqué Christophe Navarre, lors de la conférence de presse annuelle de la FEVS. C’est un bel outil de conquête pour développer nos exportations. » Néanmoins, comme tous les ans, il a regretté la petite récolte 2016, « la plus faible depuis trente ans ». « Cela pénalise notre capacité à exporter durablement, et ce d’autant plus que nos concurrents, eux, sont capables de fournir les volumes nécessaires, a-t-il soulevé. Il faut qu’un changement s’opère. » De même, il appelle de ses vœux l’arrivée et le maintien d’accords bilatéraux. Car comme le rappelle Jean-Marie Barillère, président du CNIV, "l’an dernier, la France a perdu sa première place au Japon suite à l’accord entre le Chili et le Japon. Il ne faudrait pas que cela nous arrive aussi en Chine". À bon entendeur…

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