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Stress thermique : « Les ventilateurs n’ont pas suffi à améliorer l’ambiance de notre stabulation dans le Rhône »

Le Gaec des Deux-Communes, dans le Rhône, a fait évoluer son bâtiment pour lutter contre le stress thermique des vaches laitières. Il aura fallu plusieurs étapes et des données factuelles chiffrées pour trouver la bonne ambiance, celle qui va aux animaux et à l’éleveur.

<em class="placeholder">Pascal Gord, éleveur. </em>
Pascal Gord, éleveur. " Recréer de la ventilation naturelle dans le bâtiment grâce à l’ouverture des volets roulants, combiné aux ventilateurs et au système de douchage, a permis d'améliorer le confort des animaux. »
© J. Pertriaux

Entre le 29 avril et le 2 mai 2025, à Pomeys dans le Rhône, le thermomètre a dépassé les 30 °C, mais s’est cantonné à 25 °C dans le bâtiment des vaches laitières du Gaec des Deux-Communes. Et surtout, « le niveau de CO2 est enfin passé dans le vert, à moins de 800 ppm. C’est une bonne nouvelle, se réjouit Pascal Gord, éleveur associé avec son fils, à la lecture des indicateurs fournis par le boîtier Valomilk. Ça veut dire que l’air circule bien ». Le boîtier en question est installé dans la stabulation des vaches laitières depuis juin 2024. Il enregistre en continu, entre autres, la température, l’humidité, le CO2, le taux d’occupation, les décibels ou encore la luminosité.

Fiche élevage

2 associés

110 prim’Holstein

1 million de litres de lait

2 robots de traite

96 ha de SAU

Ouverture au sud

L’éleveur est satisfait, car les résultats n’ont pas toujours été au rendez-vous dans le bâtiment. La stabulation a été construite en 2002, un an après que son frère l'a rejoint sur l’exploitation. À l’époque, c’était une aire paillée de 40 mètres de long, orientée nord sud, dimensionnée pour 45 vaches. « En 2013, nous sommes passés à 60 vaches et l’avons rallongée de dix mètres. En 2018, mon frère est parti. Mon fils est arrivé salarié en 2019, puis associé en 2020. » Les éleveurs réfléchissent alors à agrandir le bâtiment, pour passer en système traite robotisée et logettes. En 2022, la stabulation est de nouveau agrandie.

Longue de 70 mètres, elle compte 98 places de logettes. Pour l’aérer, ils choisissent d’abord de faire deux ouvertures à l’est, un portail coulissant à l’ouest et quatre volets en bois sur rails coulissants au sud. « Nous avons ouvert côté sud car, dans notre tête, c’était une bonne idée pour faire entrer la chaleur. À l’époque, nous n’avions pas encore connu de grosse canicule. » Mais, dès les premiers coups de chaud, Pascal et son fils constatent que les vaches désertent les logettes côté sud. « Le toit n’a pas de casquette, le soleil tapait pile à cet endroit. »

Quatorze ventilateurs à flux horizontal

Les étés 2022 et 2023 sont chauds. « Nous avons vu que les vaches, en état de stress thermique, souffraient. Elles mangeaient moins, buvaient plus, restaient autour de l’abreuvoir et avaient les flancs qui battaient. La production laitière a chuté : les jours où la température dépassait 30 °C, nous perdions deux à trois kilos de lait par vache », rapporte Pascal Gord. Il prend alors la décision de faire installer une ventilation mécanique, plus simple selon lui à mettre en œuvre que des ouvertures de bâtiment.

En avril 2024, quatorze ventilateurs, espacés de quinze mètres maximum, sont placés au-dessus des deux rangées de logettes et de l’aire d’exercice. Une rampe de douchage est ajoutée au-dessus des cornadis. L’investissement se chiffre à 32 000 euros. « Nous avons ressenti une amélioration des animaux. Il y avait moins d’odeur d’ammoniac au niveau des robots, car les ventilateurs chassent l’air vers l’extérieur, ainsi que moins de pertes de lait », juge l’éleveur. Pour autant, les installations ne suffisent pas.

Multiples capteurs pour mieux cerner l’ambiance au sein du bâtiment

<em class="placeholder">long pan de la stabulation ouvert au nord</em>
Les données captées et enregistrées par le boîtier Valomilk ont contribué à une meilleure compréhension des conditions d'ambiance et de leur évolution au sein du bâtiment. © J. Pertriaux
« En fait, dès 2020 et l’extension, le bâtiment manquait de ventilation naturelle et les ventilateurs mécaniques n’ont pas suffi pour que les animaux passent les périodes de stress thermique dans les meilleures conditions », corrobore Alexandre Batia, de Rhône Conseil élevage. Il propose alors de participer à l’expérimentation de Rhône conseil élevage sur Valomilk : grâce à un capteur placé dans la stabulation, il s’agit de surveiller, entre autres, la courbe de THI (équation entre la température et l’humidité), ainsi que le niveau de CO2 et le taux d’occupation. « Cinquante capteurs ont été placés chez des éleveurs pour connaître la dynamique d’ambiance des bâtiments. Il s’agit de créer un véritable contrôle de performance de la situation réelle dans un bâtiment. » L’objectif de l’expérimentation est de construire des courbes de référence, des zones d’alertes et des zones de confort ; d’analyser deux seuils d’alerte de THI à 75 et 80 avec envoi de SMS aux éleveurs ; de créer des repères en "eurolangage" et de mettre en place un plan d’action à court terme.

<em class="placeholder">boîtier Valomilk </em>
Le boitier Valomilk enregistre aussi les décibels. Cela permet de vérifier que les ventilateurs sont bien en rout et d'établir des relations entre intensité de fonctionnement des ventilateurs, niveau de CO2, niveau de THI et niveau d’humidité. © Rhône conseil élevage
Au Gaec des Deux-Communes, le capteur est placé au milieu de la stabulation en juin 2024, branché à prise électrique. Du 27 au 30 juillet 2024, la courbe de CO2 ne descend pas en dessous de 800 ppm. Entre le 24 et le 27 janvier 2025, alors qu’il fait plus froid, les bonnes valeurs de CO2 devraient se trouver autour de 500 ppm, ce qui n’est toujours pas le cas. « Ça n’allait pas, même avec la ventilation. En novembre, nous avons participé à une journée de restitution avec les autres éleveurs du projet. J’ai alors pu comprendre la dynamique d’ambiance et de ventilation, son réchauffement en milieu de matinée et son refroidissement en soirée. J’ai cogité chez moi pour savoir comment améliorer la ventilation naturelle. »

« L’ambiance a changé en bien »

<em class="placeholder">long pan de la stabulation ouvert au nord</em>
Les volets, installés à 2,5 m du sol, s’ouvrent tous ensemble ou individuellement grâce à une télécommande. « Il aurait mieux valu des ouvertures plus basses pour que l’air arrive sur le poitrail des animaux. mais cela n'est pas possible à cause du silo de maïs. Ce n’est pas si grave car l’air frais du nord est repris par les ventilateurs », apprécie l'éleveur. © J. Pertriaux
L’éleveur opte pour dix trappes, sur le long pan côté nord, qui se referment avec des volets roulants. Les travaux sont réalisés par un charpentier, début avril 2025. Montant : 6 800 euros. Quand le printemps arrive, Pascal Gord les ouvre pour gagner en renouvellement d’air.

<em class="placeholder">Alexandre Batia, de Rhône Conseil Élevage</em>
« Grâce aux données du boîtier, combinées aux prévisions météo, nous pourrons prédire l’évolution du THI à J+3 et calculer les pertes potentielles de lait » © J. Pertriaux
« Les mesures de CO2 sont enfin dans les clous. Nous avons une meilleure luminosité, il n’y a plus d’odeur d’ammoniac. J’observe une meilleure dynamique au sein de mon troupeau. L’ambiance du bâtiment a changé en bien. Je constate aussi une légère amélioration sur la qualité des aplombs, mais je reste prudent sur ce constat, car les modifications sont récentes. »

Alexandre Batia, de Rhône Conseil Élevage

« Les pertes de lait sont limitées en fonction de la dynamique d’ambiance du bâtiment »

"Les données du Gaec des Deux-Communes ont été comparées à celles de deux autres stabulations, toutes les trois situées dans un rayon d’un kilomètre. Avec des conditions météo comparables, les résultats en THI et CO2 n’étaient pas les mêmes, en fonction du bâtiment, de ses ouvertures et de sa ventilation. Grâce aux données du boîtier, combinées aux prévisions météo, nous pourrons prédire l’évolution du THI à J + 3 et calculer les pertes potentielles de lait. Nous allons créer des outils d’alerte. Durant l’été 2024, au Gaec des Deux-Communes, les pertes de lait étaient beaucoup plus faibles – de l’ordre de -0,5 litre/VL – que celles du bâtiment voisin – de l’ordre de -3 litres/VL – pourtant situé un peu plus haut dans la commune. Les animaux pouvaient beaucoup mieux récupérer durant la nuit, car le refroidissement du bâtiment se faisait très rapidement, ce qui permet de limiter les pertes de lait les jours suivants. "

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