Qui dit jumeaux ne signifie pas double rentrée d’argent
        
      
      
            À l’occasion d’un suivi repro, une vache nous fait la surprise d’être pleine non pas d’un, mais de deux veaux. Les vaches supportent assez bien le fait d’avoir deux petits mais certaines précautions sont néanmoins bonnes à prendre.
      
 
Attention à la gestion du vêlage
Même si ce n’est absolument pas systématique, le risque d’avortement se montre légèrement supérieur sur des jumeaux, en particulier dans le premier tiers de la gestation. L’un des embryons peut avoir du mal à s’implanter en début de gestation, parfois même avant qu’une échographie soit possible. Puis il peut y avoir une question de manque de place lorsque les deux fœtus se développent dans la même corne de l’utérus.
Si les jumeaux sont souvent plus petits et présentent plus de facilité à sortir, il est aussi possible que les deux veuillent sortir simultanément, avec parfois les pattes de l’un et la tête de l’autre, ce qui nécessite une surveillance plus importante du vêlage. Lorsque les veaux sont particulièrement bien développés dans un utérus devenu très distendu, sur une vache avec une éventuelle fièvre de lait légère, l’effort ne sera pas forcément suffisant pour permettre l’expulsion.
Expulsion des veaux, mais quid de la délivrance
La moitié des vaches vêlant de jumeaux fera une non-délivrance. Il s’agit donc d’y apporter une précaution particulière, notamment en veillant à la préparation minérale, ce qui devrait être le cas pour toutes les vaches ! Lors de fièvre de lait sub-clinique, le calcium va manquer et limiter la contraction de l’utérus. Il ne faut pas apporter trop de calcium pendant le tarissement, mais plutôt du chlorure de magnésium pour abaisser la balance anions-cations alimentaires (baca). Et ne pas hésiter en cas de doute, à faire tester par son vétérinaire la quantité de calcium dans le sang d’une vache un peu faible. Certains produits peuvent également faciliter l’expulsion du placenta notamment des bolus ou des préparations de phytothérapie contenant de la sarriette, de l’armoise, de l’actée… Qui dit non-délivrance, dit souvent métrite. Si elles ne sont pas traitées, ces infections de l’utérus auront un impact sur la fertilité future.
Le post partum à surveiller
Les vaches gestantes de jumeaux ont l’abdomen rempli par un utérus surdimensionné. Cela se fait le plus souvent au détriment du rumen. La capacité d’ingestion est donc moindre et il y a plus de risque de déficit énergétique. Ce dernier peut provoquer une baisse des défenses immunitaires (ce qui peut accentuer une métrite déjà présente) et une acétonémie. Il faut donc veiller à apporter une alimentation suffisamment riche : les fourrages grossiers stimulent certes la rumination, mais vont remplir très rapidement le rumen et apporter peu d’énergie. Cela se poursuit après le vêlage. Ce phénomène de cétose en plus de la présence d’un abdomen avec un grand vide laissé par les veaux, favorise les déplacements de caillette. Là encore, la perte économique peut vite contrebalancer l’intérêt de la naissance de deux veaux.
Le saviez-vous ?
Les moyens de prévention sont extrêmement limités. Les prim’Holstein font légèrement plus souvent des jumeaux que les autres races. On peut prêter également attention à certains taureaux ou aux vaches ayant déjà eu des jumeaux. Certains protocoles hormonaux peuvent favoriser les gestations gémellaires, tout comme l’utilisation d’antibiotique in utero, notamment pour le traitement des métrites. Si une gestation gémellaire est observée, il existe des moyens de l’interrompre : interruption complète de la gestation, ponction d’un des embryons, écrasement d’un des embryons, mais cela peut conduire à un avortement total car les placentas sont parfois liés entre eux…
Mise en garde
Il faut d’ailleurs se poser la question de l’intérêt d’élever les veaux jumeaux : plus petits, ils mettent souvent plus de temps à rattraper les veaux uniques. Leur sexe a aussi une importance : lors de la naissance simultanée d’un mâle et d’une femelle, il faudra écarter la femelle de la reproduction. Le phénomène de free-martinisme, lié au partage d’hormones mâles entre les deux veaux pendant la gestation, provoque un mauvais développement de l’appareil génital femelle et conduit souvent à une infertilité du veau femelle, qui peut être plus ou moins malformé (absence d’utérus, vulve mal positionnée…).
 
        
     
 
 
 
 
 
 
 
 
 
