Prévention des boiteries : limiter le déficit énergétique
Si l’alimentation n’est pas le premier facteur de risque de boiteries, elle peut les favoriser par le biais de troubles métaboliques impactant la qualité des onglons. Un point crucial est d’éviter l’amaigrissement des animaux.
Si l’alimentation n’est pas le premier facteur de risque de boiteries, elle peut les favoriser par le biais de troubles métaboliques impactant la qualité des onglons. Un point crucial est d’éviter l’amaigrissement des animaux.
Si le logement, l’accès au pâturage, le temps passé debout se montrent déterminants dans l’apparition des boiteries, l’alimentation peut également jouer un rôle, même s’il est secondaire. Telle est la conclusion d’une thèse vétérinaire réalisée en 2019 chez Innoval, s’appuyant sur les données de 43 891 vaches de 299 troupeaux ayant eu un parage. « Contrairement à ce qui est trop souvent évoqué sur le terrain, au vu du rapport TB/TP et de la composition des rations, l’étude a montré que l’acidose subclinique n’est pas un facteur de risque de boiteries, conformément aux données bibliographiques récentes, rapporte Yannick Saillard, vétérinaire conseil à Innoval. Elle a confirmé par contre que le déficit énergétique a un impact secondaire sur la prévalence des lésions non infectieuses. »
Les coussinets plantaires, qui servent d’amortisseur pour le pied, étant essentiellement de nature lipidique, l’amaigrissement des vaches entraîne en effet la fonte des coussinets. « En moyenne, un coussinet plantaire mesure 1,2 cm d’épaisseur, note le vétérinaire. S’il se réduit de 3-4 mm, cela représente un quart à un tiers de son épaisseur. »
Regarder dans le rétroviseur trois mois avant
La fonte des coussinets est significative au bout de trois à quatre semaines de déficit énergétique, favorisant l’écrasement du pododerme, ce qui va impacter la synthèse de la corne à l’endroit concerné. « Les lésions sur les pieds ne seront visibles qu’un à trois mois après l’impact sur le pododerme, précise Yannick Saillard. Quand on constate une boiterie, il faut donc regarder ce qui s’est passé un à trois mois avant. »
Différentes lésions non infectieuses peuvent alors apparaître (bleime, ulcère de sole, cerise, décollement de sole, ouverture de la ligne blanche), notamment chez les primipares qui ont des coussinets moins efficaces. Et comme une vache en déficit énergétique se défend moins bien contre les infections, les lésions infectieuses peuvent aussi être favorisées.
Surveiller la quatrième semaine de lactation
L’amaigrissement peut survenir en cas de pénurie de fourrages, maladie, mammite limitant l’ingestion… Et de façon générale, le risque de déficit énergétique est élevé en début de lactation, notamment vers la quatrième semaine. « On peut soupçonner un déficit énergétique accentué sur des vaches anormalement maigres en début de lactation et ayant un TB élevé, supérieur à 46 g/kg en Prim’Holstein, un TP très bas, inférieur à 27 g/kg, et/ou un rapport TB/TP supérieur à 1,4, détaille Yannick Saillard. Pour réduire le risque de boiteries, la note d’état corporel des vaches ne doit pas descendre pas sous 2,5 points. »
Mise en garde
Autre facteur de risque, indirectement lié à l’alimentation : des bouses molles. « Les pieds sont alors plus sales, ce qui augmente le risque d’infections, souligne Yannick Saillard. Il faut rechercher les causes des bouses molles qui peuvent être liées au pâturage, à l’excès de concentré… »