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Prédation : une éclaircie côté loup, un assombrissement côté lynx

Avec un bilan provisoire à la baisse pour 2020, la prédation du loup semble atteindre un plateau. Du côté du lynx, la mise en route du plan national rencontre des écueils imprévus.

D’après un bilan provisoire établi début février, la prédation du loup marquerait un petit recul sur l’année 2020. À l’issue d’une rencontre avec Jean-Paul Celet, le préfet référent national Loup, Claude Font, en charge du dossier à la FNO, a fait part des chiffres provisoires établis par la Dreal Auvergne-Rhône-Alpes. Avec 11 853 victimes recensées du loup, soit 1,7 % de moins qu’en 2019, la pression de la prédation semble marquer le pas, notamment sur certains départements historiquement affichant une très forte prédation. Pour autant, on remarque une progression de 2,7 % du nombre de constats réalisés, soit 3 742 sur l’année écoulée. Le nombre de loups prélevés est de 105 et la quasi-totalité (96 %) des prélèvements a été réalisée durant des tirs de défense.

Des nouveaux départements colonisés par le loup

Si le palier marqué par le nombre de victimes peut être imputable à la bonne mise en place des mesures de protection et d’intervention, la FNO reste très vigilante quant aux nouveaux départements colonisés ou en cours de colonisation par le loup. Les systèmes d’élevage et les problématiques y sont différents que dans l’arc alpin et les moyens de protection actuels ne sont pas forcément adaptés au fonctionnement des élevages. Dans le Doubs par exemple, des éleveurs font paître leurs brebis sur un terrain militaire, dans le cadre d’un partenariat pour l’entretien de la végétation. La pression de la prédation augmente dans cette zone et, pourtant, la pose de clôture ou encore l’utilisation de chiens de protection sont interdites par la convention du terrain militaire. Dans d’autres départements, c’est la proximité avec des circuits touristiques ou des zones urbaines qui pose problème. Comment gérer les chiens de protection avec un passage humain quasi-permanent…

Le plan lynx ne doit pas être un plan de réintroduction

En Bourgogne Franche-Comté, le processus de mise en place du plan national d’actions lynx suscite de vives crispations de la profession qui juge ne pas être écoutée ni prise en compte dans les comités de pilotage. Dans un communiqué, la FNO insiste sur les termes employés par le préfet de Bourgogne Franche-Comté en poste en 2019 : ce plan n’est « ni un plan de gestion, ni un plan de régulation, ni un plan de réintroduction ». Or les éleveurs ont travaillé depuis deux ans en ce sens avec les pouvoirs publics et dénoncent l’arrivée tardive sur le projet de deux protagonistes. Le comité scientifique et le Conseil national pour la protection de la nature (CNPN) qui prônent la réintroduction et le renforcement de la population de lynx. Estimant que ces volontés affichées vont à l’encontre du travail réalisé jusqu’ici, la profession agricole s’est retirée des comités de pilotage du plan national d’action en faveur du lynx et ne validera pas ce dernier s’il est modifié par ces deux nouveaux membres.

Mieux encadrer les tirs d’effarouchement contre les ours

Le 4 février, la sentence du Conseil d’État est tombée tel un couperet. Les magistrats ont frappé d’illégalité l’effarouchement renforcé des ours à l’aide d’arme à feu. Ils soulignent qu’une telle pratique risque de nuire « au maintien des populations concernées dans leur aire de répartition naturelle. » Pour le Conseil d’État, la protection des troupeaux ne constitue pas un motif suffisant pour mettre en péril la survie de l’espèce, dont le nombre d’individus est encore trop faible pour en assurer la viabilité. La profession ne s’est pas démontée pour autant et a donné sa réplique dans un communiqué du 24 février. La FNO utilise en effet l’argument du Conseil d’État que les tirs renforcés ne sont pas suffisamment encadrés et demande de fait au ministère de l’Écologie d’augmenter les effectifs d’agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) afin que ceux-ci procèdent eux-mêmes aux tirs d’effarouchement. Restée sans réponse, la demande n’en est pas moins sérieuse et la situation pourrait évoluer avec la saisie du tribunal administratif de Paris. Les producteurs ariégeois pointent également la faiblesse de l’État pour protéger les troupeaux après les lâchers d’ours dans le Béarn en octobre 2018.

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