Plan de filière
Vers une segmentation de la production
Élaboré par l’interprofession Inaporc dans le cadre des États généraux de l’alimentation, le plan de filière propose une nouvelle segmentation du marché. L’objectif est de différencier jusqu’à 30 % de la production pour mieux la vendre.
Élaboré par l’interprofession Inaporc dans le cadre des États généraux de l’alimentation, le plan de filière propose une nouvelle segmentation du marché. L’objectif est de différencier jusqu’à 30 % de la production pour mieux la vendre.
Véritable feuille de route de la filière porcine française pour les années à venir, le plan de filière demandé par le président de la République à l’issue de la première étape des États généraux de l’alimentation a été rendu public fin décembre par l’interprofession Inaporc. La proposition la plus importante de ce plan concerne une nouvelle segmentation du marché du porc. « L’objectif est de différencier jusqu’à environ 30 % de la production porcine française afin de mieux répondre aux attentes de la société et des consommateurs », explique Didier Delzescaux, le directeur d’Inaporc. Cette différenciation se répartirait en quatre niveaux. En premier lieu, le porc standard porté par le logo « Le porc Français » serait adossé à une démarche de type RSE (responsabilité sociale des entreprises) en développant des thématiques sociétales de type bien-être, environnement, social, en plus des axes de travail concernant l’identification et la traçabilité, la qualité de la viande, le sanitaire et la nutrition-santé. « Les professionnels veulent engager 98 % de la production porcine sur ce socle de base à échéance de cinq ans », affirme-t-on chez Inaporc. Au-delà de ce socle, Inaporc propose une « charte collective nationale » qui définit les critères importants pour répondre aux attentes qualitatives et sociétales des consommateurs. Cette charte prévoirait la création de nouvelles segmentations basées sur le bien-être animal, l’environnement, la qualité différenciée de la viande et d’autres thématiques liées à la conduite d’élevage (alimentation, sanitaire…). « Elle permettrait de donner plus de lisibilité et de cohérence aux allégations des démarches privées qui veulent se différencier sur ces critères », argumente Didier Delzescaux. Cette charte pourrait, selon Inaporc, concerner jusqu’à 15 % de la production porcine nationale.
Le développement des filières sous signes de qualité constitue le troisième niveau de différenciation du marché proposé par l’interprofession, avec des objectifs particulièrement ambitieux : 5 % de porcs issus de l’agriculture biologique et 8 % de porcs label rouge d’ici cinq ans (contre 0,5 % et 3 % actuellement). L’objectif est aussi d’augmenter le nombre d’indications géographiques protégées (IGP), de spécificités traditionnelles garanties (STP) et d’appellations d’origine protégées (AOP). « Nous n’arriverons à développer ces productions qu’en sécurisant les investissements et en compensant les surcoûts de fonctionnement des élevages qui se convertissent par une stratégie de contractualisation. » L’interprofession propose aussi des indicateurs de suivi collectif permettant de suivre les taux de labellisation et l’équilibre des carcasses, des critères essentiels pour une bonne valorisation de ces signes de qualité. Enfin, Inaporc souligne la possibilité de segmentation de la production par le développement des filières régionales, notamment pour les régions à faible densité porcine. Pour cela, elle propose la création de contrats régionaux de développement impliquant les pouvoirs publics régionaux. À l’échelle des régions, l’interprofession souligne également l’intérêt des races locales, "qui peuvent constituer une carte à jouer importante, au même titre que le porc ibérique en Espagne ».
Tenir compte de la qualité de la viande pour adapter l’offre à la demande
La volonté de différencier la production se traduit également par l’adaptation de l’offre aux demandes sur la qualité de la viande. « Une partie de la production pourrait être orientée vers des marchés qui souhaitent des porcs moins conformés, avec une viande de meilleure qualité organoleptique », explique Didier Delzescaux. Avec en parallèle un travail de fond portant sur les choix génétiques, la redéfinition des critères de qualité des carcasses et la création de nouvelles grilles de paiement favorisant ces critères.
Le plan de la filière porcine conforte aussi les principaux axes de travail engagés par la profession. « Nous avons voulu mettre en avant la notion de compétitivité, en soulignant les besoins d’harmonisation pour supprimer les distorsions réglementaires en Europe, et en rappelant les besoins d’investissements à tous les maillons de la filière. » La relance de la consommation constitue un point essentiel pour la pérennité de la filière. Inaporc propose d’encourager l’innovation produit et d’amplifier l’information aux consommateurs, notamment par l’étiquetage de l’origine. Elle demande la mise en place d’un observatoire des volumes consommés en restauration hors foyer (RHF) et la création d’une commission pour prendre en charge les actions à conduire sur ce segment de distribution qui prend de l’ampleur.
Un texte validé par l’ensemble des organisations professionnelles
« Ce plan est issu d’un travail de concertation important entre les différentes organisations de la filière dans un délai très court », insiste Didier Delzescaux. Il a été validé à l’unanimité par l’ensemble des organisations professionnelles membres de l’interprofession nationale, ainsi que par l’organisation représentative des transformateurs, la Fict, « qui devrait réintégrer l’interprofession d’ici peu ». Pour l’interprofession, il s’agit d’un point de départ et non d’un aboutissement. « Les objectifs présentés vont induire des travaux qui commenceront dès le début de l’année 2018 », conclut Didier Delzescaux.
Les sept axes du plan de filière
Renforcer la compétitivité de la filière et enrayer la baisse de la consommation.
Proposer une nouvelle segmentation du marché du porc.
Améliorer l’offre proposée aux consommateurs.
Consolider l’excellence de la filière.
Développer un plan stratégique export.
Mieux positionner la filière au regard du droit de la concurrence.
Assurer une concertation avec les associations de la société civile et les autres filières de l’agroalimentaire.