Valutrac valorise l’azote des urines des porcs en engrais facilement exportable
Le procédé mis au point par Cooperl Arc Atlantique transforme l’azote des urines de porcs en sulfate d’ammonium, un engrais facilement exportable.
Le procédé mis au point par Cooperl Arc Atlantique transforme l’azote des urines de porcs en sulfate d’ammonium, un engrais facilement exportable.
Cooperl ajoute une brique supplémentaire à son panel de procédés permettant de valoriser les déjections animales. La coopérative propose désormais un dispositif, appelé Valutrac, qui transforme la fraction liquide issue du raclage en V en sulfate d’ammonium, un fertilisant concentré en azote rapidement utilisable par les cultures. « En cumulant la valorisation des déjections solides par la méthanisation et ce nouveau procédé, nous pouvons désormais exporter hors plan d’épandage 95 % de l’azote et 98 % du phosphore des déjections de porcs logés dans un bâtiment équipé d’un racleur Trac », explique Bertrand Convers, le responsable du pôle environnement de la coopérative.
L’urine est transformée en sulfate d’ammonium
Le procédé Valutrac se base sur le stripping, un processus physico-chimique d’extraction de l’ammoniac qui peut s’apparenter à une distillation. Il faut pour cela ajouter dans un premier temps de la chaux vive à l’urine pour relever son pH de 8 à 12. Le mélange passe ensuite dans un décanteur permettant d’extraire de la boue chaulée qui sera épandue sur les parcelles. Sa valeur neutralisante est équivalente au tiers de celle de la chaux vive. Le liquide résiduel basique est alors dirigé vers une tour de stripping dans laquelle il est soumis à un flux d’air permettant la volatilisation des molécules d’ammoniac. « Cette volatilisation est permise par l’élévation du pH, précise Bertrand Convers (1). Elle permet d’abaisser la teneur en azote du liquide à moins de 0,5 gramme d’azote par litre ». Inodore et exempt de matières en suspension, il peut être épandu toute l’année sur les terres par un système d’irrigation.
L’air riche en ammoniac extrait de la tour de stripping est envoyé vers une tour de lavage où il est arrosé d’acide sulfurique. La combinaison de l’ammoniac et de cet acide produit du sulfate d’ammonium. Ce produit contient 8 % d’azote ammoniacal, une forme d’engrais facilement assimilable par les plantes. Il est aussi composé de 15 % de soufre, qui possède des vertus antifongiques sur les plantes. « Avec notre filiale Fertival, nous allons créer un circuit de commercialisation pour valoriser le sulfate d’ammonium auprès d’utilisateurs potentiels : serristes, viticulteurs, maraîchers… », précise Bertrand Convers. Ce produit pourrait aussi être utilisé comme ingrédient entrant dans la composition de certains engrais, afin de les enrichir en azote ammoniacal et en souffre.
48 hectares d’épandage pour 340 truies naisseur engraisseur
Une première unité a été présentée le 9 septembre dernier à l’EARL du Grand Bignon chez Jérôme Rondel à Meslin, dans les Côtes-d’Armor, qui avait déjà accueilli en 2011 le prototype du raclage en V Trac mis au point par la Cooperl (voir Réussir Porc septembre 2011 page 44). « Grâce aux Tracs qui équipent le bloc naissage et une partie des engraissements, à la valorisation des déjections solides par le méthaniseur de Lamballe et au procédé Valutrac, je n’aurai besoin que de 48 hectares d’épandage pour mon futur projet de 340 truies et la suite », explique l’éleveur. Sans Trac ni Valutrac, il en aurait fallu 199 hectares. Une surface quasiment impossible à obtenir aussi bien en propre qu’auprès de prêteurs de terre dans cette région où l’élevage hors sol a été le modèle prédominant du développement de l’élevage depuis les années 80. « Avec cette solution complète, Il ne faut compter que 9 hectares d’épandage pour 1 000 places d’engraissement ou équivalent en truies, souligne Bertrand Convers. L’épandage d’azote et de phosphore n’est plus le problème. Le facteur limitant est désormais la potasse, dont l’apport maximum demandé par l’administration est de 500 kg à l’hectare. »