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Une FAF intégrale pour optimiser le coût alimentaire de l’élevage naisseur engraisseur de 600 truies

La SCEA Kerhervé a investi dans un cœur de FAF et augmenté sa capacité de stockage de matières premières, pour alimenter tout l’élevage de 600 truies naisseur engraisseur. Premier bilan six mois après, lors du Rallye FAF d’Evel’up.

Installé à Locunolé dans le Finistère, Guy Kerhervé s’est équipé dès 2004 d’une FAF simplifiée, dont la capacité de stockage a augmenté au fil du temps, suivant chaque phase d’agrandissement de son élevage. Le dernier, réalisé en 2016, s’est accompagné de l’achat d’un troisième silo tour. « Avec un cheptel de 600 truies naisseur engraisseur, la taille de l’élevage devenait suffisante pour rentabiliser l’investissement dans une FAF complète. Un projet auquel je réfléchissais depuis longtemps mais qui n’était jusqu’à présent par intéressant économiquement », a-t-il expliqué auprès d’une trentaine d’éleveurs, participant au Rallye FAF organisé par Evel’up. « J’avais constaté un différentiel de prix d’aliment entre les éleveurs qui fabriquent et ceux qui utilisent des complémentaires. » Ce qu’a confirmé l’étude prévisionnelle de son projet de FAF complète, réalisée par son groupement. « Au moment d’investir et dans le contexte de prix des matières des premières de fin 2018, l’écart de coût matière était de 19 euros en faveur de la fabrique intégrale, soit un différentiel de 10 euros sur le coût de l’aliment en tenant compte de l’augmentation du coût de fabrication de 13,4 euros à 21,7 euros », a calculé Solène Launay, conseillère nutrition matières premières Evel’up. Cela correspond à un gain potentiel annuel de 66 000 euros pour produire les 6 300 tonnes d’aliment nécessaires à l’élevage. Auparavant, la FAF simplifiée servait à alimenter les truies et les porcs charcutiers (maïs, blé, orge avec un complémentaire de 25 à 30 %). Mise en service en juin 2019, la FAF complète produit désormais la totalité des aliments, y compris l’aliment 1er âge (avec un noyau 40 % et à l’exception du préstarter).

Une grande capacité de stockage

La FAF mécanique permettra de fabriquer 25 tonnes d’aliments par jour, l’objectif étant d’avoir une autonomie de 7 jours pour l’aliment des truies, de cinq jours pour l’aliment 2e âge et de deux-trois jours pour l’engraissement. La capacité de stockage des matières premières a été calculée de manière à couvrir l’ensemble des besoins en céréales de l’année. « Disposant de 70 hectares de terre, j’achète 8 0 % des céréales auprès de sept-huit apporteurs locaux. Je ne prends pas de blé à moins de 15,5 % d’humidité, ce qui fait que je n’ai pas besoin de séchoir », explique l’éleveur. Le maïs est stocké dans les trois silos tour (3 900 m3) existants. Ont été ajoutées deux cellules extérieures de 550 tonnes pour stocker l’orge et trois silos pour les tourteaux de colza et de soja (145 m3). Ils complètent les cellules intérieures existantes de 1 025 tonnes de céréales et de 95 tonnes de tourteaux de tournesol. Les COV sont stockés dans six boisseaux en acier, avec un taux d’incorporation dans les formules compris entre 3 et 4 %.

30 euros d’écart avec l’aliment complet

Après six à huit mois de recul, l’éleveur fait un bilan positif de son investissement. « J’ai amélioré mon coût matière sans dégrader les résultats techniques en élevage. L’appréhension concernant le passage d’un aliment granulé à de la farine en post-sevrage a été vite levée. Mais cela demande de bien gérer les nourrisseurs. » En janvier 2020, le coût des aliments fabriqués était en moyenne de 221 euros. Cela représente une trentaine d’euros de moins que le prix de l’aliment du commerce (standard). « Pour l’instant, j’ai sécurisé les formules. Je verrai par la suite s’il est possible de réduire encore un peu le coût matière avec des matières premières alternatives. »

Un coût moyen d’aliment de 221 euros, coût de fabrique compris

Fiche élevage

Naisseur engraisseur 600 truies en production
6 UTH
17 800 charcutiers vendus par an
Conduite en 10 bandes
6 300 tonnes d’aliment par an

Coûts de fabrication selon l’amortissement

 

 
Coûts de fabrication selon l’amortissement*Attention : une partie des investissements de stockage est déjà amortie. © Source : Evel’Up
*Attention : une partie des investissements de stockage est déjà amortie.
Source : Evel’up.

Une FAF mécanique avec des débits de transferts optimisés

Les investissements de la FAF Kerhervé, 517 000 euros au total, ont principalement porté sur l’aménagement d’un cœur de fabrique dans le hangar existant, l’extension du stockage de céréales et l’ajout de silos pour le stockage des tourteaux. Elle a aussi concerné des adaptations des systèmes de transferts pour optimiser les débits ainsi que la gestion des poussières dans le hangar (installations Esvan).

 

 
 © A. Puybasset
1. Le maïs est stocké dans trois silos tour (3 900 m3) et l’orge dans deux cellules extérieures de 550 tonnes. La fosse de réception couverte est dimensionnée pour recevoir jusqu’à 60 tonnes de maïs (4 mètres de profondeur avec un cône métallique suspendu). La vis de reprise et l’élévateur ont été modifiés de façon à augmenter le débit de remontée des matières premières (jusqu’à 50 tonnes/h).

 

 

 
 © A. Puybasset
2. En plus du nettoyeur circulaire existant, un dépoussiéreur en cascade a été ajouté pour le maïs. Toutes les matières premières passant par la fosse sont transportées par soufflerie vers les silos. Un second ventilateur haute pression TRL 500 (Kongskilde) a été ajouté pour augmenter le débit de remplissage autour de 40 tonnes par heure pour le blé et 36 tonnes par heure pour le maïs.

 

 

 
 © A. Puybasset
3. Les matières premières sont acheminées par un tapis roulant sur pesons jusqu’au bloc broyeur-mélangeuse. Toutes les matières sont broyées en même temps par deux broyeurs gravitaires à marteaux de 15 kW (grille 3 mm, 3 t/h). La finesse de la mouture est modifiée en fonction de la vitesse du broyeur, équipé d’un régulateur de fréquence. L’aliment est constitué dans la mélangeuse de 1,5 tonne. Deux trémies ont été prévues en amont pour l’incorporation de petits produits de type acidifiants.

 

 

 
 © A. Puybasset
4. Les six silos pour minéraux sont remplis directement par le camion par transport pneumatique. Pour aspirer les poussières, un cyclofiltre est mis en route lors du chargement des minéraux ainsi que lors du broyage au niveau de la mélangeuse. L’aliment fini et les complémentaires sont transférés par système pneumatique vers les silos de l’élevage.

 

 

 
 © A. Puybasset
5. Le local soupe situé à l’arrière des silos de maïs comprend deux soupières : une cuve neuve de 2 400 litres pour la préparation de la présoupe (avec peson et broyeur gravitaire du maïs) et une cuve de stockage de 7 000 litres. L’avantage de ces deux cuves fonctionnant de manière indépendante est de pouvoir distribuer la soupe et broyer le maïs en même temps. La cuve de présoupe est toujours pleine ou en broyage. Une fois pleine, son contenu est transféré automatiquement vers la seconde soupière.

 

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