Tanzanie : une nouvelle approche comportementale auprès des éleveurs de porcs pour plus de biosécurité
Une étude réalisée en Tanzanie a démontré le potentiel d’une approche innovante pour renforcer la biosécurité dans les petites et moyennes exploitations porcines.
Elle met en avant l’intérêt des approches ascendantes et participatives. L’étude a introduit une liste de contrôle de 26 pratiques de biosécurité, créée conjointement avec les éleveurs locaux pour s’assurer de sa praticité. Des agents de terrain en élevage (ATE) ont été formés pour guider les agriculteurs dans une adoption progressive des mesures, en s’appuyant sur des cadres de science comportementale comme COM-B (Capacité, Opportunité, Motivation – Comportement). Les résultats sont remarquables : le score médian de conformité à la biosécurité a bondi, passant de 21,2 % à 76,9 % après l’intervention. Le temps consacré quotidiennement à la biosécurité par truie a presque doublé (de 7,8 à 18,6 minutes). Les coûts d’utilisation des antimicrobiens ont été réduits de 57 %, et la mortalité en maternité a diminué. Un succès majeur réside dans la transformation positive des relations entre ATE et éleveurs. Les femmes éleveuses ont montré une adoption plus élevée des pratiques. En termes de durabilité, l’étude n’a pas fourni de financement direct aux agriculteurs, misant sur le développement de leurs propres capacités. Le gouvernement local de Sumbawanga s’est engagé à intégrer les audits de biosécurité dans le travail régulier des ATE, allouant même un budget pour les déplacements, signe prometteur de pérennisation.
Camille Gérard, camille.gerard@bretagne.chambagri.fr
Côté biblio
Using a co-created check-list to improve on-farm biosecurity : an observational pilot intervention with pig farmers and livestock field officers in Sumbawanga, Tanzania. Auplish A, Mjuberi K, Magwisha H, Tago D, Buckel A, Ciamarra UP, Mclaws M. and Heilmann M. (2025). Front. Vet. Sci. 12 : 1567072.
La force des dynamiques humaines
Camille Gérard, Chambre d’agriculture de Bretagne
Plusieurs points importants sont à souligner dans cette étude : l’implication active des éleveurs dans la conception des outils, l’utilisation du modèle COM-B qui apporte une grille de lecture pour comprendre et lever les freins à l’adoption de bonnes pratiques et la formation et la valorisation des agents de terrain. En Bretagne, cette approche pourrait venir compléter nos outils classiques (formations, audits). Plusieurs projets en cours ont pour objectif de faire échanger les réseaux d’éleveurs et de conseillers pour monter en compétences sur le sujet. Cette étude rappelle aussi que la biosécurité ne se résume pas qu’à des mesures techniques, mais repose sur des dynamiques humaines, des relations de confiance et des outils adaptés au terrain.