« Nous voulons être autonomes et indépendants pour gérer notre élevage de porcs »
Autonomie en plan d’épandage et en alimentation, maîtrise de la production et de la vente de leurs porcs charcutiers, les trois associés de la SCEA La Blanche ont structuré leur exploitation sur la base d’un modèle économique résilient. Dernier investissement en date, un engraissement de 960 places.












Inauguré le 25 avril dernier avec leurs partenaires, l’engraissement de 960 places et le quai d’embarquement de 192 places construits sur leur site de production principal de La Chesnaie à Rouans (Loire-Atlantique), Guillaume Loirat, Olivier Jaunet et Romain Aumasson illustre parfaitement leur volonté de maîtriser leur production de A à Z.
« L’objectif de ce bâtiment était l’arrêt du façonnage et une meilleure valorisation de nos céréales et des coproduits qui servent à alimenter nos porcs charcutiers », explique Guillaume Loirat. « Nous voulions également un quai d’embarquement dans lequel les animaux peuvent s’alimenter à la soupe afin de faciliter l’organisation du travail ». Les éleveurs ont progressivement restructuré l’élevage pour le rendre cohérent et assurer une marche en avant. Sur ce site, se trouve le bloc naissage entièrement rénové de 430 truies, un post-sevrage de 2 600 places et 1 980 places d’engraissement. "Cet engraissement et son quai d’embarquement constituent la dernière étape de cette restructuration qui permet le départ des porcs charcutiers dans des règles de biosécurité optimales ". Deux autres sites situés à quelques kilomètres sont exclusivement dédiés à l’engraissement des porcs charcutiers, pour une capacité totale de 2 800 places. L’ensemble du parc bâtiment permet donc d’engraisser l’intégralité des porcelets qui naissent sur l’élevage (4 750 places pour 430 truies). Les éleveurs exploitent également 470 hectares de SAU qui leur assurent l’autonomie alimentaire et un plan d’épandage en cohérence avec leur cheptel.
Production de porcs lourds
L’engraissement neuf est constitué de quatre salles de 240 places chacune. La capacité des salles a été calculée pour une surface de 0,83 m2 par place. " Nos porcs sont envoyés à l’abattoir des Crêts de Bourg en Bresse (Ain) qui nous demande des porcs lourds", justifie Olivier Jaunet. "Ils sont valorisés auprès de clients locaux et en produits secs à forte valeur ajoutée ".
En 2024, le poids moyen des carcasses a atteint 103 kg froid. « Les derniers kilos produits ne coûtent pas cher à produire, grâce à la faf et aux coproduits, et à une génétique à fort potentiel de croissance (Duroc Danbred) qui permet des croissances moyennes de 1 000 grammes par jour sans dégradation de l’indice de consommation en fin d’engraissement ».
Pain et lactosérum
Ce coût alimentaire réduit est obtenu grâce à l’utilisation de coproduits qui entrent dans la composition des formules. Guillaume Loirat explique : « Nous collaborons avec deux associations pour récupérer le pain non consommé et les rebuts de fabrication des boulangeries ». Cette matière première est très bien valorisée par les porcs grâce à la cuisson de l’amidon qui améliore sa digestibilité. Elle remplace une part importante des céréales dans les formules. Le pain est cependant pauvre en fibres, ce qui nécessite d’incorporer de l’orge dans rations des porcs charcutiers pour en apporter en quantités suffisantes. Les éleveurs incorporent aussi du lactosérum qui leur permet de répondre au cahier des charges de l’IGP Saucisse de Morteau. Le coût alimentaire est également maîtrisé grâce à un appel d’offres à plusieurs éleveurs de la région portant sur les minéraux. Avec Florence Maupertuis, ingénieure à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, les éleveurs du groupe peuvent choisir entre plusieurs compléments minéraux de base pour répondre à leurs besoins. Ils sont ensuite personnalisés pour tenir compte de la diversité des matières premières disponibles sur l’exploitation en ajustant les apports des acides aminés de synthèse afin d’équilibrer les formules. « Cette formulation à la carte nous permet de répondre précisément aux besoins de nos porcs, même si nous utilisons les coproduits en quantité importante dans les formules, » souligne Olivier Jaunet.
Autonomie énergétique
La charpente du bâtiment d’engraissement a été renforcée afin de pouvoir supporter des panneaux photovoltaïques qui seront fixés directement sur les plaques en fibrociment. « L’électricité sera autoconsommée sur l’élevage. Nous pourrons ajuster la consommation électrique à la production des panneaux, grâce notamment à la fabrique d’aliment et aux broyeurs que nous pouvons actionner à tout moment de la journée », indique Guillaume Loirat. Les panneaux photovoltaïques de dernière génération seront posés sur les deux rampants du bâtiment exposés au sud-ouest et au nord-est. « Leur exploitation est rentable, même en étant exposés à un versant de la toiture peu ensoleillé ».
Un coût de construction élevé
Ces exigences spécifiques, notamment la surface par porc importante, ont une incidence significative sur le coût de la construction qui est de 800 euros la place (hors machine à soupe déjà existante). Le choix de faire des préfosses profondes (1,70 mètre utile pour une capacité de 3 000 m3 de lisier) pour éviter la construction d’une nouvelle fosse extérieure renchérit ce coût. L’inflation post-covid sur la plupart des matériaux aussi. « Notre modèle économique basé sur l’autonomie alimentaire, le lien au sol et le choix d’un partenaire en aval qui apporte de la plus-value à notre production nous permet malgré tout de rentabiliser cet investissement », concluent les éleveurs.