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« Notre maternité collective assure l’avenir de jeunes installés en porc »

Des adhérents du groupement d’éleveurs de porcs vendéen Porcineo ont acheté un site de naissage-engraissement pour le transformer en maternité collective. L’objectif est de produire des porcelets de qualité pour les éleveurs qui font le choix d’arrêter les truies.

Chrystèle Amiaud (à gauche), présidente du groupement Porcineo, avec Michel Chiffoleau (responsable technique et aliment), Frédéric Lecherf (chef d’élevage), Antoine ...
Chrystèle Amiaud (à gauche), présidente du groupement Porcineo, avec Michel Chiffoleau (responsable technique et aliment), Frédéric Lecherf (chef d’élevage), Antoine Martin, Marie-Pierre et Bertrand Bouhier, éleveurs actionnaires de la maternité collective. « Notre volonté est de produire des porcelets de qualité et en nombre suffisant pour nos élevages d’engraissement. »
© D. Poilvet

Aux Essarts-en-Bocage en Vendée, l’ancien élevage de porcs de 250 truies naisseurs-engraisseurs du site de Matessart va bientôt faire place à un atelier de naissage de 740 truies, dont l’objectif est de produire 23 000 porcelets de 8 kilos par an. Les deux post-sevreurs-engraisseurs à l’origine du projet seront bientôt rejoints par quatre autres producteurs. Ils voient en la maternité collective un moyen efficace et rationnel de leur fournir des porcelets de qualité.

Lire aussi : Le groupement de producteurs de porcs vendéen Porcineo s’adapte au contexte difficile de la filière porcine

« Le groupement Porcinéo est constitué d’un noyau important d’éleveurs naisseurs-engraisseurs qui vont bientôt partir à la retraite, expliquait Chrystèle Amiaud, sa présidente, à l’occasion de l’inauguration de la SAS Matessart le 22 mai. Nos exploitations sont la plupart du temps en polyculture élevage. Les jeunes qui prennent la suite sont tentés d’arrêter les truies pour ne conserver que l’engraissement, en accompagnement d’une production bovine et des cultures. Avec la maternité collective, ils ont l’assurance d’avoir des porcelets sains et en nombre suffisant. »

Par ailleurs, à la SAS Matessart, les porcelets seront produits sous cahier des charges Label rouge, en tenant compte notamment des évolutions réglementaires probables concernant la surface de lumière naturelle par rapport au sol (3 % au minimum) et la durée de contention pour les truies (45 j au maximum par cycle de reproduction). « 84 % de nos porcs sont produits sous signes de qualité, dont 29 % en Label rouge Opale ou Porc fermier. Ces éleveurs sont souvent des engraisseurs, notamment pour ceux qui élèvent des porcs en plein air. Ils ont besoin de porcelets issus de naissages aux normes du Label rouge. »

Des coûts de rénovation maîtrisés

Pour produire ces porcelets, le choix d’une rénovation d’un site existant a été préféré à la construction d’un bloc naissage neuf, essentiellement dans un objectif de limitation des coûts. « L’ensemble a coûté 1,4 million d’euros », indique Michel Chiffoleau, responsable technique et aliment au groupement. Soit 1 900 euros par truie, un montant nettement moins élevé que le neuf (de 3 500 à 4 500 € la place selon les références Ifip).

Le rachat du site a coûté 280 000 euros. Les murs en béton isolé et les toitures des bâtiments étaient en bon état. Mais tous les aménagements intérieurs étaient à refaire. Certaines cloisons de séparation ont dû être abattues pour agrandir les salles. « Nous avons passé six mois à faire ce travail de nettoyage et d’enlèvement des matériaux, de juillet à décembre 2023 », se souvient Bertrand Bouhier, l’un des éleveurs actionnaires. Depuis le début de l’année, les entreprises se succèdent pour redonner une seconde vie à l’élevage. « Nous avons choisi des matériaux simples et une durée d’amortissement de dix ans seulement », précise Michel Chiffoleau.

 

 
Les éleveurs ont fait le choix de cases maternité bloquées, pour disposer de suffisamment de places nécessaires à l’objectif de production de la maternité collective.
Les éleveurs ont fait le choix de cases maternité bloquées, pour disposer de suffisamment de places nécessaires à l’objectif de production de la maternité collective. © D. Poilvet

En maternité, des cases bloquées ont été préférées à la liberté. « Nous étions limités par la taille des bâtiments. Des maternités liberté auraient réduit le nombre de truies par bande et notre potentiel de production », explique le responsable. Elles sont posées sur une armature inox nettement plus facile à installer que des poteaux et poutrelles en béton.

 

 
Les salles ont été entièrement vidées pour être ensuite aménagées avec des équipements performants.
Les salles ont été entièrement vidées pour être ensuite aménagées avec des équipements performants. © D. Poilvet

Dans la partie gestante également, le choix de cases de huit à dix truies avec des bat-flanc légers et une alimentation à la soupe limite également les niveaux d’investissement. « Avec ce type d’équipement, les performances seront au rendez-vous, même si on ne peut pas gérer individuellement l’alimentation de chaque truie ». Et en choisissant un amortissement court, les actionnaires se donnent les moyens d’engager à terme de nouveaux investissements et peut-être de nouveaux bâtiments pour faire évoluer l’élevage.

 

 
Des grandes fenêtres permettent de répondre aux futures normes d’apport de lumière naturelle en Label rouge. Des occultants protègeront les animaux du soleil sur la ...
Des grandes fenêtres permettent de répondre aux futures normes d’apport de lumière naturelle en Label rouge. Des occultants protègeront les animaux du soleil sur la façade sud du bâtiment. © D. Poilvet

Cet élevage sera conduit par trois salariés avec un apport de main-d’œuvre extérieure pour le lavage des salles et les remplacements d’été. Un sas d’entrée équipé de douches et de sanitaires a été installé, de même qu’une salle de repos confortable où les salariés pourront déjeuner. La gérance de l’élevage sera assurée par un éleveur actionnaire, avec l’appui du groupement Porcineo. Le coût de revient du porcelet de 8 kilos a été estimé à 45 euros, avec une productivité de 13,5 porcelets par portée.

 

 
Un sas sanitaire confortable avec des douches a été aménagé à l’entrée du bâtiment.
Un sas sanitaire confortable avec des douches a été aménagé à l’entrée du bâtiment. © D. Poilvet

La coopérative accompagne les actionnaires

 

 
Chrystèle Amiaud, présidente du groupement Porcineo. «L'accompagnement de la coopérative est indispensable pour l'acceptabilité du dossier par les banques.»
Chrystèle Amiaud, présidente du groupement Porcineo. «L'accompagnement de la coopérative est indispensable pour l'acceptabilité du dossier par les banques.» © D. Poilvet

Pour financer l’acquisition et la rénovation de la maternité collective, la coopérative Cavac participe à l’actionnariat de la SAS à hauteur de 15 %. « Cet accompagnement est essentiel pour l’acceptabilité du dossier financier par des banques », justifie Chrystèle Amiaud. Pour la présidente de Porcineo, cette maternité collective est une réponse indispensable à l’évolution des structures d’élevages des adhérents du groupement. « Le mode d’élevage naisseur-engraisseur reste majoritaire, mais la spécialisation vers l’engraissement se développe, explique-t-elle. L’objectif est de saturer cet outil. Mais si d’autres éleveurs sont intéressés par l’acquisition de porcelets de qualité, la mise en place d’une nouvelle maternité collective au sein du groupement pourra être envisagée dans le futur. »

Côté éco :

Montant de l’acquisition et des rénovations : 1 900 €/truie
Prix de revient du porcelet sorti : 45 €
Objectif de production : 23 000 porcelets de 8 kilos par an

Partenaires

Groupement : Porcineo
Aliment : Cavac
Génétique : Danbred
Pour le bâtiment :
SCBM (Maçonnerie)
Ets Guérin (aménagements intérieurs)
Ets Skov (électricité, ventilation)
Negomat/Aco Funki (équipements intérieurs)

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