Organisation de la production
L’UGPVB veut une Pac de projets
L’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne souhaite que les organisations de producteurs de viande puissent porter des programmes opérationnels éligibles à la Pac.
L’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne souhaite que les organisations de producteurs de viande puissent porter des programmes opérationnels éligibles à la Pac.
L’UGPVB représente vingt-sept organisations de production, dont dix spécialisées en porc (5 694 élevages dont 4 754 éleveurs détenteurs de capitaux). Elle tenait son assemblée générale à Lorient, vendredi 6 décembre. En toile de fond, un seul objectif : définir « une Pac de projets et redonner du pouvoir de marché aux éleveurs », a souligné Michel Bloc’h dans son rapport d’orientation.
Le président de l’Union se félicite de voir que « l’organisation de la production est au cœur de la Pac ». Et que les orientations qui se dessinent dans le projet de Pac 2021-2027 semblent vouloir « donner plus de pouvoir de marché aux agriculteurs [pour corriger le] déplacement […] progressif, au cours des dernières décennies, du rapport de force au profit de l’aval, en particulier de la distribution. »
Reste à convaincre l’État français d’inscrire dans son plan stratégique national « Pac » la possibilité pour les organisateurs de producteurs « viande » de porter des programmes opérationnels. L’UGPVB demande aussi à l’État qu’il conserve la gestion du premier pilier de la Pac, en lieu et place régions. L’Union estime que « seul l’État peut éviter l’émergence de distorsions de concurrence sur notre territoire national […] du fait de la multiplication de politiques agricoles régionales », dit Michel Bloc’h.
EGalim, le compte n’y est pas
L’UGPVB continue d’avancer sur le projet d’association d’organisation de producteurs (AOP). Cette année, un comité de pilotage constitué de jeunes administrateurs de groupements a rédigé un avant-projet. Cette AOP a pour objectif de gagner en pouvoir de marché en définissant et en contrôlant les socles de base en matière de standard de qualité, et en adaptant l’offre aux besoins du marché, en quantité et en qualité. Dans ce dossier, Michel Bloc’h demande « au ministre de l’Agriculture de mobiliser ses services pour qu’ils s’engagent à mettre en œuvre de façon pragmatique l’orientation européenne ».
En revanche sur le volet de la loi EGalim, le compte n’y est toujours pas, selon l’UGPVB. « La GMS rebondit sur le plan de filière, s’appuie sur les indicateurs de coût de production et les objectifs de démarches qualité imposées par le ministère de l’Agriculture, avec une approche politique et non marketing […] pour mettre en difficulté la production dans ses relations commerciales. »
De ce point de vue, cette idée que seule la montée en gamme permettrait aux filières animales de retrouver de la compétitivité ne doit pas faire oublier l’essentiel. « Ce serait une erreur magistrale qu’on s’invente de nouvelles charges de structure pour monter en gamme », a souligné Guillaume Roué, président d’Evel’Up et d’Inaporc.
Investir massivement dans les élevages
Le contexte économique est favorable aux investissements pour rattraper le retard pris par la filière depuis vingt ans. Le prix du porc se situait, lundi 9 décembre, à 1,702 euro en prix de base au Marché du porc breton, avec une moyenne mobile de 1,469 euro sur douze mois. « Il faut investir massivement et moderniser les élevages », a martelé Michel Bloc’h. Objectif : améliorer la compétitivité des élevages et pérenniser une filière dont la moitié des exploitants partiront en retraite dans les dix prochaines années.
C’est la compétitivité qui permettra aux éleveurs français de « s’adapter efficacement et avec la même agilité que nos compétiteurs européens » aux multiples attentes sociétales, dit encore Michel Bloc’h. Cette compétitivité nécessaire ne freinera évidemment pas les attaques « d’extrémistes militants » dont l’élevage porcin est la cible. Mais il est possible d’agir. Des réunions d’information aux éleveurs seront organisées dans les prochaines semaines par les groupements en Bretagne (lire encadré).
En parallèle, l’UGPVB s’implique dans un travail de communication alimentaire de fond, via la plate-forme Les Z’Homnivores. Celle-ci a lancé son site internet mangerdetout.fr cette année et organisé le 13 novembre un colloque à l’Assemblée nationale pour contre-argumenter face aux discours animalistes. Pour conclure, l’UGPV avait invité l’ancien ministre Bruno Durieux, auteur du livre « Contre l’écologisme » dans lequel il se livre à une violente charge contre ce qu’il désigne comme une idéologie, une pensée radicale qui n’est pas autre chose « qu’une critique idéologique de notre organisation », dit-il.
Réunions contre les intrusions en élevage
À partir de janvier, l’Union, les groupements de producteurs et des représentants « sûreté » de la gendarmerie nationale tiendront des réunions en Bretagne, à raison de deux par département. Objectif : sensibiliser les éleveurs aux enjeux des intrusions dans les élevages. « Les éleveurs n’en peuvent plus, il peut survenir un drame à tout moment », a souligné François Pot, président de Porelia et du Marché du porc breton. Lors de ces réunions, les professionnels décriront les équipements susceptibles de dissuader ceux qui viennent filmer dans les élevages. Ils souligneront combien les éleveurs doivent être attentifs aux objets déplacés qui pourraient témoigner d’une intrusion. Et les inviteront à porter plainte dès que les signes d’une intrusion auront été constatés. L’Union a bon espoir que la cellule Déméter, mise en place début novembre par le ministère de l’Intérieur auprès de la direction générale de la gendarmerie nationale, permettra d’accélérer l’identification des auteurs d’intrusions et de menaces envers les agriculteurs. Elle doit faire l’objet de la signature d’une convention avec les syndicats majoritaires FNSEA et JA. L’UGPVB prévoit d’adresser un courrier individuel à tous les éleveurs bretons pour les informer de la tenue de ces réunions.
Risque de pénurie de protéines dans le monde
Guillaume Roué n’y a pas été par quatre chemins. Aux yeux du président d’Evel’Up et d’Inaporc, les conséquences de la FPA sur la planète viande pourraient conduire à une pénurie de protéines d’origine animale. Il manque actuellement 25 millions de porcs par an à la Chine. La FPA menace d’autres pays asiatiques et semble mal maîtrisée à la frontière entre la Pologne et l’Allemagne. Immanquablement, le manque de porc va accroître la demande en viande d’autres espèces et faire grimper les prix. « On va manquer de viande, c’est sûr », souligne Guillaume Roué.