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L’interprofession Inaporc trace la route du porc français pour les dix prochaines années

L’interprofession porcine a présenté sa démarche de responsabilité sociétale déclinée en cinq points lors de son assemblée générale du 12 juin.

À l’occasion de ses vingt ans d’existence, l’Interprofession nationale porcine (Inaporc) a fait les choses en grand en présentant sa nouvelle démarche de responsabilité sociétale.

« Alors que la filière a perdu 10 % de sa production en trois ans et que le taux d’autoapprovisionnement est passé sous la barre des 100 % en début d’année, nous avons voulu donner une trajectoire sur plusieurs années à l’ensemble de la filière porcine française, explique Philippe Bizien, son président. Pour assurer la souveraineté alimentaire du pays, la filière a donc décidé d’élaborer une stratégie commune visant à développer son modèle singulier et d’assurer son avenir. »

Tous les acteurs français de l’amont à l’aval (excepté Cooperl qui ne fait plus partie de l’Inaporc depuis 2020) ont travaillé sur cinq grands piliers avec des objectifs chiffrés fixés à 2035.

1 Assurer la souveraineté alimentaire de la France

L’objectif est de retrouver « au moins 100 % d’autosuffisance », et 50 % de produits porteurs du logo Le Porc français en rayon. Les professionnels comptent beaucoup sur ce logo « connu de 95 % des Français » (1). « Mais tous les produits ne peuvent pas être estampillés Le Porc français puisque certaines pièces surconsommées – le jambon par exemple – doivent être importées », fait remarquer François Valy, président de la Fédération nationale porcine. Ces objectifs nécessitent des outils d’évaluation. Dès 2025, l’interprofession s’engage à créer un indicateur spécifique pour suivre l’origine du porc consommé en restauration hors domicile. Par ailleurs, un guide de la contractualisation en filière porcine sera rédigé en 2027 pour sécuriser juridiquement les contrats qui lient les éleveurs à leurs partenaires.

2 Rendre la filière plus attractive

L’Inaporc veut agir pour le renouvellement des générations et l’amélioration des conditions de travail. Son principal objectif est d’atteindre un taux de transmission de 100 % des « élevages porcins transmissibles » en 2035. « Une exploitation transmissible, c’est une exploitation qui permet à son repreneur de vivre correctement de son métier, a expliqué David Riou, coprésident du groupe RSO à l’Inaporc. Le problème actuel, c’est que beaucoup d’éleveurs n’ont pas investi ces dernières années. Certains élevages ne pourront pas être repris si les bâtiments sont trop vieillissants. »

Dans ce but, l’interprofession veut créer en 2025 un « diagnostic de transmissibilité des élevages porcins », et identifier les leviers financiers potentiels à la transmission des exploitations. En 2027, un « centre de ressources éducatif en ligne sur la filière porcine » destiné aux jeunes intéressés par les métiers de la filière et aux enseignants sera créé.

3 Protéger l’environnement

La filière se donne pour objectif de réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre sur vingt ans et d’ammoniac pour les élevages. « Tous les nouveaux projets doivent intégrer des concepts de décarbonation dès 2025 », affirme Jean-Luc Cade, coprésident du groupe de réflexion sur ce thème. À cette date, tout le tourteau de soja acheté devra être certifié « zéro déforestation ». Toujours dans le domaine de l’alimentation, 60 % des emballages de la nutrition animale devront être collectés en vue d’être recyclés. Par ailleurs, la filière s’engage à élaborer un « indicateur de suivi de la consommation d’énergie nette ».

4 Renforcer les garanties de sécurité sanitaire et de santé publique

Dès 2030, tous les élevages ainsi que les aires de lavage devront avoir réalisé un audit biosécurité. Actuellement, seulement 50 % des élevages (85 % de la production) ont été audités. La filière s’engage également à continuer ses efforts en matière de réduction de l’exposition des porcs aux antibiotiques, un travail déjà bien avancé (-67 % depuis 2011).

5 Agir pour la bientraitance animale

La mesure phare proposée par l’Inaporc concerne le logement des truies. En 2035, 50 % des élevages devront disposer de cases liberté en maternité et en verraterie. « Pour atteindre cet objectif, l’effort financier est considérable, de l’ordre d’un milliard d’euros », chiffre François-Régis Huet, référent bien-être animal à l’Inaporc. Il se dit malgré tout convaincu du bien-fondé de cet objectif. « Face à l’administration ou la Commission européenne, il est important d’être proactif pour être en position de force, à la différence d’une position défensive », assure-t-il.

Pour atteindre cet objectif, 100 % des nouveaux bâtiments devront inclure la mise en liberté des truies dans leur conception dès 2025, selon l’Inaporc. « Aujourd’hui, entre 8 à 10 % des truies sont logées dans de tels bâtiments », indique Caroline Tailleur, directrice adjointe de l’Inaporc. Les transporteurs sont également concernés par ce volet bien-être, avec un objectif de généraliser les camions équipés de dispositifs adaptés pour améliorer le confort des animaux pour les longs trajets.

(1) Baromètre Epsilon et relevé de l’Inaporc 2022

Les chiffres qui militent en faveur du porc français

1re viande consommée en France avec 30,6 kilos par habitant et par an.
99 % d’autosuffisance en janvier 2024. Parmi toutes les productions animales, le porc est la production qui se rapproche le plus de l’autonomie alimentaire.
102 hectares : c’est la surface agricole moyenne reliée aux élevages de porcs français, ce qui permet une belle complémentarité entre les cultures et les élevages.
450 recettes de charcuteries font du porc un pilier de la gastronomie française.
70 % des protéines végétales consacrées à l’alimentation des porcs sont issues de coproduits impropres à la consommation humaine. Le porc est un transformateur de produits non comestibles en viande.
130 000 emplois directs et indirects sont générés par la filière porcine française. Chaque élevage de porcs représente en moyenne 2,4 emplois.
Source : Uniporc

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