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Les porcs consomment de l’eau en plus de la soupe

Des essais en station et des enquêtes auprès d’éleveurs et de techniciens ont permis d’évaluer l’abreuvement complémentaire des porcs alimentés à la soupe lorsqu’il est présent en élevage.

En alimentation soupe, l'eau consommé aux abreuvoirs représente en moyenne 14 % de l'eau totale.
© Chambres d'agriculture de bretagne

Les porcs consomment de l’eau en plus de la soupe, même en hiver. Selon les mesures réalisées dans les deux stations porcines des Chambres d’agriculture de Bretagne, ils boivent 0,9 litre d’eau par jour en moyenne en hiver à Crécom, sur la durée d’engraissement. Cette consommation d’eau s’ajoute à la soupe diluée à 2,5 l/kg avec une alimentation plafonnée à 2,5 kg. En été, les porcs consomment un litre par jour. L’eau consommée aux abreuvoirs représente en moyenne 14 % de l’eau totale. En prenant en compte cette consommation d’eau à la pipette positionnée au-dessus de l’auge, le taux de dilution de la soupe recalculé est alors de 2,9 l/kg d’aliment.

Les consommations d’eau varient d’une bande à l’autre, d’une salle à l’autre et d’une case à l’autre. La température ambiante de la salle, le poids des animaux sont des facteurs de variation de l’eau prélevée aux pipettes. En été, lors des fortes chaleurs de fin juin et début juillet, ces consommations d’eau ont augmenté. Elles correspondaient aussi au passage à l’aliment finition et à l’atteinte du plafond d’alimentation.

Ces mesures ont été faites dans deux salles d’engraissement de la station de Crécom disposant d’une alimentation en soupe, et qui ont été équipées de pipettes au-dessus de l’auge pour fournir de l’eau en permanence aux porcs. Pour chacune des vingt cases, une vanne un quart de tour a été installée pour pouvoir couper l’eau si besoin. Deux bandes de deux cents porcs chacune ont été suivies, l’une en hiver, l’autre en été. Les consommations d’eau ont été relevées chaque semaine par rangée et dans dix cases équipées de compteurs. Il n’y a eu ni fuite d’eau ni gaspillage et les auges n’ont pas eu besoin d’être vidées manuellement durant l’engraissement.

Des pics de consommation d’eau avant les repas de soupe

L’accès aux points d’abreuvement varie aussi beaucoup selon le moment de la journée. Pour mesurer ces variations, une bande de porcs en alimentation soupe a été suivie à Guernevez entre mai et août 2017. Huit cases de porcs en engraissement ont été équipées pour moitié avec des pipettes, pour moitié avec des bols, placés en face de l’auge soupe. Les prélèvements d’eau ont été enregistrés en continu pour toutes les cases grâce à un ordinateur connecté aux compteurs d’eau. Ces prélèvements sont liés aux repas de soupe, avec deux petits pics le matin et à midi. Le troisième pic, plus important, a lieu l’après-midi, avant le repas de 17 heures, alors que la température est la plus chaude dans le bâtiment. Par contre, il n’y a pas de prélèvement d’eau la nuit, entre 2 et 7 heures du matin.

Sur la durée d’engraissement, le prélèvement moyen est de 2,4 litres/porc/jour pour les pipettes, 2,2 litres/porc/jour pour les bols. Il y a peu de différence en moyenne entre les deux systèmes d’abreuvement. Mais il existe une variabilité plus importante entre cases pour les pipettes, en particulier lors des fortes chaleurs de fin juin et de début juillet À la station, la fréquentation des abreuvoirs par les porcs a pu aussi être quantifiée. Les porcs sollicitent les abreuvoirs en moyenne 24 fois par jour, avec une variabilité importante par case et par type d’abreuvoir. Lorsque la température augmente au-delà de 30 °C, les porcs vont davantage à l’abreuvoir, jusqu’à quatre-vingt-dix fois par jour !

Contrôler pour maîtriser les consommations d’eau

Quelques enquêtes ont été réalisées auprès de techniciens de groupement, d’un installateur et d’éleveurs équipés d’abreuvoirs pour des animaux alimentés en soupe. Il ressort de ces entretiens et visites une méconnaissance des besoins en eau des porcs et un manque de références sur l’installation du matériel. De plus, une fois mis en service, peu de contrôles du système d’abreuvement et peu de mesures de débit sont réalisés. Si les techniciens préfèrent le bol qui est un abreuvoir limitant le gaspillage, ils installent des pipettes sur auge en élevage, à la demande des éleveurs. L’installation de pipettes sur auge peut poser problème. Si les porcs « jouent » avec elles et que le débit d’eau est élevé, (supérieur aux recommandations de 0,5 à 1 litre par minute pour des porcs à l’engraissement), cela peut provoquer du gaspillage et l’éleveur devra vider l’auge avant chaque repas.

La mise en place d’abreuvoirs en engraissement a plusieurs impacts pour les éleveurs : le coût lié à l’installation du système d’abreuvement, mais aussi le besoin de stockage supplémentaire pour le lisier. Sans oublier le travail en plus, si le système n’est pas maîtrisé, et des consommations d’eau plus délicates à maîtriser.

 

 

Plus d’eau ingérée implique plus de lisier

L’une des principales préoccupations des éleveurs vis-à-vis de la mise en place d’abreuvoirs dans leurs salles d’engraissement est l’augmentation des quantités d’effluents. Des relevés ponctuels de lisier ont été effectués au cours des deux bandes en essai à Crécom. Les résultats montrent une corrélation forte entre eau consommée et quantité de lisier produit. Plus la consommation d’eau totale (eau via la soupe + eau via l’abreuvoir) augmente, plus le volume de lisier produit est important. Ce constat a été obtenu avec un taux de dilution de la soupe à 2,5 l/kg d’aliment, plutôt faible par rapport à ce que l’on retrouve en élevage. De plus, avec l’installation des pipettes sur les auges, la consommation d’eau a été inférieure à un litre par porc et par jour. Il n’y a eu ni gaspillage, ni fuite au niveau du système d’abreuvement. La diminution du taux de dilution de la soupe est dans certains cas une solution pour maîtriser ce volume de lisier supplémentaire. Ce n’est pas possible dans tous les élevages, à cause de la machine à soupe elle-même et/ou du circuit de distribution.

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