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Exportations européennes en progression
Les cartes du commerce mondial de viande de porc sont rebattues

L’Union européenne dispose des meilleurs atouts pour approvisionner les marchés internationaux en viande de porc.

La forte demande chinoise a entraîné une augmentation des échanges mondiaux de viande. © K. Talec/Flickr
La forte demande chinoise a entraîné une augmentation des échanges mondiaux de viande.
© K. Talec/Flickr

Le commerce mondial de viande de porc vit une situation exceptionnelle et paradoxale. D’une part, la demande augmente de plus en plus en Chine, mais aussi dans d’autres pays asiatiques, en raison de la propagation de la fièvre porcine africaine. D’autre part, pour des raisons commerciales et politiques, les pays exportateurs nord-américains sont confrontés à de nouveaux droits de douane ou se voient refuser l’accès à des marchés. L’UE profite jusqu’alors de cette situation. Au premier semestre 2019, la forte demande chinoise a entraîné une augmentation des échanges mondiaux de viande, malgré les barrières commerciales. Les quatre principaux exportateurs mondiaux, l’Union européenne, les États-Unis, le Canada et le Brésil, ont exporté dans l’ensemble 8 % de volumes en plus qu’au cours des six premiers mois de 2018. Durant cette période, les importations chinoises ont fortement augmenté (+30 %) pour approcher 1,5 million de tonnes, sans dépasser cependant les volumes atteints au premier semestre 2016. Les quatre exportateurs mondiaux fournissent plus de 95 % de ces volumes. Le grand gagnant est l’UE, qui a, toutes destinations confondues, exporté 15 % de plus au cours de cette période. La valeur de ces produits a augmenté de 18 %, grâce principalement à une part plus importante des produits de plus grande valeur. Les viandes s’ajoutent aux sous-produits.

Vers la Chine, l’Union européenne a augmenté ses volumes de 40 % et la valeur a progressé de 71 %. Depuis le premier semestre, l’Espagne est devenu le premier exportateur de l’UE, détrônant l’Allemagne. Dopée par la croissance de sa production, elle a réussi à progresser fortement vers la Chine en volume (+56 %) et en valeur (+90 %). Elle poursuit également sa conquête de parts de marché au Japon, en Corée et aux Philippines. Pourtant, ces trois marchés ont réduit leurs importations au premier semestre 2019 par rapport aux six premiers mois de 2018, respectivement de -7,4 %, -6,5 % et -13,3 %. Parmi les autres pays de l’UE, les Pays-Bas suivent la même tendance, mais avec des volumes inférieurs. Au rythme actuel, les Pays-Bas seront prochainement le troisième exportateur de l’UE, derrière l’Allemagne mais devant le Danemark. La France arrive au cinquième rang.

Les Américains à la peine, le Brésil se relance

Les conflits commerciaux pénalisent les entreprises américaines. Malgré la hausse de la production, les exportations se sont stabilisées. En 2018, le Mexique, qui est le premier client des États-Unis, a introduit une taxe à l’importation de 20 % sur les produits de viande de porc en provenance des États-Unis. En conséquence, les exportations américaines vers ce pays ont chuté de 19 % au premier semestre de 2019. Dans le même temps, les volumes à destination de la Chine ont augmenté de 25 %. Cependant, à la suite de la nouvelle escalade des négociations américano-chinoises en cours ont entraîné successivement la mise en place, puis l'annulation d'une surtaxe douanière chinoise sur les produits agricoles américains. Difficile dans ces conditions de prévoir l'évolution de ces volumes pour les prochains mois. Les États-Unis ont aussi perdu des parts de marché à destination du Japon et de la Corée du Sud. Elles ont cependant été compensées par les bonnes affaires réalisées dans les pays d’Amérique latine, dont en particulier la Colombie.

Les ventes canadiennes vers la Chine ont augmenté de 50 % au premier semestre de 2019. Mais depuis juin, les flux sont interrompus. Les autorités chinoises mettent en cause des problèmes de sécurité alimentaire suite à la détection dans du porc canadien de ractopamine, un additif alimentaire interdit en Chine. Dans le même temps, il y a eu un incident diplomatique entre le Canada et la Chine, lié à la société Huawei.

Les exportations brésiliennes ont augmenté de 19 % en volume et de 34 % en valeur au cours des sept premiers mois de 2019. Les volumes vers la Chine ont progressé de 30 %. La demande des pays d’Amérique du Sud est également plus présente pour les exportateurs brésiliens. Toutefois, le Brésil touche à la limite de ses volumes disponibles… La relance de sa production semble engagée.

Jusqu’à présent, la Russie n’est pas très présente sur les marchés mondiaux. Les principales destinations restent ses pays voisins tels que l’Ukraine et le Kazakhstan. Les plus grandes entreprises d’intégrations de viande russe se préparent lentement au développement à l’international, dont la Chine.

Dans les mois à venir, compte tenu de la poursuite de la baisse de la production en Chine et dans d’autres pays asiatiques touchés par la fièvre porcine africaine, la demande à l’exportation sera stimulée, augmentant ainsi la pression sur les marchés. Peu à peu, un certain nombre de clients décrocheront des achats lorsque les prix deviendront trop élevés. La demande de viande de porc devrait donc être en partie compensée par les produits à base de volaille.

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