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Une démarche de Terrena
Le porc La Nouvelle Agriculture joue la carte de la proximité

L’EARL de la Porte produit du porc sous la marque La Nouvelle Agriculture. La démarche portée par Terrena intègre notamment une alimentation spécifique et un plan de progrès en termes de démédication et de bien-être animal.

Stéphane Crochard et Daniel Bonenfant ont rejoint la démarche La Nouvelle Agriculture en 2015 dès qu’elle a été accessible aux élevages équipés d’une FAF intégrale. À Fay de Bretagne en Loire-Atlantique, les deux associés gèrent deux cent dix truies en naisseur-engraisseur et fabriquent leur aliment depuis douze ans (sauf le premier âge), valorisant leurs cent cinquante hectares de cultures. « C’est d’abord l’alimentation sans OGM qui nous a attirés dans la démarche, car cela répond à une demande de plus en plus forte du consommateur, explique Stéphane Crochard. Nous avions l’envie d’être précurseur. C’est à nous, éleveurs, d’apporter des réponses aux nouvelles attentes sociétales (alimentation saine, démédication, bien-être…) et de montrer que nous sommes dans une démarche de progrès. » C’est tout l’enjeu du projet La Nouvelle Agriculture (LNA), démarré en 2008 à l’initiative d’agriculteurs de la coopérative Terrena et dont la marque a été officiellement lancée en avril 2017. Le porc LNA a été dès 2013 une des deux premières filières développée en partenariat avec Système U sous marque distributeur, avec le lapin, suivie depuis par le poulet, la farine et le bœuf. Les produits LNA sont aujourd’hui proposés à tous les distributeurs et sous marque propre. La production de porcs LNA représente quatre mille deux cents porcs par semaine, provenant de quatre-vingts élevages, soit près d’un quart des porcs du groupement Porvéo-Terrena. Tous se trouvent à moins de deux cent cinquante kilomètres du site d’abattage Holvia Porc à Laval.

Un aliment charcutier sans soja ni OGM

Le cahier des charges et les axes de communication du porc LNA sont essentiellement centrés sur l’alimentation en engraissement. « Toutes les matières premières utilisées en élevage, sont sans OGM, y compris celles pour l’aliment des truies. Ensuite, les porcs charcutiers sont nourris selon le cahier des charges Bleu Blanc Cœur, comprenant notamment un apport de graines de lins, riches en oméga trois, détaille Joseph Locqueville, ingénieur filières de Terrena. L’origine des céréales est française et l’apport de soja n’est pas autorisé dans les aliments nourrain, croissance et finition. » « Nous travaillons depuis plusieurs années sur les alternatives au soja ce qui nous a par ailleurs permis de réduire significativement leur taux d’incorporation dans l’aliment des truies. Cela répond aussi à une problématique environnementale soulevée par les ONG (zones de production soumises à la déforestation) », poursuit Loïc Le Marchand, technicien porc de Terrena.

Un noyau protéique riche en oméga 3

La gamme d’aliment LNA est disponible pour tous types de production, en aliments complets comme en complémentaires. Pour les aliments fabriqués à la ferme, l’apport d’oméga 3 est assuré par un noyau protéique fourni par Terrena. Il est incorporé dans les aliments d’engraissement. L’EARL de la Porte l’utilise sur ses deux sites d’engraissement, l’un en aliment sec (Proméga blé) et le second en soupe (complémentaire + maïs humide). La principale contrainte des fafeurs est la maîtrise du coût et de l’approvisionnement en soja tracé sans OGM pour les aliments hors engraissement. « On a trouvé la parade en incorporant également du noyau protéique oméga ainsi que du pois dans les aliments deuxième âge et truies (sauf l’aliment allaitante) et en optimisant le taux protéique du blé. Ainsi, on limite nos besoins en tourteaux de soja à deux camions au lieu de six par an. »

Le surcoût lié aux contraintes alimentaires est d’environ quatre à cinq centimes par kilo. La prime liée au porc LNA se base sur le prix du cadran, tout en prenant en compte le coût de revient. Un bilan économique tout à fait rentable pour Stéphane Crochard, qui chiffre la plus-value nette à au moins cinq à six centimes. « Elle dépend surtout du cours du soja sans OGM. » Par ailleurs, le passage à l’aliment LNA n’a pas eu d’impact défavorable sur les performances en engraissement.

Recréer du lien avec le consommateur

Au-delà des engagements sur le mode de production, l’objectif de La Nouvelle Agriculture est également de recréer du lien entre le producteur et le consommateur. Une photo d’éleveur est apposée sur les barquettes de produits. Tous les éleveurs sont présentés sur le site internet La Nouvelle Agriculture. Les producteurs peuvent être amenés à participer à une animation en magasin ou à accueillir des clients distributeurs sur l’élevage. « Les échanges sont toujours bénéfiques. Cela permet de valoriser le travail des producteurs mais aussi de mieux comprendre les contraintes de l’aval », souligne Joseph Locqueville, ingénieur filières de Terrena.

Le respect du cahier des charges NA est contrôlé par un organisme certificateur indépendant, Bureau Véritas.

Une demande du consommateur pour le sans OGM

L’appli Tibena objective le confort des animaux

La santé (1) et le bien-être animal font partie intégrante de la démarche La Nouvelle Agriculture même si cela ne fait pas encore l’objet de critères spécifiques dans le cahier des charges. « Nous avons défini un plan de progrès et travaillons notamment sur les thématiques de la démédication, de la castration, du meulage des dents ou de l’enrichissement du milieu (paille, jouet) », explique Loïc Le Marchand. Pour évaluer le niveau de confort et de bien-être animal, les techniciens et les éleveurs s’appuient sur l’outil d’audit Tibena. Il s’agit d’une application co-construite par Terrena et l’association de défense du bien-être animal CIWF, avec l’appui de l’Ifip et de l’Inra. À partir de quatre-vingt-dix indicateurs mesurés sur les truies, comme en post-sevrage et en engraissement, il permet d’objectiver le niveau de bien-être, avec un regard extérieur et en se basant sur des faits. « Le but n’est pas de donner une note, mais de situer l’élevage par rapport à un groupe et de quantifier les efforts faits et à réaliser. » Il s’agit à la fois de notations sur l’état de santé et l’environnement (yeux sales, griffures…) ou d’observations de comportements (test de la toux, test d’approche pour évaluer le niveau de stress). L’audit dure environ 2,5 heures pour un élevage de cent cinquante truies NE. C’est aussi un moment d’échanges entre l’éleveur et son technicien. " Cela change d’une visite classique et nous oblige à prendre le temps de l’observation. Bien fait, l’audit apporte un gain technique indéniable », souligne-t-il. Il est réalisé pour chaque élevage lors du passage au porc LNA, comme ce fut le cas pour Stéphane Crochard. L’éleveur souhaite le réitérer dès que le nouveau bâtiment d’engraissement sera sur pied. Il comprend notamment une surface de 0,8 m2/porc et un lavage d’air. « Il faut profiter de la création d’un bâtiment pour investir dans des équipements qui améliorent le bien-être », estime-t-il. Le plus important pour lui est que les éleveurs puissent « garder la main et prendre les devants. Il faut montrer qu’on peut tout à fait concilier « confort animal » et « élevage moderne ». L’amélioration du bien-être ne doit pas se faire au détriment de celle de l’éleveur et de ses conditions de travail ».

(1) Terrena propose désormais une production de Porc La Nouvelle Agriculture, garantie sans traitement antibiotique, après sevrage

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