Aller au contenu principal

Kalinat objective les qualités maternelles de la truie

Basé sur la pesée des porcelets à la naissance, l’indice Kalinat proposé par Eureden évalue la capacité d’une truie à mettre bas des porcelets de qualité. Il permet de se comparer à une référence collective et de mesurer l’impact d’une nouvelle pratique.

L’outil d’autoévaluation de la qualité des porcelets à la mise bas Kalinat, développé par la coopérative Eureden (1), monte en puissance. « Plus de 15 000 truies ont été suivies à travers Kalinat, que ce soit en systématique ou de façon occasionnelle, selon les élevages qui l’utilisent », a expliqué Alban Berthelot, du service nutrition porc d’Eureden, lors d’une réunion d’éleveurs en novembre 2019. L’intérêt de cet outil est d’aider les éleveurs à qualifier individuellement leurs truies en fonction de leur capacité à mettre bas des porcelets de qualité, c’est-à-dire suffisamment gros. Le poids du porcelet à la naissance variant en fonction de la prolificité et du rang de parité, l’éleveur manque parfois de repères pour juger si une truie fournit une qualité de porcelets à hauteur de son potentiel théorique. C’est justement ce que permet l’indice Kalinat. Il compare le niveau de performances de la truie à un objectif, qui lui-même varie en fonction du rang de portée et de la prolificité. Il est défini à partir d’une base de données de 22 000 pesées, constituée par la coopérative. « L’indice Kalinat est un critère synthétique qui permet de suivre l’historique d’une truie en la reliant à la qualité de ses portées, tout en se comparant à d’autres élevages », résume-t-il. La démarche de progrès Kalinat a été lancée en 2017 pour réduire le taux de pertes sous la mère, dans un contexte d’augmentation de la prolificité des truies. Ce que montrent les dernières GTTT des adhérents de la coopérative. « Le nombre de nés totaux est passé de 14,94 à 15,85 entre 2015 et 2018 (1). Il pourrait dépasser 16 en 2019. » La survie du porcelet est liée à son poids de naissance. Or, plus on augmente la taille de portées, plus on a de petits porcelets. Ce que démontre très bien l’analyse de la bande de données Kalinat. « Pour chaque porcelet supplémentaire né au sein d’une portée, le poids du porcelet baisse de 32 g en moyenne. »

Un témoin de l’hétérogénéité des portées

Concrètement, la mise en œuvre de la démarche Kalinat implique pour l’éleveur de peser chaque portée dans les 24 heures qui suivent la mise bas et de saisir les données de la truie sur une feuille de calcul en ligne. « La pesée doit être réalisée le plus tôt possible. L’idéal est de l’intégrer dans les soins à la mise bas pour qu’elle ne soit pas une contrainte. » L’indice Kalinat calculé correspond au rapport entre le poids moyen des porcelets à la naissance et le poids objectif, compte tenu de la prolificité et de la parité de la truie. Un indice 100 signifie que la truie a une bonne qualité de porcelets. Un indice entre 90 et 100 indique que la qualité des porcelets est perfectible. La base de données Kalinat montre que près de 25 % des truies ont un indice Kalinat inférieur à 90 (porcelets de 1,1 kg en moyenne pour 16,5 nés totaux). « C’est en priorité pour ces truies que des actions correctives doivent être mises en place. » En plus de l’indice Kalinat par truie, il est possible d’obtenir l’indice global par bande et par rang de portée (distinction des primipares, des secondes portées, etc.). L’indice Kalinat est aussi un bon prédicteur de l’homogénéité des porcelets au sein de la portée. L’analyse faite dans un élevage sur 833 pesées de portées montre que les truies ayant un indice supérieur à 120 ont 2 % de porcelets de moins de 900 g, contre 25 % pour les truies dont l’indice est inférieur à 80. L’indice sert aussi de critère de réforme. « Près de la moitié des portées de multipares dont l’indice est inférieur à 90 sont issues de truies « récidivistes », c’est-à-dire ayant déjà un mauvais indice lors de la bande précédente. » La démarche Kalinat aide aussi à mesurer dans le temps l’impact d’une nouvelle pratique. Le principal levier d’amélioration de la qualité des porcelets à la mise bas étant alimentaire, comme le montrent les témoignages d’éleveurs à suivre. « L’ajustement du plan d’alimentation en fin de gestation est essentiel pour assurer le développement du fœtus », a rappelé Thierry Pichard, du service Faf d’Eureden. Mais toutes les phases comptent, y compris la lactation de la bande précédente.

(1) Au 1er janvier 2020, les coopératives d’Aucy (Cecab Coop de Broons) et Triskalia ont fusionné.

Des disparités selon le rang de portée

Selon la base de données Kalinat, le poids moyen d’un porcelet de multipares est de 1,4 kg pour 16,1 nés totaux. Le poids moyen des issus de primipares atteint 1,3 kg pour 15,3 nés totaux. L’indice Kalinat se dégrade à partir du rang 5 et ne cesse de décroître avec l’âge.

Un allotement des multipares en verraterie-gestante

Corentin Nevannen, de la SCEA Restrezerch à Pont-Scorff dans le Morbihan, est un utilisateur de la première heure de l’outil Kalinat. Entre 2017 et 2018, l’éleveur a fait progresser son indice Kalinat global de 93 à 101, tandis que le poids moyen individuel au sevrage (21 jours) des porcelets a augmenté de 500 g . Il y était parvenu en augmentant le niveau d’alimentation des truies en fin de gestation et en adoptant une ration individualisée en maternité, en fonction du rang de portée et de l’indice Kalinat du tour précédent (modulation de la ration jusqu’à 135 % si besoin). En 2019, l’éleveur a poussé plus loin la démarche et se sert désormais des indices Kalinat pour alloter ses truies multipares en verraterie-gestante et ajuster les plans d’alimentation. À l’entrée en verraterie, les truies sont triées en tenant compte de leur état corporel, de leur rang et de leur indice Kalinat. « Une truie qui a un bon indice Kalinat mais qui est maigre, ira avec le groupe des truies ayant un indice Kalinat faible. Si elle s’est bien retapée en verraterie, elle pourra passer dans le groupe des truies ayant un bon indice Kalinat, lors du second tri réalisé à l’entrée en gestante. » Les truies maigres ou ayant un mauvais indice reçoivent une quantité d’aliment supérieure en milieu de gestation ainsi que de 90 jours à l’entrée en maternité. « C’est beaucoup de saisies de données, reconnaît-il, mais les résultats sont payants. » L’éleveur a fait le bilan de 6 bandes sevrées en 2019. « L’augmentation de la ration chez les multipares ayant un mauvais indice Kalinat (moins de 90) au rang n s’est soldée par un gain de 10 points de leur indice Kalinat au rang n + 1. Le poids moyen des porcelets à la naissance a gagné 250 g (de 1,04 à 1,29 kg). C’est beaucoup de petits porcelets en moins à gérer », souligne Corentin.

Un indicateur de choix pour les truies à réformer

L’éleveur pèse les portées lors des soins à la mise bas, à l’aide d’un plateau peseur. Il compte 5 à 7 minutes par portée, saisie comprise. Les petits porcelets (moins de 900 g environ) sont pesés ensemble et identifiés par un marqueur. « C’est du temps de passé que je récupère lors de leur allotement. » Cette pesée de petits porcelets lui permet d’objectiver leur taille et de les répartir par portées plus homogènes. L’indice Kalinat lui sert par ailleurs à choisir les truies à réformer. « C’est devenu le troisième critère de réforme, après le nombre de nés totaux et de sevrés. » Il lui permet aussi de gagner en réactivité, comme ce fut le cas suite au coup de chaleur de cet été. « Il n’a pas eu d’effet sur le nombre de nés totaux mais sur le poids des porcelets à la naissance qui a baissé de 200 g. En voyant l’indice Kalinat de la bande se dégrader, j’ai pu rapidement ajuster le plan d’alimentation des truies. »

Un effet positif de la consommation en maternité

Aurélien Houssin du Gaec de l’Orgelière, à Guer dans le Morbihan, a intégré la démarche Kalinat en 2018 avec pour objectif principal d’améliorer le poids des porcelets au sevrage à 28 jours et d’accompagner l’augmentation de la prolificité des truies (progression des nés totaux de 14,9 à 16,7 entre 2017 et 2019). L’adaptation des plans d’alimentation en fin de gestation a d’abord permis d’améliorer la qualité des porcelets à la naissance (augmentation de la courbe et mélange avec un aliment maternité). Pour améliorer le GMQ au sevrage, il a cherché en parallèle à augmenter l’ingestion des truies en maternité et à réduire les problèmes de refus. Il s’est pour cela équipé d’une cuve distributrice devant la salle de maternité, reliée à la machine à soupe principale, située à 150 mètres. Cet équipement lui permet de distribuer précisément de petites quantités d’aliment à chaque truie. « À partir du 6e jour après la mise bas, l’aliment 100 % allaitant est distribué en trois repas avec une augmentation très progressive des quantités jusqu’à la veille du sevrage (+250 g par jour, en partant de 5 kilos par jour jusqu’à 10 kilos maximum, dilution de 3 litres d’eau par kilo + deux repas d’eau de 5 litres par jour), détaille l’éleveur. En pratiquant ainsi, je n’ai quasiment pas de blocage de consommation. » Grâce au suivi Kalinat, il a pu être démontré que le fait de booster la consommation des truies en maternité permettait aussi d’améliorer la qualité des porcelets à la mise bas suivante. « L’effet est surtout visible sur les truies de rang 2. » Celles qui ont consommé davantage pendant la lactation de rang 2 (plus de 165 kilos sur 28 jours) ont une meilleure prolificité en rang 3 que leurs congénères de même rang ayant moins consommé. Leur indice Kalinat en rang 3 progresse aussi davantage, ce qui signifie que ces truies ont plus de porcelets et qu’ils sont plus gros à la mise bas (voir tableau). « Ces chiffres prouvent l’intérêt d’inciter les truies à consommer davantage en maternité. »

Les plus lus

éleveur de porcs en maternité
« Des performances exceptionnelles avec la nouvelle maternité de notre élevage de porcs »

Vincent et Roger Prat atteignent des niveaux de performance très élevés depuis la mise en service de leur nouveau bloc…

porcs en engraissement
Comment rénover les engraissements des élevages de porcs avec des grandes cases?
Les grands groupes semblent séduire de plus en plus d’éleveurs dans le cadre d’une rénovation de bâtiments. Mais certains points…
construction d'un bâtiment porcin
Le coût des bâtiments porcins a flambé

Le coût des bâtiments porcins a fortement augmenté entre 2015 et 2023, selon l’Ifip. Cette hausse importante s’est…

salarié élevage de sélection axiom
Axiom se lance dans l’arrêt de la caudectomie des porcelets

À Usson-du-Poitou dans la Vienne, un des élevages de sélection des lignées femelles d’Axiom s’est engagé dans une démarche d’…

éclairage dans les bâtiments porcins
La lumière oriente les porcs dans leur case

Un groupe de chercheurs allemands a réalisé un test de préférence sur les conditions d’éclairement en post-sevrage sur un…

Les porcelets sociabilisés sont très curieux et explorent beaucoup leur environnement
Bien-être animal : les éleveurs plébiscitent la sociabilisation des porcelets en maternité

Une enquête réalisée par les chambres d’agriculture de Bretagne analyse les pratiques d’éleveurs qui sociabilisent leurs…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)