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Deux tiers des élevages de porcs enquêtés par Ceva porteurs de coccidies

Une étude réalisée par le laboratoire Ceva montre une forte prévalence du parasite Cystoisosporas suis en élevage. Elle souligne l’importance du protocole de prélèvements pour réussir à le mettre en évidence.

La prévalence du parasite Cystoisosporas suis (C.suis) responsable de la coccidiose chez le porc est sous-estimée en France. C’est ce que démontre une étude réalisée en 2019 par le laboratoire Ceva dans 11 élevages de porcs n’utilisant pas de toltrazuril, la molécule permettant de prévenir la coccidiose. Deux tiers d’entre eux avaient au moins une portée infestée par ce parasite. Dans quatre de ces sept élevages, la moitié au moins des portées prélevées étaient positives, c’est-à-dire que le nombre d’ookystes par gramme de fécès était supérieur à 500 (1). Sur les 219 prélèvements réalisés au total, un cinquième était positif. Ce qui surprend surtout, c’est que les trois quarts des échantillons positifs étaient issus de portées non diarrhéiques au moment du prélèvement. Et à l’inverse, seule la moitié des portées positives avait de la diarrhée au moment d’un des deux prélèvements, réalisés au cours de la deuxième semaine de vie pour le premier et une semaine après pour le second. « Cette faible corrélation entre diarrhée et positivité à C. suis explique pourquoi les résultats d’analyses réalisées à partir de prélèvements sur des porcelets présentant une diarrhée sont souvent négatifs, même si les animaux présentent tous les signes cliniques d’une coccidiose », soulignent Sophie Brilland et Nathalie Capdevielle de Ceva.

La diarrhée n’est pas corrélée à l’excrétion

Cette enquête de prévalence, réalisée en amont du lancement par Ceva du produit injectable Forceris, qui combine du toltrazuril pour prévenir la coccidiose et du fer contre l’anémie ferriprive, avait pour objectif de montrer l’importance de bien cibler les prélèvements lors d’une suspicion de coccidiose pour avoir des chances d’obtenir des résultats positifs. « Il ne faut pas se focaliser sur les portées diarrhéiques car les pics d’excrétion d’oocystes ne coïncident pas toujours avec les phases de diarrhées : on observe souvent un début d’excrétion un jour avant le début de la diarrhée, suivi d’un pic deux à trois jours après. La diarrhée pouvant se prolonger au-delà de l’excrétion. » C’est pour cette raison qu’il est conseillé de réaliser deux séries de prélèvements de fécès à une semaine d’intervalle sur les mêmes portées (dix portées au minimum, prélèvements sur au moins cinq porcelets issus de chaque portée et mélange des fécès prélevés pour obtenir un échantillon à analyser par portée). Une méthode certes contraignante mais fiable pour confirmer un diagnostic de coccidiose. Le laboratoire Ceva travaille sur de nouvelles méthodes d’échantillonnage.

(1) Méthode de comptage par flottation.

Une maladie spécifique des porcelets

Les porcelets sont infestés durant la première semaine de vie en ingérant des oocystes présents dans l’environnement de la case mise bas. La truie joue un faible rôle dans la transmission du parasite. Plus l’infection est précoce, plus la maladie a de graves conséquences. L’excrétion peut démarrer cinq jours après l’infection. Les signes cliniques de la coccidiose apparaissent habituellement vers 7 à 11 jours d’âge. Elle s’exprime principalement par une diarrhée pâteuse à liquide, jaune à grise (« diarrhée mayonnaise ») et sur laquelle le traitement antibiotique n’a pas d’effet. Les co-infections bactériennes (Clostridium perfringens…) ou virales (rotavirus…) sont fréquentes.

L’assurance que chaque porcelet reçoit sa dose

À la SCEA Le Bois, le passage à la solution combinée « fer + toltrazuril » en injectable s’est soldé par un meilleur confort digestif pour les porcelets et un travail simplifié.

Située à Chauvigné en Ille-et-Villaine, la SCEA Le Bois utilise depuis octobre 2019 le produit Forceris, qui apporte aux porcelets une dose de fer et de toltrazuril en une seule injection. Dans ce naissage associatif de 700 truies, le traitement préventif contre la coccidiose était jusqu’à présent administré par drogage, à 3 à 4 jours d’âge, tandis que le fer était injecté 24 heures après la mise bas. À partir du printemps 2019, des diarrhées récurrentes sont apparues sur des portées de porcelets vers 15 jours d’âge. « Elles n’ont pas eu vraiment d’effet négatif sur le poids au sevrage. C’est davantage la difficulté à bien nettoyer les cases de mise bas après le sevrage qui a alerté les salariés de l’élevage », relate Nathalie Deville, vétérinaire conseil de Sanders-Cybelvet. Suspectant une coccidiose malgré l’absence de signes cliniques nets, la vétérinaire propose alors de passer à la solution injectable Forceris. Dans cet élevage conduit à la semaine avec des mises bas les jeudi et vendredi, l’injection combinée est réalisée à 24 heures de vie sur 80 % des portées, soit une protection plus précoce contre la coccidiose que le drogage.

Une meilleure praticité

« Avec le traitement par voie orale, pourtant administré à l’aide d’une canule, il arrivait que certains porcelets régurgitent le produit. J’ai aujourd’hui davantage la certitude que chaque porcelet a reçu une dose correcte, souligne Emmanuel Vallée, responsable du naissage. Les soucis de diarrhée ont disparu. » En parallèle, l’élevage a amélioré le système d’abreuvement des truies, rehaussé la courbe d’alimentation et utilisé un aliment pour porcelet sous la mère plus adapté. « Le facteur de risque de diarrhées à coccidiose étant éliminé, ces changements ont permis aux porcelets de mieux exprimer leur potentiel de croissance », explique Nathalie Deville. Cela s’est traduit par une augmentation du poids de portée au sevrage de 93,6 kg à 97,4 kg (moyennes de 30 semaines avant et 30 semaines après le passage au Forceris), soit un gain moyen d’environ 300 g par porcelet de 28 jours. En outre, le temps de travail a été optimisé, à la fois lors des soins aux porcelets (deux produits administrés en un seul geste) et lors du nettoyage de la salle en fin de bande (cases mise bas beaucoup moins souillées).

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