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Des truies libres en verraterie, c’est possible!

La conduite des truies libres en verraterie est pratiquée par certains éleveurs depuis 40 ans. Ils ont témoigné auprès de la Chambre d’agriculture de Bretagne.

S’il est d’usage de bloquer les truies jusqu’à 28 jours après les inséminations artificielles (IA), c’est pour prévenir les risques d’avortements et de retours en chaleurs et éviter des avortements lors des phases critiques physiologiques du 12 au 18e jour de gestation.

Cependant l’élevage de truies libres dans la phase de verraterie se trouve être pratiqué depuis longtemps par quelques éleveurs, plus de 40 ans pour l’un de ceux qui ont accepté de témoigner auprès de la Chambre d’agriculture de Bretagne.

Pour rendre compte des avantages et contraintes de cette conduite, 38 élevages ont été enquêtés. Trois stratégies sont utilisées au cours de la semaine qui suit le sevrage : des truies bloquées au sevrage jusqu’à la fin des inséminations, des truies libérées dès le sevrage ou bien des truies libérées au sevrage, bloquées pendant les IA puis à nouveau libérées juste après. Les conduites adoptées sont largement influencées par le mode de logement. En réfectoire courette, les truies sont en liberté dès le sevrage et ponctuellement bloquées pour les IA (de 24 heures à plusieurs jours). Autres cas de figure possible, les truies sont bloquées du sevrage à la fin des IA mais sont transférées plus tôt en salle gestante. Les réfectoires courettes permettent de bloquer les truies lorsqu’elles nécessitent une intervention de la part de l’éleveur (IA, échographies, …) et de limiter la compétition à l’auge. Dans le cas du bat-flanc, l’ensemble de ces interventions se fait sur truies libres.

 

 
Des truies libres en verraterie, c’est possible!
© Chambres d'agriculture de Bretagne

 

Plus globalement, il n’est souvent pas possible d’individualiser la ration, sauf si les truies sont bloquées lors du repas et qu’un surplus d’aliment est ajouté à la main. Les éleveurs qui libèrent les truies dès le sevrage évoquent des venues en chaleurs plus rapides, du fait d’une stimulation importante lors de la mise en groupe. Cela leur permet aussi de mettre en place la hiérarchie du groupe avant la période de reproduction et, si les groupes restent inchangés en gestante, d’avoir des truies plus calmes en salles de gestation. Les éleveurs qui bloquent à nouveau les truies pour une période plus longue lors des IA, le font pour éviter les chevauchements entre les truies pendant les chaleurs. 

Dans le cadre d’une conduite avec DAC, les truies sont envoyées en verraterie standard après le sevrage. Elles sont bloquées jusqu’à environ trois jours après les dernières inséminations. Elles sont ensuite logées rapidement en groupe dans la salle gestante. Les éleveurs font ce choix de conduite pour réduire la contention tout en assurant l’intégrité physique de leurs truies pendant les chaleurs. Le transfert précoce vers la gestante – et donc la libération – peut se faire moins de vingt-quatre heures à six jours après IA.

Pour limiter le stress pendant les phases critiques lié à la nidation des embryons, il faudrait idéalement libérer les truies moins de trois jours après l’IA. Que les truies soient en groupe dynamique ou statique, il y a des risques d’agressivité car elles ne se connaissent pas ou peu et la hiérarchie n’est pas établie au moment du transfert. Il faut donc une vigilance accrue lors de la mise en groupe, comme pour une conduite classique en gestante.

Des points de vigilance à respecter à la mise en groupe

Peu importe le logement et le moment où a lieu la mise en groupe, la libération des truies reste un moment crucial pour réussir cette conduite. Les règles d’allotement utilisées par les éleveurs en verraterie liberté sont globalement les mêmes que celles utilisées pour une libération 28 jours après IA. Les mêmes points de vigilance sont cités par les éleveurs enquêtés : allotement homogène des truies, apport de paille fraîche pour les cases avec litière, gestion de la prise du repas, utilisation de produits calmants, etc.

Les éleveurs reconnaissent la nécessité d’accepter que des interactions agressives aient lieu pour la mise en place de la hiérarchie, tout en intervenant en cas de blessure : « il ne faut pas vouloir empêcher l’agressivité au début, il faut accepter que la hiérarchie se mette en place », précise l’un d’entre eux. C’est aussi pour cette raison que certains éleveurs libèrent les truies dès le sevrage, préférant que la hiérarchie s’établisse avant les IA, plutôt qu’après.

Le confort des truies est essentiel

La verraterie liberté n’impose ni ne s’oppose à la conduite sur litière. Cependant, les éleveurs qui ont fait le choix de la paille décrivent des truies moins agressives car occupées à fouir. Un bon agencement du bâtiment avec des ouvertures suffisamment larges pour le passage du tracteur lors du curage est néanmoins nécessaire pour faciliter la gestion de la litière.

Une attention particulière est à porter sur le choix des abreuvoirs, afin de limiter l’humidité et le salissement accéléré de la paille. Les verrateries sur caillebotis sont choisies notamment pour le bon niveau de propreté des truies. Mais en cas d’humidité, ce type de sol devient facilement glissant. Les risques de chutes et de boiteries ou panaris sont alors accrus.

 

Définition

Ce qu’on entend par « verraterie liberté »

Sont considérés comme pratiquant la verraterie liberté, les élevages qui libèrent leurs truies avant les 28 jours réglementaires qui suivent l’insémination artificielle (IA). Ce qui définit la verraterie liberté, ce n’est donc pas le lieu (la salle) mais le moment où les truies sont libérées. Ainsi, un transfert précoce en salle de gestation est considéré comme une conduite en liberté des truies en verraterie.

 

Partenaires

Cette étude a reçu le support financier du PRDA, de Porc Armor Évolution, Porélia et Eureden, et a bénéficié du partage des résultats d’une enquête d’Evel’up. Nous tenons aussi à remercier les éleveurs et éleveuses ayant répondu à l’enquête pour la qualité des échanges et leur confiance.

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