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Contrôler la température des porcelets pour optimiser la prise colostrale

La prise colostrale des porcelets durant les 24 premières heures de vie est très dépendante de leur température corporelle. Une prise de température rectale à 24 heures constitue un outil de diagnostic efficace pour améliorer les pratiques d'élevage.

Un bon réchauffement des porcelets favorise la prise colostrale durant les premières heures de vie.
Un bon réchauffement des porcelets favorise la prise colostrale durant les premières heures de vie.
© D. Poilvet

Selon une étude réalisée par le laboratoire Ceva et Eureden portant sur 195 portées et 2 557 porcelets, la prise colostrale sur les 24 premières heures de vie impacte la température corporelle de ces porcelets à 24 heures. L'étude démontre que cette température est également incorporée par des éléments de la conduite d'élevage, telles que la température du nid à porcelets (notamment pour les plus légers, moins de 1,2 kg) et le séchage des porcelets.

La température corporelle des porcelets baisse systématiquement sitôt leur naissance. «  C'est un phénomène naturel mis en évidence par plusieurs publications scientifiques  », souligne Thierry Solignac, responsable nutrition porc Eureden qui a piloté cette étude. Dans cet essai, les températures mesurées dans les 20 minutes post-naissance étaient de 37,5 °C en moyenne, soit 2 °C au-dessous de 39,5 °C de l'utérus maternel. «  Mais la dispersion est forte, avec 6,6 % des porcelets à moins de 35 °C  ». Les plus légers (moins de 1 kg) représentent la moitié de ces porcelets. «  La baisse est très significativement liée au poids des porcelets à la naissance  ».Philippe Leneveu, responsable technique gamme porc chez Ceva, souligne que le niveau de température corporelle est également lié à la température de la zone de mise bas. «  Ce critère agit beaucoup sur les porcelets légers  », fait-il remarquer : lorsque la température est inférieure à 20 °C, 27,5 % des porcelets de moins de 1 kg ont une température corporelle à moins de 35 °C, contre seulement 12,5 % de ces porcelets si la température de la zone est supérieure à 24 °C.

Les porcelets les plus légers sont les plus pénalisés

24 heures après la naissance, la température corporelle des porcelets est remontée à 38,5 °C en moyenne. La dispersion des valeurs est moindre qu'à la naissance. Cependant, comme à la naissance, les porcelets les plus légers sont également les plus pénalisés (jusqu'à 36,5 °C pour certains).

L'équipe également dirigée par Thierry Solignac a pesé les porcelets à la naissance et 24 heures après pour calculer leur GMQ et, par extension, leur prise colostrale. Leur croissance sur cette période est de 62 grammes en moyenne. «  Nous avons mis en évidence un lien entre la croissance des porcelets durant les 24 premières heures et la température à 24 heures de vie  », souligne-t-il.Cette croissance varie de seulement 3 grammes pour les porcelets dont la température à 24 heures est inférieure à 38 °C, jusqu'à plus de 100 grammes pour ceux qui sont à 39 °C ! Dans chacune des catégories de température corporelle, les porcelets les plus légers sont une fois de plus systématiquement pénalisés. «  Cette corrélation ouvre la voie à une qualification de la qualité de la prise colostrale plus simple que la réalisation de pesée  ».

Favoriser le réchauffement des porcelets

L'analyse des données montre également qu'un séchage des porcelets à la naissance réduit significativement la mortalité et favorise la remontée de la température corporelle durant les 24 premières heures. Même constatation concernant la température du nid. «  Nous avons constaté que des températures mesurées jusqu'à 40 °C sont très favorables à la vigueur des porcelets  ». Philippe Leneveu souligne que «  ce travail montre à quel point tout ce qui peut favoriser le réchauffement du porcelet après la mise bas est primordial pour assurer un bon démarrage  ». Il constate aussi que la mesure de la température rectale des porcelets à 24 heures est facile à réaliser par les éleveurs et les techniciens. « C'est un critère pratique et synthétique d'évaluation de la prise colostrale et du niveau des pertes caloriques subies par les porcelets  », conclu-il.

Thierry Solignac, responsable nutrition porc Eureden

Thierry Solignac, responsable nutrition porc Eureden
Thierry Solignac, responsable nutrition porc Eureden © D. Poilvet

« Un outil d'aide à la décision basé sur des critères objectifs »

« Suite à cette étude réalisée par le service nutrition d'Eureden, nous avons créé un outil d'aide à la décision qui permet d'exploiter à la fois les données de température corporelle et de poids des porcelets 24 heures après la mise bas. Nous avons établi un protocole basé sur des mesures de 10 porcelets au moins par portée, et de 10 portées par élevage. Certains modèles de thermomètres permettent de prendre la température rectale d'un porcelet en 10 secondes. À ce jour, 3 500 porcelets ont été mesurés 24 heures après la mise bas chez les adhérents d'Eureden. Leurs paramètres ont été comparés à la base de données qui a permis d'établir nos références.L'objectif principal est d'avoir au moins 70 % des porcelets de la portée dont la température corporelle est supérieure à 38,5 °C. Avec le poids des animaux ces deux critères constitutifs des données objectifs qui permettent, si besoin, d'engager une réflexion sur la pertinence des mesures déjà prises et sur les moyens à mettre en œuvre pour améliorer la prise colostrale avec une approche beaucoup plus qualitative. Ceci est un levier indispensable dans le contexte d'une approche sanitaire préventive ».

Rédaction Réussir

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