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Cinq questions à se poser sur les maternités liberté

Les chambres d’agriculture de Bretagne ont accumulé une expertise technique qui leur permet de répondre aux questions les plus courantes des éleveurs sur la libération des truies en maternité.

Des caméras sont installées en élevage par la chambre régionale d'agriculture de Bretagne pour le suivi de cases de maternité en liberté en élevage. Les changements de comportement des animaux autour du jour d’ouverture des cages sont étudiés pour comprendre les écrasements de porcelets.
© Chambre d'agriculture de Bretagne
La réglementation va obliger à élever les truies libres en maternité ?

Il est peu probable qu’une réglementation européenne exige de loger les truies libres en maternité au cours des dix à quinze prochaines années. À l’heure actuelle, la Commission européenne n’est pas sur la logique de réglementer davantage l’élevage porcin. Elle se positionne plutôt sur l’application de la réglementation en vigueur qui interdit par exemple la caudectomie en routine ou demande la présence d’eau en permanence quel que soit le mode d’alimentation des porcs.

En revanche, certains pays ont adopté cette mesure dans leur réglementation nationale pour tous leurs élevages (Norvège, Suède, Suisse) et d’autres l’adopteront prochainement (Autriche). Toute la production n’est pas toujours engagée vers ce mode d’élevage, à l’exemple du Danemark qui s’est prononcé pour loger 10 % de ses truies en liberté d’ici 2021. La liberté des truies en maternité est également affichée dans certains cahiers des charges à l’étranger pour un haut niveau de bien-être de l’animal. C’est le cas, par exemple, en Allemagne pour le niveau premium de l’initiative Tierwohl ou au Pays-Bas avec Beter Leven où, dès le niveau deux étoiles, les truies peuvent être bloquées au maximum cinq jours.

Si l’élevage des truies libres en maternité se développe en France, cela se fera probablement davantage par le développement de cahiers des charges à l’initiative de filières de production, ou par le souhait d’éleveurs d’adopter une technique qui favorise le bien-être de leurs porcs et répondre à des critiques sociétales, qu’en réponse à une demande réglementaire stricte.

Certaines cases de maternité sont-elles mieux que d’autres ?

On peut évaluer les cases de maternité selon plusieurs modalités. Par rapport au travail de l’éleveur (transfert des truies, facilité de fouille lors de la mise bas, surveillance…), à la manière dont la truie et ses porcelets utilisent l’espace disponible, aux blessures engendrées par la case et le sol sur les animaux ou à l’hygiène de la case. Les chercheurs danois du Seges, qui ont évalué dix modèles de case, montrent qu’il n’y a pas de case idéale (voir Réussir Porc, janvier 2018), chacune ayant ses avantages et ses inconvénients. Il convient cependant d’être encore plus vigilant que pour des cases bloquées sur la robustesse du matériel. Choisir une case avec les meilleures caractéristiques pour la truie et les porcelets peut se faire au détriment de certaines conditions de travail. En revanche, privilégier absolument les conditions de travail en rognant trop sur les conditions de logement des truies et des porcelets peut amener à se poser la question sur l’intérêt de cet équipement vis-à-vis du bien-être animal.

Quelle est la surface idéale d’une case ?

Les types de cases utilisés dans différentes stations de recherche, ou installées dans des élevages de production, se différencient par la surface des cases. Pour des systèmes sur caillebotis, l’emprise au sol varie de 5,5 m² à 7,4 m². Les systèmes les plus grands sont aussi ceux pour lesquels une niche pour porcelets vient se greffer à l’extérieur de la case de maternité. C’est par exemple le cas à la station de Guernévez où, pour la salle la plus récente, la niche de 1,2 m² est décalée du reste de la case. L’augmentation de la surface des cases de maternité est une tendance observée quel que soit le mode de contention, pour accompagner l’augmentation de la taille des portées. Les équipementiers peuvent ajuster la dimension des cases aux caractéristiques du bâtiment. Attention cependant aux cases trop petites, choisies parfois pour limiter le coût du bâtiment, qui risquent de s’accompagner d’une difficulté de gestion des grandes portées, de conditions de travail dégradées lorsqu’il faudra entrer dans la case, et de surface disponible pour la truie libre non optimisée. Une emprise au sol de 5,7 à 5,8 m² est un seuil en dessous duquel il risque d’être compliqué de gérer correctement la liberté des truies.

Une surface au sol importante n’est cependant pas nécessairement synonyme d’espace important pour la truie libre une fois le réfectoire ouvert. Selon l’agencement du réfectoire, situé au milieu de la case avec les deux côtés qui sont ouverts, ou un réfectoire situé sur le côté de la case, le résultat en termes d’espace de liberté disponible est très variable. Il se situe entre 3,5 m² à 4,1 m² pour un rapport « surface de liberté » sur « surface d’emprise au sol » qui varie entre 55 % et 73 %. Les premiers retours d’éleveurs et d’équipementiers suggèrent de privilégier une case plutôt carrée qu’une case rectangle, ceci pour permettre de grandes longueurs de couchage pour les truies.

A-t-on tous les éléments pour conseiller les éleveurs sur l’aménagement et la conduite des animaux ?

Les résultats obtenus sur la liberté des truies dans stations des chambres d’agriculture en Bretagne, à Guernévez, et dans les Pays de la Loire, aux Trinottières, donnent des références essentielles sur ce mode de logement. La plupart des équipementiers proposent aujourd’hui des cases liberté, dont certaines sont encore en phase de test. Les éleveurs peuvent également bénéficier de l’expérience obtenue dans des pays du nord de l’Europe, par certains équipementiers étrangers présents sur le marché français.

Peu d’élevages sont pour le moment équipés en France, mais de nombreux éleveurs sont en phase de test. Dans la plupart de ces élevages, les truies en liberté ne représentent qu’une partie des maternités, le reste des cases étant un système de contention classique. La chambre d’agriculture de Bretagne réalise actuellement une enquête dans des élevages équipés de cases liberté, ainsi qu’un suivi régulier de certains d’entre eux. Plusieurs types de cases font l’objet du suivi, développés par des équipementiers français et étrangers. L’objectif est de faire l’état des lieux des équipements et des pratiques, et de mesurer certains paramètres tels que l’utilisation du nid par les porcelets, les conditions de travail, ou les performances de reproduction des truies.

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