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Quels sont les défis à relever pour maintenir l’élevage de porcs en France?

L’assemblée générale de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) a souligné les difficultés que rencontre l’élevage de porc. Mais il existe des raisons d’espérer.

La production porcine dans l’Hexagone devrait se situer autour de 22 millions de porcs en 2023 contre 23,36 millions en 2022 et 24,1 millions en 2020.

Le taux d’autosuffisance en viande porcine recule et il est probablement passé sous la barre des 100 %. Dans ce contexte, comment retrouver de l’élan ? Comment réussir à bâtir de nouveaux projets, inciter à la reprise d’élevages, investir pour l’avenir ? Pour Michel Bloc’h, président de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB), l’élevage a deux défis à relever, a-t-il expliqué, lors de l’assemblée générale de la structure en décembre dernier : « l’investissement et le renouvellement des élevages pour assurer la performance économique, environnementale, le bien-être animal et le défi du collectif des éleveurs ».

Production maximale durable

Pour le futur, l’Ouest conserve tous ses atouts et sa population « garde sa confiance dans l’alimentation », soulignait le président de la région Bretagne Loïg Chesnais-Girard, présent à la table ronde qui faisait suite à l’AG. « L’Ouest de l’Europe reste une terre propice à l’élevage. Avec ses spécificités de production (lait, porc, volailles, légume), la Bretagne doit poursuivre ses efforts pour renouveler son agriculture dans les limites que nous impose le réchauffement climatique. Il y a un chemin de développement pour l’agriculture : la production maximale durable. » Elle consiste à réduire leur empreinte carbone en limitant ses émissions et en renforçant son autonomie protéique.

Une fiscalité appropriée pour la transition écologique

C’est de toute façon le bon sens économique : réduire ses intrants optimise la performance économique et environnementale. Mais cette transition a évidemment un coût qu’il faudra bien payer. C’est par une fiscalité appropriée qu’on pourra financer cette transition, si possible « à l’échelle européenne, ajoute le président de la région Bretagne. Mais il faut pouvoir aller plus loin, par exemple en instaurant des clauses miroir aux produits d’importation sur des exigences sociales environnementales ». Enfin, il est nécessaire que la France accepte que les filières d’élevage organisées en organisations de producteurs (OP) puissent mettre en place « des programmes opérationnels pour encourager les éleveurs à s’organiser, à jouer collectif », souligne Michel Bloc’h. Une demande récurrente partagée par les trois associations d’OP de l’Ouest en porc (Porc Grand Ouest), lait (Poplait) et légumes (Cerafel).

L’UGPVB vent debout contre la directive IED

Dans une note cosignée par la plupart des interprofessions régionales porcines et avicoles, l’UGPVB affirme que l’extension du champ d’application de la directive IED (émissions industrielles) à la plupart des élevages de porcs et de volailles, et les contraintes supplémentaires qui l’accompagnent pourraient déstabiliser profondément les élevages à capitaux familiaux en France. « Avec cette directive, on veut appliquer à une activité agricole et familiale des règles conçues pour encadrer l’industrie », déplore Michel Bloc’h. Par ailleurs, tous les experts environnementaux soulignent qu’en porc et en volaille, un changement de réglementation ne s’avère pas nécessaire au regard de l’objectif de réduction des émissions d’ammoniac et de gaz à effet de serre. « À ce jour, la ferme France est dans une trajectoire de respect de ces objectifs. » Selon une étude d’impact de la Commission européenne, la baisse permise par l’application de cette directive aboutirait à une baisse minime de moins de 3 % des émissions de gaz à effet de serre. En revanche, elle pourrait s’avérer contreproductive au regard d’autres objectifs. « Son application dissuaderait de nombreux projets de modernisation des élevages pour les vingt ans à venir, estime Michel Bloc’h. Elle serait alors durablement en contradiction avec les objectifs de souveraineté alimentaire, de renouvellement des générations en agriculture, et même d’amélioration des performances environnementales des élevages. »

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