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Gérer l'approvisionnement en électricité de son élevage : mieux comprendre le marché 

La hausse des prix de l’énergie, et notamment de l’électricité, interroge les agriculteurs. Des éléments clés permettent d’y voir plus clair dans ce marché devenu complexe.

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Depuis 2008, les marchés de l’énergie sont soumis à de multiples changements réglementaires.
© Réussir SA

L’énergie, quel que soit le secteur d’activité, est un produit essentiel. L’une de ses principales caractéristiques est qu’elle ne se stocke pas, et doit donc être achetée en fonction des besoins sur un marché volatil et réglementé. 

Lire aussi : Hausse de l'électricité : quel retour sur investissement des équipements économes en énergie en élevage de porc

Pour les fournisseurs d’électricité, approvisionner ses clients est un jeu d’équilibriste. Pour proposer un prix, ils s’appuient sur une consommation historique, sans certitude que la consommation future soit identique. 

Lire aussi : « Nous aidons les éleveurs de porcs à acheter leur électricité »

 

 
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Un marché très instable depuis 2022Prix de l’électricité en France (Contrat CAL) © EEX

L’immense majorité des clients achète son énergie sur des produits à terme (fixation du prix aujourd’hui pour une livraison à venir). Le fournisseur corrige les écarts de consommation par rapport au profil prévisionnel en temps réel sur les marchés spot (horaire, journalier). Depuis 2008, les marchés de l’énergie sont soumis à de multiples changements réglementaires qui engendrent de l’incertitude. Ces risques pris par le fournisseur font aujourd’hui partie intégrante des contrats.

Un marché beaucoup plus instable

Historiquement, les consommateurs étaient habitués à une certaine stabilité. Force est de constater que ce temps est révolu. Le marché de l’électricité est devenu plus fluctuant et varie beaucoup selon la disponibilité des réacteurs nucléaires, le contexte géopolitique, le climat…

 

 
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La partie négociable ne porte que sur 50% du prix globalRépartition du prix de l’électricité rendu site © Mtair

Ces dernières années, le prix de l’électricité a atteint des valeurs inédites, liées notamment à un contexte géopolitique très sensible. Après avoir dépassé les 1 000 euros du mégawattheure (MWh) en août 2022, il est redescendu progressivement, pour atteindre un niveau actuel aux alentours de 70 €/MWh, plus élevé que ce que nous avons connu avant 2021. Les prévisions incitent cependant à plus d’optimisme : pour 2025 et 2026, les prix de livraisons de l’électricité se situent aux alentours de 60 euros.

Un prix réparti entre différentes composantes

Lorsque l’on achète de l’électricité à un fournisseur, l’éventuelle négociation ne porte que sur 50 % du prix global, les 50 % restant étant composés de l’acheminement (tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité, Turpe) et des taxes (taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité, TICFE). Le Turpe est un instrument visant à financer l’acheminement de l’électricité des centres de production aux lieux finaux de consommation, à savoir les entreprises, les collectivités ou chez les particuliers. Le Turpe varie notamment selon la puissance du compteur et la tension de raccordement.

La TICFE sert à financer la transition énergétique en France. Elle finance également la lutte contre la précarité énergétique au travers du chèque énergie. Elle était auparavant de 22,50 €/MWh. Du fait de la crise de l’énergie, le gouvernement a baissé la TICFE en 2023, à 0,50 €/MWh. Elle devrait retrouver progressivement son niveau antérieur.

Des prix plus volatils

Les prix devraient se stabiliser sur des niveaux supérieurs de 50 % à ceux d’avant crise, même si la tendance actuelle est inférieure, ce qui est une bonne nouvelle. Cependant, les marchés sont de plus en plus volatils : ils sont très réactifs aux évènements pouvant perturber l’équilibre offre-demande, provoquant une volatilité des prix plus élevée et rendant plus complexe le moment de la prise de décision. Les fournisseurs vont se tourner vers des offres « dérisquées » : ils vont inciter leurs clients à exposer une partie de leur consommation sur les marchés spot, en contrepartie de prix plus compétitifs.

Par ailleurs, les évolutions du cadre réglementaire sont peu lisibles, dans un contexte politique national incertain : disparition de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH), qui permettait à tous les fournisseurs d’acheter de l’électricité à un prix fixe et quasiment toujours inférieur aux prix du marché, passage à un marché 100 % adossé à la bourse de l’énergie, mise en place d’un nouveau dispositif de régulation dont les contours restent à définir.

Anne-Laure Boulestreau-Boulay, anne-laure.boulestreau-boulay@pl.chambagri.fr

Limiter les risques avec les offres groupées

 
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Anne-Laure Boulestreau Boulay Chambre d'agriculture des Pays de la Loire © D. Poilvet

Anne Laure Boulestreau-Boulay, Chambre d’agriculture des Pays de la Loire

« Après des années de stabilité, la crise énergétique a remis en question notre manière d’aborder la question énergétique. C’est pourquoi les organisations de production porcines proposent des offres groupées qui permettent de limiter les risques. En tout état de cause, la première des économies concerne les kWh que l’on ne consomme pas. Connaître ses consommations pour mieux les raisonner, investir dans la production d’énergies renouvelables sont autant de possibilités qui peuvent atténuer les effets des fluctuations de ce marché de l’énergie. »

Quatre points clés pour bien gérer son approvisionnement en énergie

1- Connaître sa consommation : installation de compteurs dédiés à l’élevage, rapports liés aux compteurs Linky, outils spécifiques de suivi… Ceci est indispensable pour, d’une part réaliser des économies en ajustant ses consommations, et d’autre part souscrire à un contrat qui soit le plus adapté à son profil.

2- Anticiper : entamer la réflexion sur son futur contrat bien avant la date de fin de l’actuel, compte tenu de la volatilité des prix.

3- Se rapprocher des groupements d’achat : ceux-ci ont en effet la capacité de négocier en utilisant des mécanismes non activables dans le cadre d’offres individuelles. De plus, ils regroupent des exploitants ayant un profil identique, avec des offres adaptées. Seul bémol : ces groupements sont eux aussi à la merci des évolutions du marché et peuvent être ponctuellement moins compétitifs.

4- Investir en se projetant sur des temps longs (cinq ans et plus).

Rédaction Réussir

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