Une vigilance accrue pour limiter les pertes en maternité liberté
Un essai réalisé par l’Ifip dans sa station expérimentale montre qu’en cases liberté, comme en cases standards, l’utilisation d’une case ascenseur permet de réduire les pertes quand la truie est bloquée. Il met aussi en avant l’importante d’une vigilance accrue et d’une bonne gestion de l’ambiance en maternité liberté.
Un essai réalisé par l’Ifip dans sa station expérimentale montre qu’en cases liberté, comme en cases standards, l’utilisation d’une case ascenseur permet de réduire les pertes quand la truie est bloquée. Il met aussi en avant l’importante d’une vigilance accrue et d’une bonne gestion de l’ambiance en maternité liberté.
Les attentes sociétales sur l’arrêt de la contention des animaux d’élevage vont nécessiter le passage aux cases liberté en maternité, encouragé dès à présent par Inaporc dans sa démarche « Demain le Porc ».
Comment ces cases, où la truie n’est bloquée que quelques jours autour de la mise bas, impactent-elles les performances et le bien-être des animaux ? Limiter le risque d’écrasement des porcelets avec les truies en liberté est un des enjeux majeurs dans le choix de ces systèmes. L’utilisation d’une stalle avec un système ascenseur qui soulève le sol sous la truie quand elle se lève est proposée depuis de nombreuses années pour réduire la mortalité des porcelets. Faut-il appliquer ce concept aux cases liberté ? Un essai a été mené par l’Ifip dans sa station expérimentale de Romillé (Ille et Vilaine) pour répondre à ces questions. Il compare trois types de cases : des cases standards bloquées, des cases simples liberté et des cases liberté avec le système ascenseur. L’essai montre que les cases liberté demandent une vigilance accrue en termes de conduite d’élevage, notamment pour limiter les pertes de porcelets, par rapport aux cases standards bloquées. Le système ascenseur testé dans les cases liberté réduit partiellement les pertes quand la truie est bloquée. Mais ne dispense pas d’une bonne gestion du nid, du chauffage et de la transition contention-liberté.
Moins de pertes en liberté avec l’ascenseur
Les portées étaient de taille similaire à la naissance. Les pertes de porcelets sont principalement observées les premiers jours, quand les truies sont en contention. Les pertes à J5, juste avant l’ouverture des stalles, ont été significativement plus élevées dans les cases liberté sans ascenseur que dans les cases standards bloquées. Au cours de la lactation, les tailles de portée dans les cases liberté avec ascenseur n’ont pas différé statistiquement des deux autres groupes. Elles étaient proches de celles des truies en cases standards à J5 (13,9 porcelets vs 14) et proches des truies en liberté sans ascenseur au sevrage (12,9 vs 12,6). Dans les conditions expérimentales de la station de Romillé, pour standardiser les pratiques entre traitements, les opérateurs interviennent peu sur les porcelets à la naissance. Cela peut expliquer les taux de pertes importants observés et accentuer les écarts entre traitements. Les causes de mortalité des porcelets dans les cases standards ne montrent pas de profil spécifique comparativement à l’ensemble des porcelets de l’essai. En revanche, sur l’ensemble de la lactation, les pertes par écrasement sont plus spécifiquement associées aux cases liberté sans ascenseur alors que les cases liberté avec ascenseur ont moins d’écrasements, mais plus de pertes pour cause de faiblesse.
Des besoins thermiques moins bien couverts dans les grandes cases
Les porcelets ont des besoins thermiques élevés. Ils recherchent la proximité de la truie dans les premiers jours de vie. Les chercheurs de l’Ifip en charge de cet essai ont observé que dans les systèmes liberté, les porcelets étaient moins souvent dans les zones de confort. Ils préféraient largement la lampe située à proximité de la truie au nid chauffé, mais plus éloigné. Dans les cases standards bloquées, les porcelets utilisaient plus la zone chauffée, probablement grâce à la proximité de la lampe et du tapis. De ce fait les besoins thermiques étaient moins bien couverts dans les grandes cases, ce qui peut expliquer des porcelets plus faibles. L’attrait de la mère est alors majeur. Il s’accentue une fois la lampe retirée, ce qui augmente le risque d’écrasement, notamment si la case n’est pas équipée d’ascenseur. Une gestion fine du confort thermique de porcelets (séchage, chauffage…) et de l’ambiance en maternité est donc essentielle pendant les premiers jours, surtout dans les cases liberté.
Des truies plus actives en liberté
La libération des truies n’a pas eu d’effet sur la fréquence et la durée des phases allaitements. Les truies libres ont plus souvent adopté des positions de couchage facilitant l’accès aux tétines (dans plus de 60 % des cas contre 50 % pour les truies bloquées observées dix jours après la mise bas). L’écart n’est cependant pas significatif. Les chercheurs ont constaté plus d’activité, avec un temps passé debout plus important, et une maîtrise plus importante des allaitements. Les truies libres arrêtaient un peu plus souvent les tétées que celles en case bloquées, sans conséquence visible sur les porcelets (non significatif). Les interactions entre les porcelets et leur mère (contacts avec la tête ou les oreilles de la mère) étaient nombreuses dans tous les systèmes. Mais la liberté a permis à une partie des truies de favoriser ces contacts, 10 % des truies libres se couchant avec la tête orientée vers le nid.
Valérie Courboulay, valerie.courboulay@ifip.asso.fr
Trois systèmes comparés en maternité
L’essai a été mené sur onze bandes de 24 truies réparties équitablement dans trois types de cases :
Standard bloqué : case de 4,7 m² et truie contenue en permanence ; les porcelets disposent d’un tapis avec une lampe régulée (zone de confort)
Liberté : case de 6,5 m² et truie en contention du lundi de la semaine de mise bas jusqu’à 5 jours après sa mise bas ; comme zone de confort, les porcelets disposent d’un nid chauffé, et, le jour de la mise bas, une lampe est positionnée à proximité de la truie.
Liberté avec ascenseur : même dispositif que la case liberté simple, mais la cage se soulève quand la truie se lève, et se rabaisse une fois la truie couchée pour éviter d’écraser les porcelets.
L’évolution des portées et l’observation de certains comportements (allaitement, lien mère jeune) ont été faites sur toutes les truies. Des observations complémentaires ont été faites par vidéo sur 25 truies par traitement pour suivre le déroulement des mises bas, la localisation des porcelets sur les 24 premières heures, l’activité de la truie et des porcelets avant l’ouverture de la stalle, le lendemain et trois jours plus tard.
Côté web
Retrouver la publication de cet essai présenté aux Journées de la Recherche Porcine en cliquant ici