Aller au contenu principal

Le prix payé aux éleveurs de porcs français est bien déconnecté de celui pratiqué dans les autres pays de l’UE

La fédération nationale porcine démontre que le prix payé aux éleveurs français est très en retrait des prix pratiqués en Espagne, en Allemagne et au Danemark.

Les références de prix allemands sont basées sur des poids de carcasse chaude, ce qui induit une erreur de 2,5% si on les compare avec les prix français basés sur les poids froids. © D. Poilvet
Les références de prix allemands sont basées sur des poids de carcasse chaude, ce qui induit une erreur de 2,5% si on les compare avec les prix français basés sur les poids froids.
© D. Poilvet

En pleine crise du Covid-19, le principal syndicat des abatteurs, Culture Viande, a lancé un pavé dans la mare, en affirmant le 23 avril dernier qu’« en 2018 et 2019, le prix moyen du porc français a été supérieur à celui de l’Allemagne ». Et que sur les premiers mois de l’année 2020, il n’était que « légèrement inférieur au prix allemand ». Des affirmations que la fédération nationale porcine (FNP) a fermement démenties le 29 avril, accusant les abatteurs d’utiliser de « chiffres partiels qui ne reflètent en aucun cas la réalité de la situation ».

La FNP explique clairement pourquoi l’indicateur allemand ISN utilisé par Culture Viande ne peut être pris en compte pour calculer les écarts entre la France et l’Allemagne. « Il date de 2010, et ne tient pas compte des primes qualité qui ont évolué depuis (+ 2,5 c€/kg sur le prix allemand en 2019) », explique-t-elle. Par ailleurs, ses chiffres sont basés sur les poids chauds, alors que la France paie les éleveurs sur les poids froids. « Soit une différence de 2,5 %. » Enfin, le calcul de Culture Viande considère que la plus-value technique en France est de 19 c€/kg, « alors que les moyennes générales GTE sont de 17 c/kg, soit un différentiel de 2 c€/kg ».

Une base de calcul objective qui tient compte de tous ces éléments a été définie par l’Ifip en 2005. Elle a été reconnue il y a trois ans par le marché du porc breton, qui publie depuis les chiffres issus de cette base dans ses analyses de marché. Dans ses calculs, l’Ifip tient compte des données de l’AMI (Allemagne), du Mercolleida (indicateur du prix du porc en Catalogne) et de Danish Crown pour le Danemark. Selon l’institut, le prix net payé aux éleveurs français en 2019 a été de 1,659 €/kg, contre 1,730 €/kg aux éleveurs allemands. Soit un écart de 7,1 c€/kg en faveur des Allemands. Culture Viande affirme de son côté, que le prix français a été de 1,679 €/kg, contre 1,662 €/kg en Allemagne. Soit une différence de 1,7 c€/kg en faveur des éleveurs français.

Les chiffres de l’UE confirment ceux de l’Ifip

Cette méthode de calcul définie par l’Ifip, un institut technique reconnu par l’État, ne semble pas contestable. L’écart de prix qu’elle révèle « depuis plus de quinze ans en moyenne » est confirmé par les données publiées par l’Union européenne, révèle la FNP. Par rapport aux Allemands, les chiffres européens montrent que le prix payé est systématiquement défavorable aux éleveurs français, excepté l’année 2015. L’écart maximum a été atteint en 2008 (- 12,3 c€/kg).

Le constat est le même avec l’Espagne, bien que la différence de prix soit moins importante (5,1 c€/kg en 2019). Avec le Danemark, où le prix payé aux éleveurs est fortement dépendant des exportations, le bilan avec la France s’équilibre (huit années en faveur de la France, sept à l’avantage du Danemark). Mais en 2020, grâce aux exportations vers la Chine, le prix payé aux éleveurs danois est de loin le plus lucratif de toute l’Union européenne. Depuis le début de l’année (17 premières semaines), un éleveur danois de 200 truies naisseur engraisseur (1) a gagné 49 000 euros de plus que son homologue français. L’éleveur allemand a encaissé 31 700 euros de plus, et l’espagnol 22 600 euros. Des chiffres qui révèlent que le prix payé aux éleveurs constitue, de loin, la première distorsion de concurrence en Europe.

(1) 5 000 porcs vendus par an à 95 kilos de carcasse.

L’Ifip a défini une base de calcul objective des prix payés aux éleveurs européens

Prix payé aux éleveurs en 2020

 

 
Prix payé aux éleveurs en 2020Méthode de calcul : Estimation du prix payé aux éleveurs selon méthode commune Ifip et MPB © MPB, AMI, Mercolleida, Danish ...
MPB, AMI, Mercolleida, Danish Crown. Estimation du prix payé aux éleveurs selon une méthode commune Ifip et MPB

Avis : François Valy, président de la FNP

« Ces écarts de prix déconsidèrent les éleveurs français »

 

 
François Valy, président de la FNP © D. Poilvet
« La FNP dénonce depuis des années la différence de prix payé entre le producteur français et la plupart de ses homologues européens. Les écarts allant jusqu’à 30 c€/kg constaté ces dernières semaines sont inacceptables. Nous avons l’impression que les éleveurs de porcs français sont considérés comme des fournisseurs de minerai. Pourtant, le porc français a aidé les abatteurs, qui ont ainsi pu répondre à la demande de la grande distribution. Nous attendons d’eux une véritable reconnaissance de notre travail, et non une pression permanente sur les prix. »

 

Les plus lus

<em class="placeholder">Les effectifs de sangliers, potentiels porteurs de la fièvre porcine africaine, sont en forte expansion</em>
Les effectifs de sangliers, potentiels porteurs de la fièvre porcine africaine, sont en forte expansion

Le nombre de sangliers abattus chaque année a été multiplié par huit en trente ans.

<em class="placeholder">Coupler l’installation d’un « cooling » avec une bande enherbée devant les entrées d’air peut être une solution intéressante pour refroidir l’air entrant.</em>
Trois stratégies d’éleveurs contre les coups de chaleur en élevage de porcs

Des éleveurs partagent leurs expériences pour améliorer le confort des animaux lors des périodes de forte chaleur à la fois…

<em class="placeholder">La biosécurité c’est partout, pour tous et tout le temps.</em>
Quels sont les freins à la mise en place de la biosécurité dans les élevages de porcs ?

Malgré les formations biosécurité, les audits Pig Connect Biosécurité et les nombreux accompagnements proposés aux éleveurs, l…

<em class="placeholder">Thierry Marchal, FNP</em>
"Les élevages de porcs français sont encore trop peu protégés contre la FPA"

Malgré une stabilisation relative de l’épidémie de fièvre porcine africaine (FPA) en Allemagne et l’Italie, les responsables…

<em class="placeholder">Avec ce nouveau bâtiment, l’Ifip peut conduire des essais comparatifs sur trois modes de logement en parallèle : caillebotis intégral, litière accumulée en bâtiment ...</em>
Un engraissement alternatif de porcs en test à Romillé

En septembre 2024, l’Ifip a terminé la construction sur sa station expérimentale de Romillé d’un nouvel engraissement…

<em class="placeholder">David Riou a présenté l&#039;élevage de porcs et la démarche RSO d&#039;Inaporc à une douzaine de journalistes lors de la visite de l&#039;élevage de Mathis et Estelle. </em>
Inaporc jalonne la route pour une filière porcine attractive

L’attractivité du métier d’éleveur et la bientraitance animale font partie des cinq piliers de la démarche de responsabilité…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)