«J’ai toujours voulu acheter mon élevage de porcs»
Installée seule à la tête d’un élevage de 210 truies naisseur-engraisseur dans le Finistère, Anne Postic cherche à gagner en efficacité au quotidien.
Installée seule à la tête d’un élevage de 210 truies naisseur-engraisseur dans le Finistère, Anne Postic cherche à gagner en efficacité au quotidien.


L’emploi du temps d’Anne Postic est véritablement géré au cordeau. Il faut dire qu’entre son élevage, son implication dans la profession, ses trois enfants et son hobby d’entraîneuse de rugby, l’éleveuse mène une vie bien remplie. Cheffe d’exploitation au caractère affirmé, elle s’est installée seule à l’âge de 37 ans il y a deux ans et demi. « Salariée, je voulais acheter un élevage, c’était mon projet. Après deux années, cela marche bien », reconnaît la jeune installée. Depuis, elle a mis en place une organisation parfaitement adaptée afin de gérer ses 210 truies et les 164 ha de terres attenants à l’élevage. Travaillant en binôme avec une salariée, elles réfléchissent ensemble à simplifier et à soulager les tâches les plus physiques. Innover et investir leur permet de gagner en temps et en efficacité. Salarié de l’exploitation (quart temps), le mari d’Anne Postic, intervient pour gérer uniquement le suivi technique des cultures, dont les travaux sont délégués à l’ETA.
lire aussi : L’agriculture encore loin de la parité homme-femme
Un projet d’installation sans accroc
« Mon installation a mis un an », raconte Anne Postic. Enceinte de son troisième enfant, elle visite une première fois en septembre 2021 à Pleyber-Christ (Finistère), un élevage de 310 truies naisseur-engraisseur avec engraissement partiel inscrit au répertoire départ installation. Après son accouchement, l’élevage n’ayant pas été cédé, elle entame alors son parcours à l’installation lequel inclut un contrat de parrainage de six mois afin de « connaître les détails de l’élevage ». Excepté la complexité des démarches administratives, le projet d’installation est mené « sans difficulté ». Les baux des terres, dont une majorité appartient au cédant, sont signés et les partenaires bancaires adhèrent au projet. « Comme je maîtrisais mon sujet et que je m’affirme, pour les partenaires bancaires, c’était rassurant », concède Anne Postic, auparavant salariée pendant dix ans en élevage de porcs.
Fin janvier 2023, elle s’installe et entame la réorganisation de son nouvel élevage. « Je voulais tout engraisser sur le site », indique-t-elle. Pour être autonome en places d’engraissement, le cheptel est réduit de 100 truies. La conduite en 10 bandes avec un sevrage à 21 jours évolue vers une conduite en 7 bandes avec sevrage à 28 jours. Peu de travaux ont été nécessaires, seul un couloir de 50 mètres entre le post-sevrage et la maternité a été aménagé. Avec la nouvelle organisation, la cheffe d’exploitation a gardé une salariée, Léa, sur les trois salariées employées par le cédant. « À deux sur l’élevage, il fallait bien s’entendre. Nous travaillons en binôme sur tous les postes, cela va plus vite. Nous avons la même façon de voir l’élevage », explique l’éleveuse.
En dehors de son élevage, Anne Postic aime communiquer et valoriser l’image de son métier. C’est pourquoi, elle est engagée dans la commission « communication » de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne. Volontiers investie, elle deviendra prochainement administratrice de son groupement Syproporcs. Reste enfin le temps du week-end, pendant lequel cette superwoman endosse aussi le maillot d’entraîneuse de rugby.
Réduire les contraintes physiques
Au quotidien, salariée et éleveuse recherchent des techniques et des équipements pour soulager l’astreinte physique et gagner en efficacité. Sur les différents postes de l’élevage et en cas de réparations courantes, les deux femmes sont autonomes. Excepté la fois où il a fallu déplacer une truie morte ce qui a nécessité trois personnes. Depuis l’exploitante a investi dans un bras d’Hercule. De même, dès le départ, elle a opté pour un robot de lavage afin de « moins forcer en engraissement ». Aujourd’hui, elle projette d’investir dans deux exosquelettes, pour elle et sa salariée, afin de « préserver le dos et les épaules ». Son autre priorité est l’optimisation du temps de travail. « Sur l’élevage, nous sommes organisées afin que nos horaires soient de 9 h à 17 h. Je veux aussi avoir du temps pour les enfants », indique-t-elle, tout en parvenant à prendre une semaine de congé en été.