« J’ai les mêmes capacités qu’un homme pour conduire un élevage de porcs»
Non issue du milieu agricole, Ophélie Chartier s’est installée seule à la tête d’un élevage de 165 truies, à Cigné en Mayenne.
Non issue du milieu agricole, Ophélie Chartier s’est installée seule à la tête d’un élevage de 165 truies, à Cigné en Mayenne.

Après une première tentative inachevée dans l’Orne, Ophélie Chartier s’est installée en Mayenne, en 2012, à la tête d’un élevage de porcs, dans la commune de Cigné. Non issue du monde agricole, mais titulaire d’un BTS PA, et vivant seule avec ses trois filles, elle a réussi son pari : celui d’une cheffe d’entreprise. Au hameau de Beauchêne, elle possède un élevage de 165 truies, en système naisseur-engraisseur, avec une spécialité : celle d’engraisser uniquement des femelles pour le schéma de sélection Nucléus. « Les mâles sont vendus à 25 kilos, soit environ à 70 jours, à un engraisseur », explique Ophélie Chartier. Elle gère aussi 38 hectares de terre, répartis en « un peu d’herbe mais surtout pour des cultures de vente, avec une alternance maïs – blé – couverts. Je ne garde que 2 hectares de blé pour pailler ma quarantaine. Le reste des cultures est vendu et je délègue la majeure partie des travaux des champs à la Cuma. »
Son installation s’est faite à la suite de tiers qui « faisait du lait et des cochons. J’ai gardé la production de cochons et les bâtiments ».

Pouvoir s’organiser, savoir s’adapter
« Ce qui me plaît dans ce métier c’est qu’il est assez complet. Je suis à mon compte, donc je peux gérer mon temps. Et puis, avec une conduite toutes les quatre semaines, je connais mon planning à l’année, ce qui me permet de m’organiser pour moi et ma famille », détaille-t-elle. Sa journée type commence vers 6 h 30 et se termine vers 17 h 30. Si les trois premières années ont été compliquées parce qu’il « fallait se donner à fond dans les travaux de réaménagement des bâtiments, l’élevage et la paperasse », elle ne regrette pas son choix professionnel. « C’est un métier où, si le planning est régulier, il faut souvent s’adapter car, chaque semaine, on a toujours des situations d’urgence à gérer », continue celle qui réalise les échographies sur ses truies, mais fait aussi les travaux de bricolage si nécessaire. « On peut tout apprendre, même si on est une femme », revendique-t-elle. Et d’insister : « en m’installant, je me suis toujours dit que j’avais les mêmes capacités qu’un homme ! »
Quant aux difficultés rencontrées dans sa profession, elle les résume au « temps passé pour la paperasse. Il faut compter une journée par semaine et, depuis mon installation en 2012, on nous en demande encore plus ! » Cependant, « il n’y a pas une fois où je me suis dit que je n’y arriverai pas. Et puis, on peut toujours se faire aider. Au fil des années, on se crée un réseau. » Notamment le voisinage qui a toujours été bienveillant, ainsi que son père, retraité, mais déclaré pour de l’aide jusqu’à 15 heures par semaine. « J’ai déjà essayé d’embaucher, mais cela n’a pas abouti. J’ai besoin d’un salarié à mi-temps, mais pas quelqu’un qui travaille dans un autre élevage de porcs car je suis très stricte sur le sanitaire. Aujourd’hui, si le sanitaire est remis en cause, cela remet aussi en cause mes contrats. » Ophélie est donc très vigilante sur la biosécurité dans son élevage et aux abords, avec les visiteurs, comme les stagiaires qu’elle accueille régulièrement.
« J’ai découvert le métier lors d’un stage découverte »
Line Pichereau s’est prise de passion pour le cochon, après un stage « découverte » sur l’élevage d’Ophélie Chartier.

« Ce qui me plaît dans ce métier ? D’abord le fait qu’il soit très cyclique. Et puis j’aime beaucoup les mises bas », explique Line Pichereau, 24 ans. Embauchée depuis près de deux ans dans l’élevage de porcs de Laurent Boscher (SCEA La Colinière, spécialisée dans la sélection, située à Argentré en Mayenne), Line Pichereau voulait « être sage-femme ». C’est lors d’un stage « découverte », réalisé chez Ophélie Chartier, qu’elle découvre ce qui sera son futur métier. « Ce stage, ça a été le déclic », résume-t-elle. Line Pichereau enchaîne alors un Bac STAV, un BTS Acse, puis un CS Porc à la ferme expérimentale des Trinottières (Montreuil-sur-Loir dans le Maine-et-Loire), formation pendant laquelle elle est alternante chez Terrena. Désormais salariée de la SCEA La Colinière, elle apprécie le travail en équipe (un chef d’exploitation, quatre salariés et un stagiaire).