Inaporc jalonne la route pour une filière porcine attractive
L’attractivité du métier d’éleveur et la bientraitance animale font partie des cinq piliers de la démarche de responsabilité sociétale Demain Le Porc, présentée à la presse sur le site d’élevage rénové de Mathis Talec dans le Finistère.
L’attractivité du métier d’éleveur et la bientraitance animale font partie des cinq piliers de la démarche de responsabilité sociétale Demain Le Porc, présentée à la presse sur le site d’élevage rénové de Mathis Talec dans le Finistère.

Après deux années de travaux, la démarche de responsabilité sociétale des organisations (RSO) Demain Le Porc initiée par l’interprofession porcine voit le jour. Présentée à la presse, cette démarche collective et volontaire, veut engager la filière porcine sur une « bonne » trajectoire durable et attractive d’ici à 2035.
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Cinq piliers ont été ainsi définis : la souveraineté alimentaire, l’attractivité de la filière, la protection de l’environnement, la bientraitance animale et la sécurité sanitaire. En effet, même si la production porcine française se stabilise autour de 21,9 millions de porcs abattus en 2024, l’abattage a diminué de l’ordre de 7 % en 10 ans et la consommation de viande de porc de 3 %. La filière porcine française qui fournit 98,9 % de la consommation globale du marché français voit sa production à peine suffisante. « Nous ne sommes plus autosuffisants », atteste Anne Richard, directrice d’Inaporc, car la France a perdu près de 25 % de ses élevages entre 2014 et 2024. La relève est insuffisante d’où l’importance d’un métier attractif et d’exploitations transmissibles.

"Trouver la meilleure trajectoire"
Avec cette démarche volontaire et collective, l’interprofession porcine veut engager l’amont comme l’aval de la filière. « La RSO veut s’inscrire dans la durée tant sur le plan environnemental, sociétal et économique », précise David Riou, éleveur de porc et coprésident du groupe RSO. « Notre objectif est de trouver la meilleure trajectoire de production ». L’équation peut paraître simple en apparence mais il faut parvenir à un équilibre entre une production économiquement rentable, respectueuse de l’environnement et du bien-être animal mais aussi attractive pour les jeunes… et les consommateurs. Côté éleveur, on veut que l’aval de la filière s’engage dans cette démarche RSO en soutenant notamment l’offre de porc français dans les rayons des magasins. Pour parvenir à cette équation, la feuille de route a été jalonnée de 14 objectifs mesurables.
Attirer de jeunes agriculteurs
Pour illustrer le renouvellement des générations et la bientraitance animale, Inaporc a invité une douzaine de journalistes parisiens et locaux sur l’élevage de Mathis et Estelle Talec à Cléden-Poher dans le Finistère. Ce site de 270 truies naisseur-engraisseur a été restructuré et rénové en plusieurs étapes depuis l’installation de Mathis en 2019. 4 millions d’euros ont été investis en 5 ans pour transformer la ferme familiale. La visite de la nouvelle maternité liberté de 72 places dans une salle lumineuse de 757 m² (conduite en 4 bandes sevrage à 21 jours) montre des truies libérées avec leurs porcelets dans des cases de 7,7 m². Les éleveurs ont investi 1,45 million € entre la maternité liberté, le bureau, le sas et la verraterie liberté que les éleveurs terminent d’équiper. « En 2035, notre objectif est d’atteindre 50 % des truies en bâtiment liberté, verraterie et maternité », précise la directrice d’Inaporc.
Sur le même site, les visiteurs découvrent également des installations récentes et de bonnes conditions de travail : un bâtiment de truies gestantes sur paille, une FAF, deux trackers pour la production d’électricité… L’Earl Le Lann emploie trois salariés (dont Estelle). L’organisation du travail permet à Mathis de prendre un week-end par mois et trois semaines de congé en été. « J’espère prendre plus ensuite », confie l’éleveur qui pratique toujours le football malgré un emploi du temps bien rempli. Grâce aux résultats techniques au rendez-vous, les études économiques ont été validées par le partenaire bancaire qui a soutenu le projet d’investissements. Pour Mathis, la mise en liberté des truies est une évidence, « à 28 ans, le bâtiment fera ma carrière », résume-t-il.
L’attractivité du métier d’éleveur est cruciale pour la filière. « Aujourd’hui, un tiers des élevages sont détenus par des éleveurs de plus de 55 ans », rappelle Anne Richard. La démarche RSO prévoit en 2025 la création d’un diagnostic de transmissibilité des élevages et un travail sur l’identification des leviers financiers ainsi que la création d’un baromètre de la qualité de vie au travail.
« En 2035, notre objectif est d’atteindre 50 % des truies en bâtiment liberté, verraterie et maternité »
Les 5 volets de la démarche RSO Demain Le Porc
L’interprofession porcine a mis des jalons dans chacun des 5 volets de sa démarche RSO Demain Le Porc. En plus de la bientraitance animale et de l’attractivité de la filière, la protection de l’environnement, les garanties de sécurité sanitaire et l’offre de porc français complète la démarche. Vigilante sur l’offre de porc français, Inaporc a fixé deux objectifs pour 2035, à savoir qu’un produit sur deux dans les linéaires des magasins porte le logo "Le Porc Français" et que la France redevienne autosuffisante à 100 %.
Autre sujet, celui de l’environnement où deux des quatre objectifs consistent à réduire de – 25 % les émissions de GES de la filière et les émissions d’ammoniac en élevage pour 2035 (depuis 2015).
La démarche RSO reste toutefois volontaire. Pour David Riou, il est évident que l’engagement des éleveurs doit aller de pair avec l’engagement de l'aval. Pour rappel, l’interprofession nationale porcine regroupe cinq collèges : la fabrication d’aliments, la production, l’abattage - découpe, la transformation et la distribution.