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Immunocastration des porcs : qu’en pensent les consommateurs ?

L’immunocastration est une méthode de castration méconnue des consommateurs. Mais certaines réticences à consommer de la viande de porcs immunocastrés peuvent être levées par l’apport d’informations.

L’enquête du LIT Ouesterel montre une méconnaissance des consommateurs interrogés sur la notion d’immunocastration.
L’enquête du LIT Ouesterel montre une méconnaissance des consommateurs interrogés sur la notion d’immunocastration.
© Zoetis

Depuis le 1er janvier 2022, début de l’interdiction de la castration à vif des porcelets en France, le recours à la castration non chirurgicale (immunocastration) fait toujours figure d’exception.

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Une enquête, réalisée par le LIT Ouesterel auprès de 61 professionnels de la filière porcine française (éleveurs, abatteurs, transformateurs, distributeurs, etc.), a révélé que l’incertitude quant à la réaction des consommateurs était la principale explication de cette faible utilisation. Pour répondre à cette interrogation, le LIT Ouesterel a donc lancé une nouvelle étude, en partenariat avec l’Ifip et Inrae. Elle visait à recueillir la perception actuelle de l’immunocastration par les consommateurs français et, par extension, leur acceptabilité à consommer de la viande porcine issue de cette méthode de castration. Un total de 297 Français ont répondu à une série de questions sous la forme d’un sondage publié en ligne entre les mois de juin et novembre 2022. L’enquête montre une méconnaissance des consommateurs interrogés sur la notion d’immunocastration. Près de 95 % d’entre eux n’ont jamais entendu parler de cette technique. Instinctivement, aidé par l’étymologie du terme, les répondants comprennent qu’il s’agit ici d’une injection faisant réagir le système immunitaire de façon à rendre l’animal stérile. Mais ils s’avèrent plus partagés quant à la nature du produit injecté pour y parvenir : la majorité penche pour l’injection de produits chimiques, tandis que d’autres y voient plutôt celle d’hormones ou bien d’anticorps.

Une majorité de consommateurs hésitants sans informations

Spontanément, 9 % des répondants se déclarent tout à fait prêts à acheter ce type de produit. La majorité se montre hésitante, avec 76 % de réponses « pourquoi pas » et « pas vraiment ».

 

 
Immunocastration des porcs : qu’en pensent les consommateurs ?

Les autres sont réfractaires (15 % de réponses « pas du tout »). Après une explication succincte de cette méthode, les réponses évoluent. Au total, 59 % des consommateurs se déclarent alors plus favorables à la consommation de viande porcine immunocastrée (en sommant toutes les réponses qui passent à un niveau d’acceptabilité supérieur par rapport à la question précédente), 35 % n’ont pas changé d’avis et 7 % se sont déclarés moins favorables après l’explication. Quoi qu’il en soit, 77 % des consommateurs interrogés déclarent souhaiter savoir si la viande achetée provient d’un porc immunocastré. Pour 8 consommateurs sur 10, cette information n’est pas demandée dans le but de modifier leur acte d’achat, mais plutôt dans celui d’avoir la pleine connaissance du produit acheté afin de contrôler au mieux leur alimentation. Pour accéder à cette information, 84 % d’entre eux proposent l’ajout d’une mention sur l’étiquetage. Les résultats de cette étude laissent donc supposer une bonne acceptabilité de la viande de porcs immunocastrés par les consommateurs français, dès lors qu’ils ont compris en quoi cette méthode consistait. En déterminant comment le faire efficacement, certaines réticences de la filière porcine pour développer cette pratique pourraient donc être levées.

Repères

L’association LIT Ouesterel [Laboratoire d’innovation territorial Ouest territoires d’élevage] fédère un ensemble d’acteurs de l’ouest de la France (groupements d’éleveurs, chambres d’agriculture, organismes de recherche, entreprises…) soucieux de réconcilier élevage et société. Lieu de concertation, de consultation mais également espace de travail laissant une large place à l’innovation ouverte, l’association constitue un véritable laboratoire vivant.

« Informer le consommateur : entre nécessité et risque pour la filière »

Yannick Ramonet, Chambres d’agriculture de Bretagne

 

 
Yannick Ramonet, Chambres d’agriculture de Bretagne
Yannick Ramonet, Chambres d’agriculture de Bretagne © Chambres d'agriculture de Bretagne

« Une partie des éleveurs de porcs craignent le développement de l’immunocastration au motif du risque de perte d’image de la viande de porcs si cette pratique est associée à une intervention sur le vivant. Le risque est réel quand on voit les déclarations des consommateurs non avertis. Informés, ces mêmes consommateurs changent leur représentation et se déclarent prêts à acheter de la viande de porcs immunocastrés. Reste à travailler sur la méthode d’information. Mal conçu, le risque est d’exposer des pratiques non connues et de donner des arguments à des opposants à l’élevage. »

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