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Pomme à cidre bio : les points clés pour conduire son verger

La gestion d’un verger de pommiers cidricole en agriculture biologique diffère d’un verger de pomme de table sur de nombreux points, comme pour l’enherbement ou encore l’éclaircissage.

L’arboriculture cidricole se distingue de la pomme de table par ses variétés. Elles sont riches en polyphénols (tanins) et ont un caractère d’acidité plus ou moins marqué. Elles sont moins sensibles aux ravageurs et maladies mais sont très florifères, et donc sensibles au phénomène d’alternance de production. Le mode de récolte se distingue également de son homologue de table, et sa valorisation est différente. Les fruits sont ramassés mécaniquement au sol et destinés exclusivement à la transformation en produits cidricoles, mais aussi de plus en plus en jus ou compote. Pour la réussite d’un verger cidricole conduit en bio, il faut dès sa conception avoir une réflexion d’ensemble et utiliser des leviers agronomiques, comme le choix de la variété et du porte-greffe. Il est préférable d’éviter les variétés les plus sensibles aux ravageurs et maladies, comme la tavelure et la moniliose fleur ainsi que les variétés les plus alternantes.

Le porte-greffe doit être choisi suffisamment vigoureux, en bonne adéquation avec la vigueur de la variété pour optimiser le volume de l’arbre et assumer la concurrence de l’enherbement à l’âge adulte. Historiquement, le porte-greffe le plus utilisé était le M106. Il est aujourd’hui abandonné en raison de sa sensibilité au phytophthora au bénéfice du M116 ou du M111. Les distances de plantations sont également à réfléchir pour favoriser des vergers aérés tout en favorisant la productivité par hectare. Les distances moyennes utilisées sont de 5 m à 5,5 m sur l’interrang et 1,8 m à 2,5 m sur le rang. Le verger cidricole traditionnel n’était pas palissé. Désormais, il l’est de plus en plus souvent au minimum sur 1 fil et sur 3 fils pour certaines variétés.

Une gestion de l’enherbement cruciale

L’environnement parcellaire est également à considérer. Il influe directement l’installation durable d’une biodiversité fonctionnelle contributrice à la régulation des bioagresseurs. La présence de haies, la pose de nichoirs, une diversité floristique au travers du semis d’espèces fleuries sont autant d’éléments qui peuvent participer à cet enrichissement utile du milieu. Ces leviers mis à part, on dispose aussi de solutions d’interventions directes et efficaces pour garantir une bonne protection sanitaire. En s’appuyant sur l’OAD (outil d’aide à la décision) Rimpro, des travaux récents ont permis de proposer une grille de décision avec une valeur de risque RIM spécifique selon l’inoculum et la sensibilité de la variété en dessous de laquelle aucune intervention n’est réalisée. Les résultats obtenus sur tavelure sont tout aussi bons qu’en protection conventionnelle avec les produits AB à effet préventif mais également curatif, en tenant compte des délais pour chaque produit. En moyenne, deux à quatre interventions par an suffisent à gérer le problème tavelure en pommes à cidre et cela peut monter jusqu’à huit sur les variétés sensibles type pomme à jus.

Le problème majeur en jeune verger bio est la gestion de l’enherbement sur le rang. Lors des premières années, il est important que l’arbre se développe au maximum afin de construire son volume et ainsi d’optimiser sa future production. Différentes solutions techniques ont été expérimentées par la chambre d’agriculture de Normandie. Les résultats ont démontré que l’enherbement à la plantation était à proscrire au moins jusqu’à la 3e ou 4e feuille, car trop concurrentiel. Il entraînerait un retard dans la production, qui reste visible des années plus tard. Les couverts testés de type mulchs et bâches tissées limitent cette concurrence mais ont leurs inconvénients et contraintes, comme leur coût, la gestion de l’enlèvement et leur dégradation. Ces dernières années, avec le développement de nombreuses jeunes plantations en AB et les aides financières possibles, c’est le plus souvent l’équipement en outil de travail du sol qui a été retenu. En verger adulte, la récolte au sol impose l’enherbement total.

Des solutions à trouver pour l’éclaircissage

Dans le cas d’une conversion d’un verger conventionnel adulte, la régularité de production est le sujet le plus crucial puisque les variétés cidricoles sont très sujettes à l’alternance. Il n’y a pas de produit homologué pour usage d’éclaircissage en AB. Les nombreux essais réalisés ont montré que la bouillie sulfo-calcique est le seul produit présentant un intérêt potentiel, et l’ajout d’huile améliore son efficacité. Le secouage des arbres au stade jeunes fruits a démontré une efficacité, mais aléatoire et non reproductible selon les années et variétés, et l’élimination mécanique des fleurs (Darwin ou Eclairvale) n’a donné aucune efficacité dans les essais sur le retour à fleur. La solution la plus pertinente pour une production plus régulière serait de combiner des applications de bouillie sulfo-calcique en période florale avec un secouage des arbres au stade petits fruits. Ces techniques doivent continuer à être travaillées pour apporter des résultats plus constants et tenter de faire homologuer la bouillie sulfo-calcique pour l’usage éclaircissage. Après une conversion en bio, la fertilisation azotée doit être adaptée. Le passage d’un système désherbé sur le rang à un enherbement total induit une concurrence nouvelle de l’herbe avec l’arbre. Afin d’en limiter les effets sur le niveau de production, il faudra donc augmenter l’apport d’azote, à réaliser sous une forme organique rapidement assimilable.

La pomme à cidre ne craint pas que la tavelure

Oïdium : peu présent en général en pomme à cidre sauf quelques variétés sensibles ; bien maîtrisé avec deux à quatre interventions par an avec soufre et bicarbonate de potassium
Monilia sur fleur : limité à quelques variétés mais maîtrise difficile en AB ; variétés très sensibles à éviter en AB
Puceron cendré : en général un seul traitement, notamment en jeune verger. En verger adulte selon les variétés et les secteurs géographiques la régulation naturelle peut suffire
Anthonome : rencontré fréquemment et géré avec une intervention voire deux en cas de forte pression
Hoplocampe : assez fréquent ; bonne efficacité des extraits de Quassia amara
Carpocapse : pression assez faible ; une intervention en moyenne avec le virus de la granulose sur les variétés cidricoles et trois à quatre sur les variétés à jus

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