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Sortie du centre de sélection
Une sélection dynamique en Texel

Entre concours et ventes aux enchères, l’organisme de sélection de la race Texel dynamise la relation entre sélectionneurs et éleveurs français et internationaux.

L’OS Texel ne manque pas d’idées pour mobiliser ses éleveurs et sélectionneurs. L’organisme de sélection prévoit chaque année en début d’automne une journée pour la sortie des agneaux du centre de sélection, situé dans l’Aisne. C’est l’occasion d’élire l’agneau de l’année, de repérer les huit agneaux qui resteront en station d’insémination et d’acheter les meilleurs animaux lors des ventes aux enchères. Ils étaient près de 250, éleveurs allaitants et sélectionneurs, pour tenter de ramener chez eux le champion 2019, très prometteur pour la reproduction d’après son index. En effet, l’agneau n° 79, puisque c’est lui qui a remporté le concours du jour, possède la note globale la plus élevée du lot, soit 128. « Les notes sont attribuées par un jury composé de deux sélectionneurs expérimentés et d’un autre plus jeune dans cette pratique, souligne Benoît Lévêque, membre de conseil d’administration de l’OS Texel. Les agneaux qui entrent en station, âgés de 90 jours, sont évalués selon trois critères bouchers : la croissance (nous faisons de nombreuses pesées), l’épaisseur du gras et la qualité de la noix de côtelette que nous déterminons par échographie et la conformation (épaule, rein et gigot) évaluée par le jury. » Les agneaux ne sont pas seulement jugés sur leurs qualités bouchères mais également sur les valeurs laitières et maternelles transmises par leurs parents. La commission d’évaluation va également vérifier les aptitudes fonctionnelles telles que les aplombs, la taille et la conformation testiculaire, le respect des standards de la race (qualité de la laine, apparence, couleur, etc.), qui sont des critères éliminatoires. L’ascendance de l’agneau a évidemment son importance puisque selon les indices du père et de la mère, il sera admis ou non au centre de sélection.

Les recommandés mixtes, l’élite de la race

De ces notations découlent deux catégories. D’une part, les recommandés mixtes (ou RDM) qui ont de bonnes valeurs d’élevage et les meilleures performances bouchères. Ils représentent en quelque sorte l’élite de la race et sont destinés à la sélection. L’autre catégorie, les recommandés croisement (RDC), est constituée des agneaux avec des notes un peu inférieures aux RDM. « Les recommandés croisement restent néanmoins de très bons animaux, qui dévoileront un excellent potentiel en croisement terminal », explique Benoît Lévêque. Les RDM partiront donc pour la grande majorité en élevages allaitants où les qualités bouchères qu’ils conféreront à leur descendance sont très recherchées. Cependant, seuls les RDM sont vendus lors de la vente aux enchères, la vente des RDC se fait sous enveloppe cachetée. L’offre la plus avantageuse sera retenue. « Cette année, nous avons 80 RDM et 50 RDC, se réjouit Benoît Lévêque. C’est normal qu’il y est plus de RDM que de RDC car nous présentons les meilleurs agneaux de nos élevages » Les membres de l’OS tiennent à conserver une haute exigence sur la qualité des agneaux, pour « ne pas se reposer sur les acquis » et « toujours faire progresser la race. »

Une diffusion à l’internationale

Selon les mots de l’ex-président, par ailleurs sélectionneur dans l’Aisne, c’est au centre de sélection que chaque année se joue l’avenir de la race Texel. Et sa diffusion. Car des éleveurs internationaux, il y en a et pas seulement des pays limitrophes. En effet, si l’OS compte parmi ces clients réguliers des Belges, des Italiens, des Suisses, des Allemands ou encore des Luxembourgeois, elle peut aussi se targuer d’envoyer sa génétique jusqu’en Iran, en Amérique du Sud (Brésil, Chili) ou encore en République Tchèque. « La génétique française plaît beaucoup à l’étranger car la sélection se fait sur une multitude de critères d’évaluation et pas seulement la conformation bouchère », analyse Benoît Lévêque. Les critères de sélection sont toujours en évolution, pour correspondre au mieux aux attentes des éleveurs. « Nous travaillons sur la précocité et la rapidité de finition des agneaux car, avec les sécheresses qui se succèdent, les éleveurs préfèrent pouvoir vendre rapidement leurs animaux. » L’OS Texel poursuit son amélioration globale et Benoît Lévêque rappelle que les Texel est la race lourde la plus prolifique.

Un champion à 2 600 euros

Le numéro 79 sera vendu 2 600 euros (prix de départ à 550 euros) à Jean-Pierre Dion, sélectionneur dans les Vosges. « La somme ne compte pas si l’animal est bon. Là ça vaut cinq antenais mais ça devrait valoir le coup, argumente l’acheteur. Je connais l’éleveur, nous travaillons notre sélection dans le même sens. » Les meilleurs animaux sont présentés en premier, afin que les éleveurs n’ayant pu les acquérir puissent se rabattre sur les suivants. « Les éleveurs n’ont pas forcément l’habitude des ventes aux enchères. Il ne faut pas se laisser impressionner et garder la tête froide en respectant le budget que l’on s’est fixé à la base », conseille Benoît Lévêque. Pavel Vavra, éleveur ovin en République tchèque, a visiblement su garder son calme, car il a réussi à acquérir trois béliers à bon prix : « cela fait 10 fois que je participe à la vente aux enchères des Texel. J’apprécie vraiment cette race pour son calme, la quantité de viande qu’elle produit et sa facilité de conduite en élevage. » Pour Christophe Péry, actuel président de l’OS Texel et sélectionneur dans l’Aisne, « la vente n’est pas vraiment satisfaisante, on a connu des années plus dynamiques. On sent que les trésoreries sont vides et pourtant, nous avions une qualité exceptionnelle cette année. » Le président souhaite voir se développer encore le commerce à l’étranger et répondre aux orientations prises par la nouvelle forme que prend l’agriculture. « Nous devons être plus réactifs, plus présents sur les réseaux sociaux. Nous devons parler anglais et nous faire comprendre partout à travers le monde », s’enthousiasme Christophe Péry.

L’insémination artificielle trop peu sollicitée

Le centre d’insémination Verdilly-Oson, qui se trouve à 200 mètres de la station de sélection Texel, abrite sept béliers Texel et 63 béliers Ile-de-France. Les béliers Texel restent 18 mois en station, afin qu’ils participent à deux campagnes d’insémination artificielle. Pour les Texel, le pic d’insémination se fait en octobre. Les béliers sont ensuite vendus comme reproducteurs en élevage ou en sélection ou bien sont réformés. Un bélier donne entre huit et douze paillettes avec un éjaculat. « Nos béliers sont loin d’être surexploités, se confie Yves Lemaire, responsable de la ferme Oson (Organisation de sélection ovine du Nord). On peut y voir différentes causes : les éleveurs préfèrent acheter des béliers, se détournent de l’IA ou n’ont simplement pas de trésorerie pour cela. » Les adhérents de l’OS Texel ont malgré tout l’obligation d’inséminer au moins 20 % de leur cheptel. « Avoir recours à l’IA c’est permettre de comparer les index sans le biais des pratiques d’élevage et/ou d’environnement, rappelle Benoit Lévêque. Nous savons que nos béliers en IA sont améliorateurs de troupeau quel que soit l’environnement, mais dans les faits, nous manquons un peu de retours. »

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