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L’Occitanie veut conforter sa position de leader

La région Occitanie veut continuer à avancer sur ses deux jambes, la viande ovine et le lait de brebis. Si les deux filières bénéficient de nombreux atouts, elles ont aussi, chacune, des défis à relever.

L’agriculture de la région Occitanie est d’une remarquable diversité. On y trouve quasiment toutes les productions françaises. Mais, les ovins y occupent une place de choix. Avec ses 1,44 million de brebis, soit le tiers du cheptel national, et ses 11 000 éleveurs (8 800 allaitants et 2 200 laitiers), elle est la première région ovine de France, aussi bien pour la production de viande que de lait de brebis. Les ovins sont un des piliers de la valorisation de ses territoires, des plus favorables au plus défavorisés. Plus de 70 % des élevages sont situés en zone de montagne. L’Aveyron, qui accueille le congrès de la FNO en 2018, est le premier département ovin de France avec ses 530 000 brebis laitières et ses 103 000 brebis allaitantes.

Près d’un tiers de la viande ovine et plus des deux tiers du lait

L’Occitanie détient 21 % du cheptel ovin viande national et produit 32 000 tonnes équivalent carcasse, soit 31 % de la production française de viande ovine (y compris celle qui est issue des élevages laitiers). Le cheptel allaitant (701 000 brebis) est concentré principalement sur les quatre départements du nord de la région (Lot, Aveyron, Tarn, Lozère). Le Lot possède à lui seul le quart des effectifs régionaux. Les systèmes de production sont d’une très grande diversité. Sur les 3 590 exploitations (de plus de 50 brebis en 2014), la moitié sont spécialisées en ovins viande avec un cheptel moyen de 230 brebis et plus de 40 % ont des systèmes mixtes (bovin viande, bovin lait ou cultures de vente) avec un cheptel un peu plus petit (190 brebis). Les éleveurs ont su tirer profit de la diversité des territoires pour façonner des systèmes adaptés à leur environnement : pastoraux dans les causses du Lot ou de Lozère, transhumants dans les Pyrénées ou les Cévennes, intensifs dans les ségalas du Tarn et de l’Aveyron, pour n’en citer que quelques-uns…

Structuration et signes de qualité

La filière ovine allaitante d’Occitanie se caractérise par sa forte structuration, avec deux associations d’éleveurs (Adelpy, Elvea) et sept organisations de producteurs (Aprovia, Arterris, Capel, Geoc, Sica 2G, Terre Ovine, Unicor), qui commercialisent principalement de l’agneau de bergerie. Elle se distingue aussi par son engagement (près d’un tiers des exploitations) dans les signes officiels de qualité, gages de valeur ajoutée. La région compte cinq labels rouges (Agneau fermier des Pays d’oc, Agneau fermier du Quercy (également IGP), Agneau laiton de l’Aveyron (IGP), Agneau sélection des bergers, Agneau Lou Paillol), deux IGP seules (Agneau de Lozère, Agneau des Pyrénées en cours d’obtention) et une AOP (Mouton Barèges-Gavarnie). En outre, 10 % des élevages sont en agriculture biologique ou en conversion.

« Un gros travail de renouvellement des générations »

La production a néanmoins fortement chuté depuis le début des années 2000 (- 22 %). L’enjeu pour les années à venir sera de maintenir, voire développer, la production, en favorisant les installations. « Sachant que 60 % des éleveurs ont plus de 50 ans, nous allons être confrontés à un gros travail de renouvellement des générations », prévient Jean-François Cazottes, président de la section ovin viande de la FDSEA de l’Aveyron et membre du bureau de la FNO. Un enjeu également de productivité. « Il y a de grosses disparités de productivité entre départements et systèmes de production, explique-t-il. Le revenu de l’éleveur passe par la défense du prix, par les aides PAC mais aussi par la technique. » Autre objectif : mieux lisser la production d’agneau label rouge pour pouvoir répondre à des demandes qui ne peuvent être honorées aujourd’hui faute de pouvoir les satisfaire toute l’année. En zone méditerranéenne, explique Antoine Chrysostome, président du syndicat ovin catalan : « la première problématique est la maîtrise du foncier face à la concurrence du tourisme et ses effets pervers. » Le maintien de l’éligibilité des surfaces pastorales ligneuses aux aides PAC est aussi un enjeu fort de ces zones.

Retrouver la dimension collective en lait de brebis

Le lait de brebis est tout aussi emblématique de la production agricole d’Occitanie. Avec ses 738 000 brebis laitières (60 % de l’effectif national), la région fournit 71 % de la production nationale, soit un peu plus de 200 millions de litres. Elle est bien évidemment concentrée sur le rayon de Roquefort (Aveyron, Tarn, Lozère et les bordures de l’Hérault, du Gard et de l’Aude), qui transforme 85 % de la production dont un peu moins de la moitié en AOP roquefort. Avec la mise en application du paquet lait, la filière Roquefort vient de vivre un profond bouleversement de son fonctionnement interprofessionnel et du mode de gestion des volumes et du prix du lait. Après la mise en place des nouvelles structures (interprofession réformée, organisations de producteurs), l’heure est à la reconstruction d’un fonctionnement de filière, à la relance de la consommation du roquefort et à la recherche de nouvelles valorisations. Une ambitieuse réflexion est en cours sur tous ces sujets. « Tout le monde, producteurs et industriels, s’est remis autour de la table. Les choses avancent », assure Thierry Agrinier, secrétaire général adjoint de la FDSEA de l’Aveyron. Des propositions sont attendues pour l’automne. « J’espère qu’on ne mettra pas trop de temps à retrouver la dimension collective qui faisait la force de l’ancien système », veut croire Brigitte Singla, vice-présidente de la chambre d’agriculture de l’Hérault et membre du bureau de la FNO.

Mieux valoriser les agneaux lacaune

Le lait de brebis, c’est aussi l’engraissement des agneaux lacaune. Souvent montrés du doigt quand ils affluent sur le marché en début d’année, ils permettent aussi le maintien de structures de commercialisation et d’abattage. L’étalement de la production laitière demandée par tous les industriels de Roquefort et, encore plus, par le quatrième bassin (éleveurs et entreprises hors des trois bassins traditionnels) devrait contribuer à lisser la mise en marché. « Une réflexion est en cours avec les structures pour valoriser au mieux ces agneaux et éviter qu’ils n’impactent les labels », indique Jean-François Cazottes. Un partenariat entre Bigard et Lidl devrait être annoncé lors du congrès. En tout cas, le sujet sera sur la table. « C’est un chantier important. Nous devons avancer tous ensemble », veut croire le responsable aveyronnais qui souhaite que le congrès soit « dans la construction et permette d’avancer sur tous les sujets ».

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