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Les quatre programmes de sélection de l’Upra Lacaune

L’Upra Lacaune sélectionne les ovins viande et lait en limitant les coûts. L’organisme de sélection s’appuie sur une démarche collective mais différencie les élevages de la zone de Roquefort des autres.

Seul les éleveurs laitiers de la zone de Roquefort peuvent avoir accès au contrôle laitier officiel. L. Baldet © L. Baldet
Seul les éleveurs laitiers de la zone de Roquefort peuvent avoir accès au contrôle laitier officiel. L. Baldet
© L. Baldet

Dès 1976, deux branches sont différenciées au sein de la race Lacaune : la Lacaune lait et la Lacaune viande, chacune possédant des schémas de sélection bien distincts. C’est en 2019, lors de la réactualisation des statuts de l’Upra Lacaune que deux races sont officiellement reconnues. Aujourd’hui, les programmes de sélection étant en réécriture pour l’ensemble des organismes de sélection français, l’Upra Lacaune a décidé de proposer deux programmes pour la Lacaune lait et deux programmes pour la Lacaune viande : Lacaune lait « Rayon de Roquefort », Lacaune lait « France », Lacaune viande schéma Ovi-Test et Lacaune viande schéma GID.

En lait, un éleveur sur cinq est sélectionneur

« Aujourd’hui, un noyau de 357 éleveurs sélectionneurs avec environ 189 000 brebis fait profiter leur travail et diffuse le progrès génétique auprès des 1 200 éleveurs utilisateurs et producteurs de lait », explique Pierre Arsac, directeur de l’Upra Lacaune. Cette décision remonte à la création de L’Upra Lacaune en 1974. Contrairement aux modèles de sélection réalisés en bovin lait, il a été décidé de limiter le nombre de sélectionneurs pour réduire les coûts importants du contrôle laitier, le nombre d’animaux sur lesquels réaliser les mesures étant plus important en ovins lait qu’en bovins lait. « C’est comme cela que la mutualisation a commencé : 20 % de nos éleveurs sont des sélectionneurs et 80 % font partie du collège des utilisateurs. »

Sur les 3 000 béliers produits, 250 pour les centres d’IA

Des contrats sont passés avec les éleveurs sélectionneurs laitiers et les deux entreprises de sélection (le Service élevage de la Confédération générale de Roquefort et la coopérative Ovitest). Le contrôle laitier officiel est obligatoire pour ces éleveurs et six pesées et trois analyses de lait sont effectuées par campagne. Un pointage permet de noter la morphologie mammaire des brebis. Cela permet de choisir les futurs reproducteurs. « C’est un engagement volontaire et technique, affirme Pierre Arsac. Cela demande un suivi sanitaire drastique car les mâles partiront en centre d’IA ou permettront la diffusion du progrès génétique dans d’autres cheptels. » 3 000 béliers sont ainsi produits tous les ans dans les élevages en sélection. Les 250 meilleurs reproducteurs sont à destination des centres d’insémination et permettront de diffuser le progrès génétique au cœur du noyau de sélection et chez les utilisateurs de semence.

Le contrôle laitier officiel réservé au rayon de Roquefort

Moins contraints, les éleveurs utilisateurs du schéma lait adhèrent au contrôle laitier simplifié qui nécessite moins de mesures. Pour bénéficier du progrès génétique, ils peuvent compter sur l’utilisation de l’insémination ou l’achat de jeunes reproducteurs issus du noyau de sélection. Les éleveurs utilisateurs financent ainsi indirectement le schéma de sélection.

La sélection laitière porte sur les critères suivants : la quantité de lait, les taux, les cellules somatiques, la conformation de la mamelle et bientôt la longévité fonctionnelle. Ce dernier critère permettra de valoriser la capacité des brebis à rester productive sur un grand nombre de campagnes. Le contrôle laitier officiel des brebis Lacaune n’est possible que dans la zone du berceau historique de la race, dans l’Aveyron et les départements limitrophes. De ce fait, seuls les éleveurs de la zone de Roquefort peuvent devenir éleveur sélectionneur. Pour les éleveurs en dehors de cette zone, l’Upra Lacaune est en train de développer un deuxième programme qui permettra de les associer sans les contraindre aux mesures du contrôle laitier officiel. Ce programme plus léger veut répondre aux besoins des agriculteurs installés en ovin lait hors de la zone traditionnelle de Roquefort.

Deux programmes complémentaires pour le schéma viande

En Lacaune viande, deux schémas de sélection sont mis en place par deux entreprises de sélection différentes : le GID Lacaune et la coopérative Ovi-Test. Ce sont donc deux programmes distincts qui sont déposés au ministère de l’Agriculture.

Le premier schéma Lacaune viande GID cherche à améliorer en premier lieu les caractères bouchers des animaux : conformation, vitesse de croissance, rendement carcasse, engraissement puis en second lieu les caractères maternels. Le GID a procédé à l’introgression du gène culard Texel il y a 20 ans et il présente en outre la spécificité de sélectionner sur l’efficacité alimentaire, c’est-à-dire la relation entre les quantités d’aliments consommés et le gain de poids.

Le schéma Ovi-Test quant à lui prend en compte en premier lieu les caractères maternels : prolificité, fertilité, valeur laitière, capacité de désaisonnement. Les caractères bouchers sont évidemment aussi pris en compte. Ce schéma a réalisé un travail très important sur les gènes de prolificité et a intégré depuis plusieurs années la sélection sur l’aptitude naturelle des animaux à résister aux parasites gastro-intestinaux.

Lire aussi : La race Lacaune viande présente deux types génétiques adaptés aux besoins des éleveurs

Les deux programmes Lacaune viande vont bénéficier très prochainement des progrès permis par l’utilisation de l’outil génomique.

Une réussite française qui plaît à l’international

« Nous travaillons avant tout pour nos adhérents et pour diffuser le progrès génétique aux utilisateurs français, témoigne Pierre Arsac. Nous sommes cependant fiers quand la qualité de notre professionnalisme est reconnue à l’étranger. Des pays comme l’Italie, l’Espagne ou la Grèce sont particulièrement intéressés par la génétique que nous avons développée. Cela nous arrive de leur envoyer des reproducteurs ou de la semence congelée. C’est la preuve du bon fonctionnement de ce schéma collectif. D’autant plus que la vente de reproducteurs à l’étranger permet une entrée d’argent qui abaisse le coût de la semence pour les éleveurs français. »

Le bio : un nouveau défi pour la filière

Le bio en Lacaune représente 10 % des effectifs. « Nous sommes en train d’intégrer ces éleveurs aux schémas de sélection, explique Lucille Baldet, chef de projet à l’Upra Lacaune. C’est un nouveau défi car la réglementation est très stricte concernant les inséminations et la synchronisation hormonale. Nous sommes au tout début d’un nouveau challenge. »

Le saviez-vous ?

Conservation des races

L’Upra Lacaune prend aussi en charge la conservation de trois races locales à petits effectifs : la brebis Raïole, la Rouge du Roussillon et la Caussenarde des Garrigues dont il faut réaliser les inventaires et éviter la consanguinité.

Repères

La brebis Lacaune

Première race ovine française avec un effectif de 1 100 000 animaux.
Une race locale dont 95 % de l’effectif se situe sur le berceau d’origine (12, 48, 81, 34, 30, 11, 46, 82).
Une race de massif avec 90 % de son effectif en zone de montagne.
60 ans de sélection
La première race ovine
à avoir utilisé les outils de la sélection génomique.

Ioan Romieu, président de l’Upra Lacaune et éleveur sélectionneur laitier dans l’Aveyron

« Sélectionner une race adaptée à un terroir local et qui valorise tous les modes de production ».

« Je suis président de l’Upra Lacaune depuis cet automne. C’est une fonction que j’ai déjà occupée dans le passé car nous avons une présidence tournante pour un mandat de deux ans. L’Upra Lacaune fédère les organismes de développement de la génétique pour la race emblématique du roquefort. On y retrouve différents partenaires comme les entreprises de sélection (la coopérative Ovi-Test, le Service élevage de la Confédération générale de Roquefort, le GID Lacaune), les organismes en charge du contrôle laitier ainsi que les acteurs de la filière liés aux produits de la Lacaune. À travers la Lacaune, nous valorisons le territoire montagneux et difficile qu’est la région de Roquefort ».

La génomique est un outil pour accélérer le progrès génétique

Depuis 2015, la génétique en Lacaune s’est dotée d’un nouvel outil performant de sélection avec la génomique. Les premiers résultats sont apparus en 2017 et sont très concluants. Cette technique permet d’obtenir des résultats plus rapidement puisque ce sont les agneaux qui sont génotypés et évalués. Cela permet de conserver uniquement les meilleurs béliers sans être obligés de connaître les performances de leur descendance. « En plus d’améliorer les performances de la race, ils permettent de diagnostiquer de possibles anomalies génétiques de manière précoce », témoigne Diane Buisson, spécialiste de la sélection des populations à l’Institut de l’élevage.

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