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Les loups frappent durement la Nièvre

Parmi la soixantaine de départements français où la présence du loup est avérée, la Nièvre tient malheureusement une bonne place. La fédération nationale ovine y a organisé une conférence de presse le 10 juillet pour aborder cet épineux sujet.

<em class="placeholder">Famille Moreau, éleveurs ovins dans la Nièvre</em>
Charlène et Mathieu Moreau élèvent 230 brebis allaitantes et 160 bovins dans la Nièvre. "On ne veut pas arrêter à cause du loup, on a l'espoir qu'une solution soit trouvée." Eliott, 16 ans, prévoit de s'installer sur l'exploitation familiale et parle d'adaptations à cette nouvelle donne.
© B. Morel

Dix attaques. Un chiffre effarant pour Bertrand Larue, éleveur ovin et bovin allaitant dans la Nièvre. Depuis fin mars, le loup met à mal sa troupe ovine, harcelant les brebis au pâturage et causant un tort moral et économique à l’éleveur et ses parents, passionnés des ovins, avec qui il est associé.

« Nous avons une troupe de 80 texel en sélection, et j’ai songé un moment à les vendre… Mais arrêter le mouton, ça aurait été signifié que le loup avait gagné et cela, c’est hors de question ! », s’insurge l’éleveur nivernais.

Le 10 juillet, la fédération nationale ovine (FNO) a organisé un voyage de presse autour de la prédation sur l’exploitation de Mathieu et Charlène Moreau, à Saint-Parize-le-Châtel, dans le sud du département. Chambre d’agriculture, FDSEA et Jeunes agriculteurs sont au rendez-vous pour témoigner de l’impact du loup sur leurs fermes et leurs vies.

22 brebis tuées en une attaque

<em class="placeholder">Brebis tuées par le loup dans la Nièvre</em>
Lors de la première attaque de leur troupeau en août 2024, la famille Moreau a perdu 22 brebis. © B. Morel
La troupe de 230 brebis île de France de la famille Moreau a été attaquée une première fois mi-août 2024. « Pour moi la surprise était totale. Je savais qu’un loup vagabondait dans les alentours, mais naïvement je pensais qu’en cas d’attaque, il tuerait un ou deux moutons. » En une nuit le loup a tué 22 brebis « de 90 kg, en pleine santé », complète l’éleveur. La deuxième attaque lui enlèvera encore 11 agnelles, que l’éleveur n’a pas pu remplacer à cause de la conjoncture sanitaire. Bilan pour Mathieu et Charlène Moreau, une perte économique directe et indirecte de 23 100 euros.

Outre le préjudice économique, c’est la vie sociale des éleveurs qui est directement impactée. « On dort loup, on mange loup, on parle loup… il est omniprésent dans nos vies, dans nos échanges familiaux et externes, au point que mon fils de quatre ans a peur de croiser un jour son chemin », reprend Bertrand Larue.

25 % de prédation en plus en France

<em class="placeholder">Brebis au pâturage dans la Nièvre</em>
Le bocage nivernais et les systèmes d'élevage ovin, en plusieurs lots au pâturage rendent la mise en place des moyens de protection des troupeaux complexes et leurs inefficacité est sans appel. © B. Morel
La prédation du loup dans la Nièvre a explosé ces derniers temps. « La première grosse attaque sur le département a eu lieu en 2023. À date du 10 juillet 2025, nous sommes déjà à 120 attaques cette année, soit une centaine de plus que l’an passé sur la même période », alerte Clément Blandin, vice-président des Jeunes Agriculteurs 58, qui a subi également trois attaques sur son troupeau ovin.

<em class="placeholder">Clément Blandin, vice-président des Jeunes Agriculteurs de la Nièvre</em>
Clément Blandin, vice-président des Jeunes Agriculteurs de la Nièvre alerte sur la très forte hausse des attaques de loup dans son département. © B. Morel
Sur l’ensemble du territoire français, on compte au 15 juin 1 409 constats indemnisables et 4 482 victimes ovines. Sur l’année 2024, le nombre de constats s’élève à 3 881 pour 10 524 victimes.

« Nous ne pouvons que constater l’échec du Plan National Loup, se désole Claude Font, en charge de la prédation à la FNO et éleveur en Haute-Loire. Car si la population de loups semble avoir un peu diminué, le nombre d’attaques, lui, est en forte hausse, de près de 25 % de plus entre 2024 et 2025, ce qui montre bien l’inefficacité des mesures de protection des troupeaux. »

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