« Gaz à effet de serre : J’ai diminué mes émissions de près de 15 % en passant à l’agriculture de conservation sur mon exploitation ovine »
Fabien Paris, éleveur ovin dans l’Allier, a mené une réflexion globale pour l’amélioration des performances environnementales de son exploitation ovine. Le passage à l’agriculture de conservation des sols a été un déclic.
Fabien Paris, éleveur ovin dans l’Allier, a mené une réflexion globale pour l’amélioration des performances environnementales de son exploitation ovine. Le passage à l’agriculture de conservation des sols a été un déclic.
« Il y a cinq ans, j’ai mené une réflexion globale sur la conduite de mon exploitation, confie Fabien Paris, polyculteur et éleveur ovin dans l’Allier. Je voulais améliorer la vie dans mes sols et je me suis donc tourné vers l’agriculture de conservation. Cela a apporté son lot de modifications dans mes pratiques, tant au niveau agronomique que zootechnique. »
Son exploitation compte 50 hectares de prairies naturelles et temporaires, dont plus de 30 hectares sont sur des sols très séchants ou en zone inondable. « Cela a une incidence sur le chargement, toutes mes parcelles sont à gérer au cas par cas. J’avais besoin de sécuriser mon système fourrager. » Fabien Paris s’est alors mis en quête d’autonomie alimentaire pour s’affranchir des achats de concentrés du commerce. Et c’est quasiment réussi aujourd’hui, avec une autonomie fourragère totale, une autonomie protéique dépassant 95 % et seuls quelques achats d’aliments par sécurité.
Des légumineuses pour remplacer les achats de concentrés
Pour améliorer la qualité du fourrage distribué, l’éleveur a fait construire une unité de séchage en grange aérovoltaïque, permettant de sécher à la fois des bottes, du vrac et du grain. « Le passage au séchage m’a permis d’intégrer des légumineuses dans mes rotations de cultures. » Fabien Paris a également pu s’affranchir de l’enrubannage grâce à la qualité supérieure du foin séché en grange, « cela évite les déchets du plastique d’emballage des bottes », apprécie l’éleveur de 52 ans.
En effet, Fabien Paris a développé l’implantation de légumineuses à hauteur de 12 à 15 hectares de luzerne et de lotier. « Le lotier est particulièrement bien adapté pour les ovins, car il fait de moins grosses tiges, il y a donc moins de tri et moins de pertes à la distribution », apprécie-t-il. Les légumineuses sont donc distribuées aussi bien aux brebis en lactation qu’aux agneaux en engraissement et l’éleveur perçoit un revenu supplémentaire en vendant le stock excédentaire.
Le stockage du carbone génère un revenu valorisant
Toutes ces réflexions et les changements de pratique mis en place ces cinq dernières années ont amené Fabien Paris à se pencher sur la question du carbone. Il s’est alors lancé, avec sa fille Julie, technicienne à la coopérative Copagno-Feder, dans un diagnostic environnemental avec Cap’2ER. Cet outil a permis de réaliser un état des lieux de l’exploitation aux niveaux des émissions de CO2 et d’identifier les modifications à apporter au système pour les réduire. « Si au démarrage l’outil génère des calculs compliqués et plutôt abstraits, le compte rendu m’a permis de visualiser les forces et les faiblesses de mon exploitation. » Les objectifs de 12 % de réduction des émissions de CO2 étaient déjà dépassés grâce aux changements antérieurs mais l’éleveur se pose désormais la question de sa capacité de stockage du carbone. « Ce serait une valorisation des efforts réalisés pour améliorer l’impact environnemental de mon exploitation et cela générerait un revenu complémentaire. »
Julie Paris, technicienne à la coopérative Copagno-Feder
« Redonner du sens au métier d’éleveur ovin en revenant aux bases »
« Les changements qu’a réalisés Fabien Paris sur son exploitation n’ont pas seulement permis de réduire les émissions de CO2 et les charges d’élevage et de culture, ils ont également rendu à l’éleveur le goût de son travail. Il est en fait revenu à des principes de bases d’agronomie et de zootechnie, avec une approche globale remettant en lumière l’imbrication des différentes pratiques. Ainsi, le non-labour des sols a engendré d’une part une nette diminution du coût en carburant et le séchage en grange une plus grande flexibilité dans l’organisation du travail. L’introduction de légumineuses dans les rotations fait que l’apport en engrais est moindre et au niveau du coût d’engraissement par agneau, il est passé de 30-40 euros avec le concentré à 15-18 euros avec le lotier et la luzerne. Finalement, l’investissement élevé qu’a représenté l’unité de séchage en grange est compensé par ces économies et l’ensemble de l’exploitation, la complémentarité des ateliers a gagné en cohérence. »