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Ils ont testé le DAC

Les distributeurs automatiques en salles de traite permettent d’affiner le rationnement des brebis laitières. Exemple dans dix élevages du Rayon de Roquefort et cinq élevages des Pyrénées-Atlantiques

Dans le cadre du projet Casdar Autelo, deux fermes laitières de l’Aveyron et une des Pyrénées-Atlantiques, équipées de distributeurs automatiques de concentrés (DAC) en salle de traite ont accepté de séparer leur troupeau en deux. La moitié était conduite classiquement (voir page précédente), et l’autre moitié en lots virtuels de telle façon que, pendant les cinq mois de l’expérimentation, les brebis recevaient une quantité de concentrés en fonction de leur production laitière. Trois stratégies ont été appliquées : économe avec une réduction significative des concentrés achetés, redistributive en donnant davantage aux plus fortes productrices, ou intermédiaire entre économie et redistribution.

Pour compléter ce travail, 12 autres exploitations (8 dans le Rayon et 4 dans les Pyrénées-Atlantiques) qui se sont équipées de l’outil entre 2011 et 2016 ont été enquêtées pour relever les différentes pratiques d’utilisation, le ressenti et la satisfaction des éleveurs vis-à-vis du DAC.

Les informations acquises à la fois sur la partie expérimentation et dans les fermes équipées ont permis de mettre en avant quelques conseils pour les éleveurs qui hésiteraient à se lancer.

Pas d’économie à attendre avec le DAC

Tout d’abord, il est important de définir en amont avec son conseiller quels sont les objectifs. Les principales motivations à l’achat sont diverses chez les éleveurs enquêtés. On relève la personnalisation de l’alimentation, la volonté de soigner mieux les agnelles, la modernisation du travail ou encore l’optimisation du coût de production. Il y a cependant une chose sur laquelle les éleveurs sont formels, et qui correspond à ce qui a été montré au cours de l’expérimentation dans les trois fermes pilotes : « On nous a vendu un outil avec lequel on devait faire des économies de concentrés, en fait ça n’est pas le cas, on le répartit juste mieux ! ». En effet, les essais ont permis de conclure que la suralimentation des brebis fortes productrices n’apportait rien, ni en termes de production ni économiquement.

Une bonne façon d’apprécier les fonctionnalités du DAC est de se rendre chez un éleveur qui le possède et de participer à une traite sur place. Ensuite, il faut se demander comment en tirer le meilleur, et cela passe par le choix des lots virtuels. En effet, si le DAC permet de distribuer une quantité de concentré à un lot donné, il faut au préalable en choisir les critères. Parmi les élevages rencontrés, 11 sur 12 utilisent la production laitière comme critère principal de mise en lots.

Des quantités d’aliment à faire varier selon la production

Il existe globalement deux façons de procéder à partir de là. On peut former des classes de production (par exemple : moins de 1,5 l, de 1,5 l à 2 l, de 2,5 l à 3 l,…) et y attribuer une quantité de concentré pour toute la campagne. Ainsi, une brebis qui produit 2,4 l au premier contrôle laitier reçoit la même quantité de concentrés qu’une brebis qui produit 2,4 l au quatrième contrôle. Autre possibilité, on définit le nombre de lots voulu et on classe les brebis à chaque contrôle. Il est alors possible de choisir le pourcentage de l’effectif à attribuer à chaque lot, et de se baser sur la production laitière moyenne des lots pour définir une ration. Cette méthode demande un peu plus de temps à chaque contrôle mais a l’avantage de s’adapter à une ration au tapis qui évoluerait en cours de campagne. « On a quand même un volume de lait à faire, pas par tous les moyens mais je trouve qu’on rentabilise plus les brebis comme ça », apprécie l’un des éleveurs.

Un gain de temps appréciés

Aucun des éleveurs interrogés ne retournerait en arrière. « C’est le meilleur investissement qu’on a fait en 15 ans ! » estime l’un d’eux. Car même si le DAC ne permet pas d’économiser du concentré, les éleveurs notent d’autres changements. En effet, la possibilité de complémenter les jeunes sans la contrainte du lot physique permet aux futures brebis de terminer leur croissance et d’attaquer leur carrière dans de bonnes conditions. Aussi l’état corporel du troupeau est meilleur et plus homogène. Enfin, il y a une dernière chose sur laquelle les éleveurs sont d’accord, c’est le gain de temps : « Même si au niveau économique on n’y gagne rien, au niveau du gain de temps pour nous, ça n’est même pas mesurable ! »

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