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Lors du conseil national de la FNO, l’Institut de l’élevage a présenté les opportunités qui s’offraient aux éleveurs avec la vente de crédit carbone.
Gagner de l’argent en stockant du carbone en élevage ovin

Le graphique présenté par Jean-Baptiste Dollé de l’Institut de l’élevage a fait frémir l’assistance du conseil national de la FNO, réuni à Paris le 27 avril dernier. Il montre les quantités d’équivalent gaz carbonique émis pour produire un kilo d’aliment. À droite, les plus faibles émetteurs : lentilles, tomates, tofu… à gauche, les plus forts émetteurs : fromage, bœuf et le pire d’entre eux, l’agneau avec près de 40 kg de CO2 émis par kilo d’aliment !

« Mais cette comptabilité de l’empreinte carbone des produits est fausse, affirme le chef du service environnement d’Idele. Elle ne prend en compte que les émissions et pas le stockage de carbone par les prairies. » Grâce aux prairies qui réutilisent le gaz carbonique, l’empreinte carbone nette est beaucoup plus faible, de l’ordre de 25 kg CO2 par kilo de carcasse. Les élevages pastoraux émettant 11 kg en moyenne, les fourragers autour de 26 kg, les herbagers de plaine autour de 24 kg et les herbagers de montagne, environ 29 kg.

Si l’on peut déplorer les chiffres mal repris et les amalgames (une publicité israélienne indiquant que « les pets de moutons polluent plus que la Toyota Prius »), il n’en reste pas moins que le réchauffement climatique est un problème global et impactant lié à aux émissions de gaz à effet de serre. L’agriculture et l’élevage y ont un rôle à jouer. Avec 19 % des émissions de gaz, l’agriculture est à la troisième place des émetteurs français derrière le transport et le résidentiel tertiaire. Plus précisément, l’élevage représente 14 % des émissions et les ruminants 10 %.

Un marché prometteur qui démarre

« Il ne faut pas jouer la politique de l’autruche sur ces questions, avertit Jean-Baptiste Dollé. L’élevage a des impacts sur l’environnement mais il a aussi des contributions positives comme le maintien de la biodiversité ou le stockage de carbone. » Autre bonne nouvelle, il y a une forte variabilité entre les élevages, ce qui veut dire qu’il y a des marges de progrès dans beaucoup d’élevage. Et, bonne nouvelle, ces progrès dans l’émission de gaz à effet de serre peuvent être revendus sous forme de crédit carbone. La SAS France Carbone Agri, nouvellement créée par et pour les éleveurs, propose de quantifier, certifier et vendre les progrès réalisés sur cinq ans. « France Carbon Agri SAS agrège le CO2 économisé par les éleveurs et trouve des acheteurs de crédit carbone. Sur les 38 euros obtenus par tonne, 30 reviennent aux producteurs, 5 reviennent à l’accompagnant et 3 pour France Carbon Agri ». À ce tarif, en prouvant que l’on a économisé 10 % d’équivalent CO2, une ferme avec 400 brebis produisant 7 000 kg de carcasse par an peut espérer gagner 34 tonnes de CO2 et donc environ 1 000 euros. « Le premier appel à projet a permis de vendre à ce jour près de 100 000 tonnes de CO2, soit deux millions d’euros qui reviennent aux éleveurs », explique Jean-Baptiste Dollé. Patrick Soury, le président d’Interbev ovin, abonde : « on en est qu’au début de la démarche. Le dispositif va monter en puissance avec les démarches responsabilité sociétale - RSE - des entreprises pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre. Il y a un réel marché. Même sans vendre du carbone, les éleveurs sont gagnants en étant plus efficients et la filière est gagnante en améliorant son affichage environnemental ». « Plus on sera nombreux et plus on pourra mettre en avant les aménités positives de nos élevages, confirme Michèle Boudoin, la présidente de la FNO. C’est important de montrer que l’élevage ovin est volontaire sur ces questions de réchauffement climatique ».

Les éleveurs mesurent leur impact environnemental avec Cap’2ER. Le premier niveau de cet outil est accessible aux éleveurs ovins viande et lait et leurs conseillers depuis mai 2021 sur cap2er.fr. Le Cap’2ER de niveau 2 est en cours de finalisation pour les conseillers ovins. « J’invite les éleveurs à faire cette évaluation, même simplifié, pour qu’ils puissent se situer et voir leurs pistes de projet ».

De l’efficience environnementale liée à la technicité

Dans les élevages, de nombreux leviers peuvent être actionnés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ou séquestrer du carbone. Par exemple, faire pâturer des brebis sur des couverts végétaux permet de réduire de 2 % les émissions. Il s’agit souvent d’optimiser la gestion du troupeau en limitant les animaux improductifs par une bonne technicité. Ainsi, avoir des brebis en bon état à la mise en lutte à la mise bas permet de réduire les émissions de 7 %. Implanter des prairies, des haies et des légumineuses, simplifier le travail du sol ou limiter la consommation de concentrés sont autant de moyens pour améliorer son bilan carbone.

Pour prouver la faisabilité de ces économies carbone, le vaste programme européen Life Green Sheep va inciter 700 élevages ovins viande français et 185 élevages ovins laitiers à réduire leurs émissions de 5 %. Dans 200 autres fermes ovines françaises, un suivi renforcé va tenter de réduire de 12 % les émissions. Le programme démarré en 2020 se poursuit jusqu’en septembre 2025.

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