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Faire pâturer des couverts végétaux à ses brebis

Les couverts végétaux peuvent être une source non négligeable de fourrages. Avoir une marge de sécurité ou une solution de remplacement est toutefois nécessaire.

Brebis au pâturage, couverts de grandes cultures et clôtures.
La principale contrainte est la gestion des clôtures.
© V. Bargain

« Le pâturage des couverts est aujourd’hui bien maîtrisé », assure Stéphane Pype, conseiller et éleveur ovin dans l'Oise.
« Le pâturage des couverts est aujourd’hui bien maîtrisé », assure Stéphane Pype, conseiller et éleveur ovin dans l'Oise. © V. Bargain
« En contexte de changement climatique, le pâturage ou la récolte de couverts végétaux sur l’exploitation ou chez des céréaliers peut permettre de faire la soudure en été ou à l’automne », a souligné Stéphane Pype, conseiller et éleveur ovin dans l’Oise, lors de la journée régionale ovine de Bretagne. Si l’ensilage, l’enrubannage ou l’affouragement en vert sont possibles, le pâturage est le plus économique, avec des intérêts agronomiques pour la parcelle. De nombreuses espèces peuvent se pâturer, en pur (moha, RGI, seigle, colza, navette, radis…) ou en mélange (avoine rude, fenugrec, lentille, pois, trèfle d’Alexandrie ou incarnat, tournesol…). La moutarde, de faible valeur alimentaire, ou encore la gesse, le sarrasin ou la vesce, dont les graines sont toxiques, mais qui n’atteignent jamais ce stade en couvert, sont aussi possibles. Les brebis ne raffolent en revanche pas de la phacélie ni de la féverole. « La valeur alimentaire d’un couvert est équivalente à celle d’une herbe d’automne, assure Stéphane Pype. Si les agnelles sont habituées à pâturer, qu’elles ont développé leur capacité d’ingestion, on peut faire des lactations sur couverts végétaux. La sélection sur les pattes est aussi importante. » Des études (source Ciirpo) montrent que le pâturage de couverts permet une reprise d’état corporel, que les brebis n’ont pas de boiteries (parer à l’automne) ni de parasitisme et que leur peau reste sèche même s’il pleut.

Planifier le pâturage et calculer les besoins

Le pâturage de couverts ne nécessite pas de transition alimentaire, ni d’apport de foin ou de paille, sauf sur un couvert très poussant. « Je mets du bicarbonate à disposition et je vaccine contre l’entérotoxémie », précise Stéphane Pype. Il peut se faire jour et nuit et sur de grandes parcelles, en paddocks de 24-48 heures. La planification est essentielle. « Il faut prévoir les périodes de pâturage, calculer les besoins en matière sèche et prendre une marge de sécurité d’au moins 20-25 % et si possible 50 %. » Une contrainte peut être la distance à parcourir. « J’emmène mes brebis à 7-8 kilomètres, indique l’éleveur. Le seul souci, ce sont les grands axes de circulation. Je me fais accompagner pour arrêter les voitures. » Des risques de prédation existent également. Et surtout, la principale contrainte est la gestion des clôtures au filet ou au Spider Pac. « Au Spider Pac, avec un quad, installer 300 mètres de clôture me prend 10 minutes, en faisant un aller-retour avec le quad pour broyer le couvert s’il est très développé. » Une autre contrainte si les brebis sont en lactation est la nécessité d’apporter de l’eau.

Mise en garde

  •  Si le pâturage a lieu en période de détention AO (aides ovines), penser au bordereau de localisation.
  • Établir une convention avec le céréalier peut le rassurer vis-à-vis de ses propriétaires.
  • Certains assureurs demandent une déclaration.

Une opportunité non contraignante pour le céréalier

Pour un céréalier, faire pâturer un couvert plutôt que de le broyer permet une économie de 30 €/ha en mécanisation et 30 min/ha de travail en moins. Il apporte aussi 6 unités d'azote et réduit les limaces de 60 %, sans perte de rendement ni compaction du sol. « Mais il ne faut pas que ce soit une contrainte pour lui, insiste Stéphane Pype. Quand il veut labourer, il faut libérer la parcelle si on veut qu’il nous redonne ses couverts à pâturer. » Une autre possibilité est le pâturage de prairies après les bovins, quand ils rentrent en bâtiment à l’automne. « Le passage des brebis booste la reprise de végétation au printemps. Il favorise aussi le passage de la lumière et le développement des légumineuses. » Autre solution : le pâturage de vergers d’au moins 20 ans, qui a des effets bénéfiques pour le verger (maladies, ravageurs, mulots…). « Et le régime herbe et pomme est excellent pour les brebis. Il faut juste éviter de mettre les béliers dans les vergers basse tige. »

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