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« Mon élevage de porcs est négatif SDRP grâce aux mesures de biosécurité »

Chez Anthony et Claude Damany, le virus du syndrome dysgénésique et respiratoire du porc (SDRP) ne circule plus en engraissement depuis 2021. Ce statut sanitaire est la résultante des restructurations successives de l’outil de production et des mesures de biosécurité mises en place depuis 2008.

Jérémy Damany, avec son vétérinaire sanitaire, Claudio Trombani. «Les actions mises en place dans le cadre de la prévention contre la FPA complètent la biosécurité de l'élevage.»
Jérémy Damany, avec son vétérinaire sanitaire, Claudio Trombani. «Les actions mises en place dans le cadre de la prévention contre la FPA complètent la biosécurité de l'élevage.»
© D. Poilvet

L’élevage Damany situé à Langoat, dans les Côtes-d’Armor, adhère au plan de lutte contre le SDRP mis en place en Bretagne par l’OVS porc depuis 2012. Son statut est actuellement qualifié « d’intermédiaire », puisque les porcs charcutier ne sont pas vaccinés et sont séronégatifs vis-à-vis de la maladie, alors que les truies sont vaccinées.

« Cette vaccination avec un vaccin vivant ne permet pas de prouver formellement l’absence du virus sur le cheptel reproducteur, rappelle Claudio Trombani, vétérinaire Breizhpig et référent sanitaire de l’élevage. Cependant, la séronégativité des porcs charcutiers attestée depuis 2021 est la preuve que la maladie ne circule plus sur l’élevage. »

 

 
Des panneaux de signalisation permettent aux visiteurs et aux camions de se repérer dans l'élevage.
Des panneaux de signalisation permettent aux visiteurs et aux camions de se repérer dans l'élevage. © D. Poilvet

 

Cet excellent statut sanitaire trouve son origine dans les successions de restructuration de l’outil de production et des mesures de biosécurité mises en place au fil des ans.

Dès 2008, un audit biosécurité réalisé par son groupement préconisait la création d’une nouvelle quarantaine longue permettant une période de 11 semaines d’observation et de contamination des cochettes. « L’objectif était d’agir à la fois contre le SDRP et contre l’actinobacillose qui sévissait alors en engraissement », se souvient Anthony Damany, cogérant de l’élevage avec son père Claude. En parallèle, un site d’élevage secondaire est désaffecté. « Il impliquait des transferts fréquents de truies gestantes et de porcelets. Sanitairement parlant, ce n’était pas l’idéal. »

Un nouveau bâtiment d’engraissement est créé sur le site de production principal. Cette réalisation entame ainsi la restructuration du site permettant une marche en avant et une bonne cohérence sanitaire. En parallèle, des mesures de biosécurité externe (clôture, sas visiteur, camions à l’extérieur de l’élevage) et interne (limitation des mélanges d’animaux, création de couloirs pour éviter des croisements d’animaux, sectorisation du personnel) renforcent la sécurité sanitaire du site.

Ces actions portent leurs fruits et dès 2010, le SDRP ne circule plus dans l’élevage, ce qui permet aux éleveurs d’adhérer à la charte de l’OVS porc Bretagne en tant qu’élevage négatif.

Possible contamination aérienne

Cependant, des prises de sang réalisées en mai 2014 démontrent une nouvelle infection de l’élevage au virus du SDRP. L’élevage voisin très proche, situé de l’autre côté de la route communale desservant l’exploitation et dont le statut sanitaire vis-à-vis de la maladie est inconnu, est suspecté d’être à l’origine de cette recontamination. « Différentes études ont prouvé la possibilité d’une contamination aérienne de proximité dans des conditions météorologiques favorables (hygrométrie élevée, absence de barrières naturelles) », souligne Claudio Trombani.

 

 
Un sas sanitaire composé de douches, d'un bureau, d'une salle de réunion et d'une cuisine constitue le passage obligé pour toute entrée dans l'élevage.
Un sas sanitaire composé de douches, d'un bureau, d'une salle de réunion et d'une cuisine constitue le passage obligé pour toute entrée dans l'élevage. © D. Poilvet

 

Quand les symptômes apparaissent sur les truies, entraînant une baisse des performances, la décision est prise de vacciner tout le cheptel reproducteur en « blitz », puis les cochettes en quarantaine et les truies gestantes, bande à bande avec un vaccin vivant. Dans le même temps, les éleveurs ont la possibilité de faire l’acquisition de l’élevage voisin, dont les bâtiments, une fois vidés et désinfectés, rentrent alors dans le giron de l’exploitation. 

Un second audit biosécurité réalisé en 2017 met l’accent sur la nécessité de mieux gérer la quarantaine (tenues spécifiques, ordre de passage dans la journée), le quai d’embarquement (absence de contact avec le chauffeur) et l’équarrissage (création d’une zone tampon dans la zone d’élevage, et d’une aire à l’écart de l’exploitation).

L’ensemble de ces mesures permettent enfin de réintégrer en 2021 la charte de l’OVS porc Bretagne en tant qu’élevage de statut intermédiaire. « Les actions mises en place plus récemment dans le cadre de la prévention contre la fièvre porcine africaine (zonage de l’exploitation, plan de circulation, panneaux d’indication…) complètent désormais la biosécurité de l’élevage », indique Anthony Damany. Pour l’éleveur, l’organisation du transport des animaux vivants selon le statut de l’élevage est également une mesure essentielle pour maintenir le statut de l’exploitation. Un statut contrôlé tous les quatre mois par des prélèvements sérologiques réalisés dans le cadre du plan de contrôle régional du SDRP.

 

 

Des résultats techniques corrélés au statut sanitaire de l’élevage

 

 
« Mon élevage de porcs est négatif SDRP grâce aux mesures de biosécurité »

Les performances techniques des truies de l’élevage Damany sont le reflet exact du statut sanitaire de l’élevage vis-à-vis du SDRP. Au moment de la mise en évidence d’animaux séropositifs en 2015, les truies ne présentaient pas de symptômes. Cependant, les performances de l’atelier naissage stagnaient, voire régressaient légèrement (de 14,2 à 14 nés vifs entre 2014 et 2015, légère augmentation de 0,4 % du taux de pertes sur nés vivants et de l’intervalle sevrage saillie fécondante (ISSF)).

En septembre 2016, des symptômes sévères apparaissent : hyperthermie sur les truies, mises bas prématurées, avortements et baisse de fertilité. Les résultats techniques s’en ressentent immédiatement : le nombre de porcelets nés vivants chute à 13,6, le taux de perte s’envole à 10,2 % et l’ISSF augmente d’un jour. Ce n’est qu’en 2018 que les performances de reproduction retrouvent les niveaux enregistrés avant l’apparition du SDRP, pour ensuite progresser fortement jusqu’à atteindre 14,3 porcelets sevrés par portée en 2021.

 

Repères

Les mesures prises dans le cadre du plan de lutte breton contre le SDRP

Transports d’animaux vivants (coches de réforme et porcs charcutiers) : camions vides ou provenant d’un élevage de statut similaire
Cochettes issues d’un élevage de multiplication séronégatif SDRP, transport des animaux dans un camion sous air filtré
Contrôle du statut sanitaire des animaux : prise de sang sur 10 porcs charcutiers tous les quatre mois

Fiche élevage

Élevage Damany à Langoat (Côtes-d’Armor)

450 truies naisseur-engraisseur
2 associés (Claude et Anthony Damany) et 4 salariés
Conduite en 10 bandes, sevrage à 21 jours
Groupement : Evel’up
Génétique : cochettes Topigs et verrats Piétrain Axiom
Faf partielle

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