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Melon : les nouvelles variétés gustatives et plus résistantes

Le goût, un bon comportement aux maladies et ravageurs, et une bonne conservation restent les principaux critères des choix variétaux en melon.

L’année 2021, marquée par un climat frais et humide, aura confirmé plus que jamais l’importance des résistances et tolérances des variétés aux bioagresseurs. Le Centre-ouest et le Sud-ouest ont été très impactés par les maladies, bactériose, mildiou, verticillose, cladosporiose… « Toutes les variétés ont été mises à rude épreuve, constate David Bouvard, de l’Acpel. Même si le pack sanitaire des variétés est de plus en plus satisfaisant, 2021 a montré que les résistances intermédiaires cassent quand il y a une forte pression des maladies. »

Les créneaux les plus problématiques restent ceux des chenilles précoces et bâches, marqués par des conditions froides, une nouaison délicate, un manque de chaleur et des risques de maladies élevés. « Le créneau chenille précoce est compliqué et coûteux, note Madeleine de Turckheim, de SudExpé. Il est devenu anecdotique dans le Sud-est, les gros producteurs préférant produire en Espagne où la qualité gustative est meilleure à cette période du fait de conditions plus chaudes. »

« Le créneau bâche reste très technique dans le Sud-ouest, avec une offre variétale limitée, constate Françoise Leix-Henry, du Cefel. En 2022, nous introduisons toutefois deux nouveautés sur ce créneau, Belcanto et Nun14539, de bonne tenue de plante, belle présentation et qualité gustative, notamment Nun14539. » Le créneau bâche tardive reste aussi délicat dans le Sud-est, du fait des fortes chaleurs entraînant des problèmes de conservation, une sensibilité à l’éclatement, auxquels s’ajoutent des problèmes d’oïdium, mildiou et pucerons.

Remise en avant du goût

Les choix des producteurs visent d’abord à répondre aux attentes des clients et consommateurs. La présentation reste importante, avec la recherche d’un melon rond, aux sillons marqués, une écriture régulière, l’absence de taches. Le goût est de plus en plus essentiel. « Il y a dix ans, il y a eu une orientation vers des variétés de meilleure conservation, parfois au détriment du goût, rappelle Madeleine de Turckheim. Mais depuis cinq à six ans, le potentiel gustatif est remis en avant, car les ventes diminuaient, d’autant que le melon est confronté à d’autres fruits d’été très gustatifs. Toutes les variétés introduites aujourd’hui ont un potentiel gustatif élevé. »

Dans le Sud-ouest, les nouvelles variétés sont dégustées dans le cadre du panel de dégustation du Melon du Quercy. Dans le Centre-ouest, à l’initiative de producteurs et avec l’appui des Conseils départementaux de la Charente-Maritime et de la Vienne, des dégustations sont organisées depuis trois ans pour juger de l’appréciation visuelle et gustative de variétés. Les résultats sont utilisés comme critère prioritaire dans une fiche variétale spécifique circuits courts/vente directe, avec d’autres critères (chair pas trop ferme, plante rustique, facilité de cueille, production pas trop groupée).

« L’adaptation des variétés aux attentes des consommateurs est une priorité des producteurs, particulièrement en circuits courts », souligne David Bouvard. Une bonne conservation au champ et dans le circuit de commercialisation reste toutefois importante, notamment dans le Sud-est du fait des fortes chaleurs. « Mis à part en 2021, les étés sont de plus en plus chauds et entraînent plus de problèmes d’éclatement, note Madeleine de Turckheim. Il faut des variétés qui ne soient pas trop sensibles à l’éclatement. La conservation post-récolte est également importante, car en circuit long, il peut se passer quatre à six jours entre la récolte et la commercialisation. Des variétés comme Gustabel, qui se conservaient bien, jaunissent aujourd’hui en quelques jours. » « Toutes les variétés passant au stade confirmation de nos essais sont étudiées sur les aspects post-récolte, avec depuis deux ans une notation de la fermeté », indique Françoise Leix-Henry.

Importance des résistances et tolérances aux maladies

Une priorité porte sur les résistances et un bon comportement aux bioagresseurs. Les stations expérimentales des trois bassins étudient désormais selon les mêmes protocoles le comportement des variétés à la fusariose, la bactériose, la cladosporiose et le mildiou. A peu près toutes les variétés sont aujourd’hui hautement résistantes aux races 0, 1, 2 de la fusariose. On trouve aussi désormais des variétés « résistantes intermédiaires » (IR Fom 1-2) proches en rendement et qualité des variétés non résistantes.

Les producteurs utilisent ces variétés sur les parcelles à risque, en complément du greffage et des rotations, et la maladie semble poser moins de problèmes que par le passé. « Il y a toutefois un fort gradient de résistance dans ces variétés et un fort gradient de sensibilité chez les variétés non résistantes, note David Bouvard. Et certains semenciers ne déclarent pas une variété résistante si son niveau de résistance n’est pas très élevé. Il est difficile de s’y retrouver et il est essentiel que les stations étudient le comportement des variétés et en informent les producteurs. »

Autre critère essentiel : le comportement à la bactériose et au mildiou, qui posent de plus en plus de problèmes. « Les attaques de mildiou et bactériose augmentent dans le Sud-ouest, indique Sylvie Bochu, de la Chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne. Les producteurs s’interrogent sur le lien avec l’évolution du climat, mais nous manquons d’études sur la biologie de ces bioagresseurs. » « Le mildiou devient un vrai problème dans le Sud-est, constate Madeleine de Turckheim. 30 minutes à 1 heure de rosée le matin suffisent pour qu’il y ait du mildiou et le champignon supporte de fortes chaleurs dans l’après-midi. Il y a désormais des problèmes de mildiou tous les ans. Et certaines variétés, comme Gecko, s’y avèrent très sensibles. »

Si aucune résistance identifiée n’existe contre le mildiou, des différences de comportement sont toutefois observées, et de même pour la bactériose et la cladosporiose. Comme pour la fusariose, les stations expérimentales des trois bassins étudient donc selon le même protocole le comportement des variétés à ces trois bioagresseurs et l’indiquent dans leurs fiches variétales. Enfin, les résultats agronomiques restent essentiels, avec l’importance du cycle de production, du groupage ou de l’étalement de la récolte, du rendement et du calibre, le plus recherché restant le 12 (melons de 800 g 1 150 g) qui fait le chiffre d’affaires.

Des résistances recherchées dans le Sud

La résistance au puceron Aphis gossypii est également très recherchée, notamment dans le Sud, en conventionnel et particulièrement en bio où les moyens de protection sont limités. La quasi-totalité des nouvelles variétés sont désormais dotées du gène Vat (IR Ag), qui leur donne une résistance à la colonisation par Aphis gossypii.

Autre critère, particulièrement dans le Sud : la résistance à l’oïdium et notamment à la race 3-5 de Podosphaera xanthii qui cause aujourd’hui le plus de dégâts. Les semenciers commencent à proposer des variétés IR Px 3-5, même si celles-ci sont encore peu nombreuses. « Toutefois, les producteurs en bio comme en conventionnel disposent désormais de solutions de biocontrôle qui fonctionnent bien, notamment de nombreuses spécialités à base de soufre, et les résistances à l’oïdium sont un peu moins essentielles aujourd’hui », note Madeleine de Turckheim.

Tester les variétés en bio et système bas-intrants

Le choix des variétés est particulièrement important en bio où les solutions de protection sont limitées. « Les préconisations portent sur des variétés résistantes, notamment au puceron, indique Madeleine de Turckheim. Mais, au-delà des aspects sanitaires, l’impact de la conduite en bio devient une vraie question. La qualité, le goût, la conservation peuvent être modifiés, du fait des amendements apportés, des engrais utilisés, de la pression mildiou et pucerons plus importante qui peut affaiblir la plante, impacter le taux de sucre… Le choix des variétés pourrait être impacté au-delà des résistances. »

SudExpé réfléchit donc à avoir une zone de maraîchage en bio pour y tester les variétés. Et au-delà du bio, la réduction des intrants grâce aux choix variétaux devient un sujet majeur. Des variétés résistantes aux bioagresseurs sont un levier essentiel pour réduire l’utilisation des pesticides. Les choix variétaux peuvent aussi limiter l’utilisation d’eau et d’engrais. Dans le Sud-est, l’évaluation variétale à SudExpé est financée de 2021 à 2024 par le Conseil régional d’Occitanie, avec comme objectif de tester les variétés en système bas-intrants au niveau des pesticides, de l’eau, des engrais.

« La baisse des intrants fait ressortir la sensibilité des variétés aux acariens, à l’oïdium, au mildiou, rapporte Madeleine de Turckheim. Les essais bas-intrants ont ainsi montré la sensibilité de Gecko au mildiou et à la bactériose. Le pilotage de l’irrigation va aussi avoir un impact sur les choix variétaux. Une baisse des apports en eau impacte moins une variété très vigoureuse, en termes de production, de taux de sucre… L’objectif sera d’irriguer chaque variété aux stades où elle en a besoin. »

La nécessité de s’adapter au changement climatique amène aussi les semenciers à proposer de plus en plus de variétés résistantes à la sécheresse et à la chaleur, moins sensibles à l’éclatement… « Nous commençons à regarder le comportement des variétés face à la sécheresse, aux écarts thermiques, aux périodes extrêmes… », précise Sylvie Bochu. « Un objectif à l’avenir sera de sélectionner les variétés les plus résistantes aux bioagresseurs et de les tester en système bas intrants », indique David Bouvard.

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