Marché des grandes cultures bio : les signaux repassent au vert
Malgré l'érosion continue des surfaces en grandes cultures depuis 2022, la filière bio est optimiste en raison de la reprise de la consommation et des bonnes perspectives de production cette année.
Malgré l'érosion continue des surfaces en grandes cultures depuis 2022, la filière bio est optimiste en raison de la reprise de la consommation et des bonnes perspectives de production cette année.

Après une montée en puissance des surfaces bio de grandes cultures jusqu’en 2021, la sole française régresse depuis 2022, touchée de plein fouet par l’inflation liée à la guerre en Ukraine et les arbitrages des consommateurs. Selon les dernières chiffres de l’Agence bio parus le 12 juin, elle perd au total 92 541 hectares (ha) entre 2023 et 2024, soit 116 890 ha sur deux ans. Fin 2024, 651 554 ha de grandes cultures sont cultivés en France (6 % de la surface agricole utile globale pour ces productions), contre 744 095 ha l’année précédente, soit un recul de 12 %.
Toutes les régions sont affectées, notamment la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et le Grand Est. Le Gers, premier département bio de France, renonce à plus de 44 000 ha (-27 %), l’Yonne plus de 27 000 ha (-13 %), la Côte d’Or (-7 %), etc. Et les conversions en grandes cultures sont quasi à l’arrêt.
La baisse des prix bio a entraîné des déconversions
Les raisons se cumulent. La collecte record de 2023 (dépassant 1,2 million de tonnes toutes productions bio pour la première fois), alors que le marché de la consommation bio débraie, fait chuter les prix, avec des dégagements en conventionnel et à l’export. La grippe aviaire, et les autres problèmes sanitaires, mettent à plat l’élevage. D’où la décision de certains, dont une grande partie en polycultures-élevage, de stopper la production bio par souci de rentabilité. Les conditions météo désastreuses de 2024 accentuent cette tendance, malgré des prix en forte hausse, en raison de la chute de la collecte bio globale de -35 %.
L'avoine tire son épingle du jeu
Selon les chiffres de l’Agence bio, les surfaces bio 2024 reculent de 13 % en céréales : -30 % en blé tendre, - 5 % en triticale, -26 % en blé dur, -6 % en orge, etc. Seule l’avoine est en positif, avec +10 % de surface, liée aux implantations pour l’alimentation humaine en plein essor. En oléagineux, le repli est de 14 %, affectant le tournesol (-23 %) et le soja (-14 %). Les protéagineux restent plutôt stables, avec -2 %.
La récolte 2025 s'annonce sous les meilleurs auspices
Dans ce contexte, comment le marché bio va-t-il évoluer ? La récolte 2025 s'annonce sous les meilleurs auspices, avec un bémol lié au stress hydrique. Elle est très attendue pour redresser la barre grâce à des volumes français conséquents et – espérons-le – de qualité. La souveraineté alimentaire mise en avant par les filières bio est en jeu.
La prudence règne dans la filière
Or la prudence règne dans la filière. Les agriculteurs et les opérateurs, notamment les organismes stockeurs sont sous pression. Mais ils restent globalement confiants face à un assainissement et un rééquilibrage du marché, et une demande de la consommation bio en reprise : celle-ci se confirme en magasins spécialisés (de +7 à +8 % dans les principaux réseaux) et en vente directe, selon l’Agence bio. En GMS, selon Circana, la décroissance se réduit, avec un retour proche à l’équilibre.
Des stocks de report en baisse
Les derniers bilans prévisionnels de FranceAgriMer pour la fin de la campagne affichent des stocks de report en recul de 4 % en blé tendre, des utilisations en hausse de 2 % en meunerie et en repli de 11 % en alimentation animale, et un stock final en chute de 42 %. Au total, les stocks de report finaux régressent de 32 % en céréales bio et de -16 % en protéagineux. Les signaux sont au vert pour conforter et renforcer ce marché sensible.